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La puissance de l'espoir - Paul Eluard, le temps déborde

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La puissance de l'espoir - Paul Eluard, le temps déborde « Autant parler pour avouer mon sort : Je n'ai rien mien, on m'a dépossédé Et les chemins où je finirai mort Je les parcours n esclave courbé ; Seule ma peine est ma propriété : Larmes, sueurs et le plus dur effort. Je ne suis plus qu'un objet de pitié Sinon de honte aux yeux d'un monde fort. J'ai de manger et de boire l'envie Autant qu'un autre à en perdre la tête ; J'ai de dormir l'ardente nostalgie : Dans la chaleur, sans fin, comme une bête. Je dors trop peu, ne fais jamais la fête, Jamais ne baise une femme jolie ; Pourtant mon cœur, vide, point ne s'arrête, Malgré douleur mon cœur point ne dévie. J'aurais pu rire, ivre de mon caprice. L'aurore en moi pouvait creuser son nid Et rayonner, subtile et protectrice, Sur mes semblables qui auraient fleuri. N'ayez pitié, si vous avez choisi D'être bornés et d'être sans justice : Un jour viendra où je serai parmi Les constructeurs d'un vivant édifice, La foule immense où l'homme est un ami. »

« * La puissance de l’espoir * « Autant parler pour avouer mon sort : Je n’ai rien mien, on m’a dépossédé Et les chemins où je finirai mort Je les parcours n esclave courbé ; Seule ma peine est ma propriété : Larmes, sueurs et le plus dur effort. Je ne suis plus qu’un objet de pitié Sinon de honte aux yeux d’un monde fort. J’ai de manger et de boire l’envie Autant qu’un autre à en perdre la tête ; J’ai de dormir l’ardente nostalgie : Dans la chaleur, sans fin, comme une bête. Je dors trop peu, ne fais jamais la fête, Jamais ne baise une femme jolie ; Pourtant mon cœur, vide, point ne s’arrête, Malgré douleur mon cœur point ne dévie. J’aurais pu rire, ivre de mon caprice. L’aurore en moi pouvait creuser son nid Et rayonner, subtile et protectrice, Sur mes semblables qui auraient fleuri. N’ayez pitié, si vous avez choisi D’être bornés et d’être sans justice : Un jour viendra où je serai parmi Les constructeurs d’un vivant édifice, La foule immense où l’homme est un ami.

» On retrouve dans ce poème d'Éluard les grands thèmes surréalistes : vision d'un monde où tout se tient, amour de l'humanité, recherche du bonheur à la fois sur le plan individuel et collectif.

Éluard en particulier a toujours relié la recherche esthétique qui conduit à la libération de l'individu et la recherche sociale qui amène la libération de l'humanité.

Dans ce poème, on a d'une part une vision de misère et d'injustice, et d'autre part l'aspiration du poète à un monde heureux, à un idéal de vie qui repose sur l'amour dans son sens le plus large. Le poète nous décrit tout d'abord sa misère, qui est en fait celle de toute l'humanité.

Tout d'abord, il nous montre l'injustice et sa propre pauvreté avec le vers « Je n'ai rien mien, on m'a dépossédé ».

On peut noter la progression dans cette phrase : la première partie indique seulement la pauvreté en elle-même, et la sonorité dans « rien mien » accentue cette idée de dénuement le plus total ; dans la deuxième partie apparaît le « on », c'est-à-dire une volonté extérieure (à celle du poète), et surtout le mot « dépossédé » qui implique une idée de vol, d'appropriation illégitime. Éluard donne donc la vision d'un monde injuste et illégal. Cette pauvreté est d'une part matérielle.

La phrase « Seule ma peine est ma propriété : Larmes, sueurs et le plus dur effort » montre que le travail ne conduit pas à la richesse et qu'il devient aliénant dans la mesure où l'homme travaille sans recevoir en échange le fruit de son travail.

D'autre part, le pluriel de « sueurs » montre le caractère répétitif, continu de cette situation.

Mais cette pauvreté est également spirituelle : ainsi l'expression « esclave courbé » montre qu'Éluard n'est même pas libre de s'exprimer et d'agir comme il l'entend, qu'il n'est pas maître de sa propre personne.

Le mot « courbé » implique à la fois l'idée d'accablement moral et physique et montre donc la lassitude du poète.

D'autre part, Éluard suggère également son dénuement avec « Et les chemins où je finirai mort ».

Il donne ainsi la vision d'un homme qui erre au hasard, qui n'a aucun point fixe auquel se rattacher.

Cette solitude conduit tout naturellement à l'idée de mort qui est rendue concrète par le futur « je finirai mort ». Le thème de ce poème est donc assez banal : c'est le thème de l'homme opprimé à la recherche de joies simples et naturelles et pourtant inaccessibles : « J'ai de manger et de boire l'envie / Autant qu'un autre à en perdre la tête ; / J'ai de dormir l'ardente nostalgie.

» Il y a une double opposition : d'abord entre la force des sentiments exprimés et leur apparente banalité, ensuite entre la simplicité de ces désirs qui apparaissent absolument naturels et leur caractère inaccessible.

Cette double opposition montre bien la misère du poète qui ne peut même pas jouir des joies les plus simples de l'existence.

Éluard nous donne donc sa vision d'un monde fondé sur les besoins les plus naturels de l'homme. L'expression « comme une bête » montre bien que l'idéal d'Éluard n'est pas très élevé intellectuellement mais qu'il est naturel et immédiat, et indique également à quel point il se sent misérable, puisqu'il aspire à être une bête.

En même temps, cette comparaison supprime la frontière entre le règne humain et animal, et entre ainsi dans la perspective des surréalistes qui ont une vision d'un monde où tout est lié.

L'échec et la misère d'Éluard apparaissent donc complets : « Je ne suis plus qu'un objet de pitié, sinon de honte aux yeux d'un monde fort », cette phrase donne une impression de chute, de déchéance à cause de l'expression « plus que » et du vocabulaire : « un objet de pitié sinon de honte.

», Cette phrase donne également la vision d'un homme isolé et même rejeté et en opposition avec la société.

De même,. »

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