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L'art de Voltaire

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Si la pensée de Voltaire a suscité parfois de violentes polémiques, son génie d'écrivain a toujours été reconnu par un accord unanime. La sobre perfection du style se pare de tous les charmes de l'esprit. LE STYLE DE VOLTAIRE. Le style de Voltaire est éminemment intellectuel. Il se caractérise surtout par un naturel et une clarté qui n'excluent ni le pittoresque, ni même l'émotion. Le naturel. Le style de la prose voltairienne est inimitable; pourtant, il semble la chose du monde la plus simple, la plus naturelle. Voltaire ignore la complication et l'artifice; il s'exprime aussi nettement qu'il pense. De fait, s'il se surveille et se corrige à l'occasion, sa facilité est merveilleuse. La phrase coule avec l'aisance et la transparence d'une eau limpide; on ne se défie pas de sa légèreté insinuante : c'est une arme parfaitement adaptée au combat philosophique.

« Si la pensée de Voltaire a suscité parfois de violentes polémiques, son génie d'écrivain a toujours été reconnu par un accord unanime.

La sobre perfection du style se pare de tous les charmes de l'esprit. LE STYLE DE VOLTAIRE. Le style de Voltaire est éminemment intellectuel.

Il se caractérise surtout par un naturel et une clarté qui n'excluent ni le pittoresque, ni même l'émotion. Le naturel.

Le style de la prose voltairienne est inimitable; pourtant, il semble la chose du monde la plus simple, la plus naturelle.

Voltaire ignore la complication et l'artifice; il s'exprime aussi nettement qu'il pense.

De fait, s'il se surveille et se corrige à l'occasion, sa facilité est merveilleuse.

La phrase coule avec l'aisance et la transparence d'une eau limpide; on ne se défie pas de sa légèreté insinuante : c'est une arme parfaitement adaptée au combat philosophique. La clarté.

Voltaire sait donner des choses la vue qu'il en a, claire et précise: Il excelle à exposer des faits historiques, à nouer et dénouer l'intrigue d'un conte, à vulgariser des travaux scientifiques; à démontrer, à dégager des causes et des raisons; à réunir des arguments, à introduire une conclusion.

Pour atteindre à cette clarté, il renonce à la période oratoire; ses phrases sont courtes, nettement coupées, sans articulations lourdes et peu chargées en épithètes : « Tout le monde, dans la province de Candahar, connaît l'aventure du jeune Rustan.

Il était fils unique d'un mirza du pays; c'est comme qui dirait marquis parmi nous, ou baron chez les Allemands.

Le mirza, son père, avait un bien honnête.

On désirait marier le jeune Rustan à une demoiselle ou mirzane de sa sorte.

Les deux famines le désiraient passionnément.

Il devait faire la consolation de ses parents, rendre sa femme heureuse, et l'être avec elle.

» Le pittoresque.

Le style de Voltaire n'est d'ailleurs pas abstrait : l'imagination lui donne la couleur et la vie.

Voltaire se plaît à un pittoresque discret, mais évocateur : « La mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes.

» Il apprécie surtout la valeur explicative des comparaisons et des images : les métaphysiciens sont « des forçats qui jouent avec leurs chaînes ».

Voltaire use de cette couleur, non comme d'un ornement, mais comme d'un éclairage nécessaire à l'idée. L'émotion.

Enfin, il arrive parfois à Voltaire de s'abandonner à l'émotion.

Ainsi, dans Le Siècle de Louis XIV, il vante le grand roi avec éloquence; dans la correspondance, où le coeur se révèle, l'indignation, par exemple s'exprime en interrogations brèves, mais passionnées : « Si (Calas) avait eu une voix de plus en sa faveur, il était absous.

A quoi tient donc la vie des hommes ? A quoi tiennent les plus horribles supplices ? » Ces moments sont rares, à vrai dire; et le plus souvent, Voltaire garde un masque d'insensibilité. L'ESPRIT DE VOLTAIRE La grande séduction de Voltaire tient à son esprit, qui s'amuse de tout, du monde comme des hommes, des hommes comme de lui-même; et qui s'amuse, tantôt pour rire, tantôt pour ne pas pleurer.

Cet esprit revêt des formes diverses. Le comique mécanique.

Voltaire fait souvent rire par un certain automatisme qu'il applique à la réalité vivante.

Il cultive le comique de répétition; c'est celui du leitmotiv de Candide : « Je veux retrouver mademoiselle Cunégonde »; — le comique de schématisation : les personnages de ses contes sont des fantoches, des robots, hideux parfois, mais souvent risibles; — le comique de contraste, qui naît d'une liaison inattendue entre deux notions : l'inquisiteur de Candide a « brûlé deux cents personnes et recueilli plus de deux cents écus ».

Parfois Voltaire associe répétition, schématisation et contraste pour renforcer le même effet comique : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

» Le ridicule par l'absurde.

Voltaire excelle à dégager l'absurdité des théories ou des hommes qu'il attaque.

Il remplace le mot par une pittoresque définition de la chose qu'il représente : un autodafé devient « le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu »; ou bien il remonte à la cause lointaine d'un événement pour montrer la stupidité des effets qui en ont été tirés : Zadig a été « condamné à l'amende pour avoir vu passer une chienne ».

Il pousse le raisonnement jusqu'à ses conséquences extrêmes pour en dégager des applications burlesques : veut-il tourner en ridicule une certaine façon de comprendre le jeûne en temps de Carême ? « Le riche, qui aura eu sur sa table pour cinq cents francs de poisson sera sauvé; et le pauvre qui aura mangé pour quatre sous de petit salé sera damné.

» L'ironie et l'humour.

Enfin, Voltaire obtient des effets plaisants par un travestissement de sa pensée; la phrase offre un sens différent de son sens grammatical; l'esprit joue selon les procédés complémentaires de l'ironie et de l'humour.

L'ironie, chez Voltaire, est le procédé qui consiste à feindre d'entrer dans le jeu de l'adversaire.

Il y a opposition entre l'expression et la pensée; le lecteur doit découvrir la critique sous l'éloge, l'approbation sous le refus.

Ainsi Voltaire témoigne d'une feinte admiration pour « le très bel art de la guerre », ou d'une feinte indignation contre les ennemis de la foi, ses vrais alliés, dont il expose les « horribles » théories. L'humour, chez Voltaire, est le procédé qui consiste à feindre de considérer comme des bagatelles ce qui est sérieux ou, au contraire, de prendre au sérieux des bagatelles.

Il y a disconvenante entre l'expression et la pensée : le lecteur doit discerner la réflexion sérieuse sous le badinage, la réalité inconsistante sous la gravité affectée.

Ainsi, dans Candide, Voltaire décrit les pires atrocités sur un ton léger, comme s'il s'agissait d'un spectacle de foire; dans Jeannot et Colin, il expose avec gravité la burlesque conclusion d'un entretien concernant l'éducation de M.

de la Jeannotière : « Enfin, après avoir examiné le fort et le faible des sciences, il fut décidé que monsieur le marquis apprendrait à danser.

». »

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