Le Roman de la Rose
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Le Roman de la Rose (commencé entre 1225 et 1240, terminé entre 1275 et 1280).
LE ROMAN DE LA ROSE est constitué da deux poèmes qui se font suite, mais qui n'en sont pas moins
distincts, ayant été écrits à près d'un demi-siècle d'intervalle par deux auteurs différents.
Le poème de GUILLAUME DE LORRIS.
— Composé entre 1225 et 1240, il comprend un peu
plus de quatre mille vers octosyllabiques à rimes plates.
L'auteur, qui était un clerc, prétend
l'avoir écrit à l'âge de vingt-cinq ans pour plaire à sa dame.
L'oeuvre laisse l'impression d'être
inachevée.
Mais par un scrupule bien digne de l'esprit courtois, le poète n'envisageait peut-être
pas de donner un dénouement positif à l'aventure.
Le poète fait un songe.
Il se voit, au mois de mai, pénétrant dans un verger bien clos.
Tandis qu'il contemple une Rose, Amour lui perce le coeur de ses cinq flèches.
Il veut
cueillir la fleur.
Divers personnages (Bel-Accueil, Franchise, Pitié) lui viennent en aide.
D'autres (Danger, Honte, Peur, Male-Bouche) s'opposent à son entreprise.
Il réussit
cependant à donner un baiser à la Rose.
Mais Jalousie et Male-Bouche font élever une
muraille autour de la fleur, emprisonnent.
Bel-Accueil et réduisent l'Amant au désespoir.
UN CODE D'AMOUR COURTOIS
Le poème de Guillaume de Lorris est une expression particulièrement raffinée de la pensée courtoise.
C'est un art
d'aimer, qui étudie le cheminement de l'amour.
La femme s'y trouvant représentée par une fleur, est, de ce fait,
dépourvue de personnalité véritable.
Les sentiments qu'elle pourrait éprouver pour ou contre l'amant, sont donc
figurés par des êtres allégoriques extérieurs à, elle.
Rien de plus banal que le procédé de l'allégorie et la fiction du
songe.
Mais Guillaume de Lorris les utilise avec beaucoup de maîtrise.
Malgré son apparence artificielle, l'oeuvre
reste humaine et vivante, car elle est la transposition poétique de l'éternelle aventure des coeurs amoureux.
Guillaume de Lorris se plaît aux images gracieuses, aux visions de rêve dans un décor charmant L'amour
de la vie et de la beauté se manifeste chez lui par une sensualité très fine, où l'on reconnaît l'influence
d'Ovide et de l'esprit païen.
Le poème de JEAN DE MEUNG.— Jean Clopinel de Meung-sur-Loire, personnage riche et
considéré, composa, entre 1275 et 1280, cette suite du Roman de la Rose, dix-huit mille
octosyllabes à rimes plates.
Le récit est coupé de digressions interminables sur toute sorte de
sujets : l'origine de l'Etat, les inconvénients du mariage, l'oeuvre incessante de création et de
destruction accomplie par la nature, les erreurs des sens, la sorcellerie, etc.
Raison essaie vainement de décourager l'Amant de son entreprise.
Ami lui donne à son
tour des conseils, qu'il ne suit pas davantage.
Après diverses péripéties, Bel-Accueil est
délivré.
Les défenseurs de la Rose reprennent l'offensive.
Nature intervient alors en
faveur., de l'Amant, mais auparavant elle expose tout un système du monde.
Honte et
Peur ayant pris la fuite, l'Amant aidé par Bel-Accueil réussit enfin à cueillir la Rose.
LES AUDACES D'UN LIBRE ESPRIT
Jean de Meung possède toute la science de son temps, alchimie, astronomie, physique, histoire, philosophie et il la
déverse dans son oeuvre au hasard de son inspiration.
Il connaît les auteurs .anciens et leur fait volontiers des
emprunts.
Bref, son poème est une "somme".
C'est aussi et surtout une prise de position contre l'idéalisme courtois.
Loin de diviniser la femme, Jean de
Meung la considère comme un être perfide et dangereux.
Il se refuse à voir dans l'amour le principe de
'toute vertu.
Il n'y voit qu'une loi naturelle.
En somme, il s'acharne à ruiner l'idéal humain mis à la mode un
siècle plus tôt par Aliénor d'Aquitaine et les poètes courtois.
Penseur original et audacieux, il exerce sa critique avec une si âpre vigueur qu'il a pu être défini "le
Voltaire du moyen âge".
Formule excessive.
Bien qu'il rende hommage à la toute-puissance de la nature, il
ne songe pas encore à opposer nature et religion.
Mais il a contribué à répandre l'esprit de libre examen.
Il apparaît comme l'un des principaux artisans du rationalisme médiéval..
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