La Renaissance de l'irréalisme

Il est probable que l'on considérera, dans l'avenir, comme l'un des plus grands changements de l'histoire de l'art, les événements qui affectèrent la peinture européenne du XIXe siècle, au temps où l'impressionnisme, encore florissant, se heurtait déjà à des tendances nouvelles. Si l'on ne porte pas sur eux de jugement décisif, la raison en vient en majeure partie du respect qu'inspire cette période appelée historique. Mais, en fait, sa grandeur est déjà telle que nous pouvons embrasser d'un coup d'oeil très clair, dans ses rapports avec l'impressionnisme et dans ses expressions de toute nature, cette peinture qui lui fit suite. Malgré des expressions aux manifestations multiples, ces peintures ont quelque chose de commun, qu'on peut diversement dénommer, empruntant par exemple le titre ci-dessus, " Renaissance de l'irréalisme ", ou bien " Puissance toujours croissante de la forme pure ", ou même encore " Nouvelle époque de fantaisie créatrice ". On met ainsi l'accent sur différents aspects du même phénomène fondamental qu'il serait sans doute malaisé de baptiser d'un nom unique. Quand l'impressionnisme fut effectivement à son déclin, ce qui se produisit seulement au cours de notre siècle, des contre-courants extrêmes comme l'expressionnisme et le cubisme marquèrent bien le contraire même de l'impressionnisme, mais l'on n'en pouvait pas moins prévoir que la nouvelle peinture garderait avec celui-ci des liens étroits. Aujourd'hui, nous voyons et nous admirons la logique évolutrice stricte qui relie à l'impressionnisme les débuts de la nouvelle peinture. Dans l'art des deux plus grands fondateurs de la peinture moderne, à savoir Paul Cézanne et Vincent Van Gogh, ces liens apparaissent d'une manière évidente.