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LA POÉSIE DE LAMARTINE

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Dans la préface des Méditations, Lamartine a défini lui-même, non sans orgueil son mérite et son originalité : « Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ai donné à ce qu'on nommait la Muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du coeur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature. » La poésie n'est pas pour lui un métier, mais un besoin de sa sensibilité qui, au lendemain d'une crise morale ou dans un élan mystique, se libère par une effusion; la sincérité du poète rajeunit les lieux communs du lyrisme.

« A L'inspiration poétique Dans la préface des Méditations, Lamartine a défini lui-même, non sans orgueil son mérite et son originalité : « Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ai donné à ce qu'on nommait la Muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du coeur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature.

» La poésie n'est pas pour lui un métier, mais un besoin de sa sensibilité qui, au lendemain d'une crise morale ou dans un élan mystique, se libère par une effusion; la sincérité du poète rajeunit les lieux communs du lyrisme. L'AMOUR ET LA NATURE Lamartine donne toujours à l'analyse de l'amour un caractère profondément personnel : il révèle un désespoir récent (L'Isolement), rappelle un émoi de sa première jeunesse (Le Premier Regret, dans les Harmonies), évoque la douceur, de son épouse (Ischia) ou la grâce de sa nièce (Un Nom); Elvire, Graziella, Élisabeth Birch, Valentine de Cessiat, nuancent de leur charme particulier la peinture d'un sentiment éternel.

A ses joies ou à ses peines, il associe étroitement la nature : il y puise une consolation à sa tristesse (Le Vallon) ou constate au contraire qu'elle lui est devenue étrangère (L'Isolement); il y retrouve, par une association cruelle, une douleur oubliée (Le Premier Regret); ses paysages, souvent imprécis et comme immatériels, reflètent les états de son âme. LA MORT ET LA FOI Lamartine est obsédé par la pensée de la mort; il y aspire (L'Isolement) ou bien il la redoute (L'Automne); il songe aux êtres qu'il a perdus, à Elvire, à Julia (Gethsémani), à ses parents (La Vigne et la Maison); il appelle sur tous les morts la miséricorde de Dieu (Pensée des morts, dans les Harmonies).

Par-delà la mort, il rêve à la vie éternelle et prolonge en élévations religieuses la plupart de ses méditations; il exprime ses doutes (Le Désespoir), ses repentirs (La Providence à l'homme), et surtout ses élans de confiance ou d'adoration (Harmonies); dans sa poésie s'affirme souvent cette foi vibrante et robuste qu'a éveillée en lui, dès son plus jeune âge, une pieuse éducation. LE PASSÉ ET L'AVENIR Lamartine évoque avec prédilection les souvenirs anciens : aux heures de lassitude, il aime à se retrouver dans l'image lointaine des jours écoulés; il songe à la cloche de son village, à sa maison, à sa vigne, aux ombres aimées, noyées dans la brume et pourtant évoquées avec une poignante émotion.

Enfin, la sincérité de ses rêves politiques et sociaux passe dans sa poésie; l'ardeur de ses convictions confère aux vers des Recueillements une plénitude et une jeunesse nouvelles; l'âme de Lamartine, comme celle de Victor Hugo, communie dans un élan généreux avec celle de son siècle, dont elle traduit les aspirations et les espérances. B L'expression poétique Lamartine affectait un mépris de grand seigneur pour la technique et le travail du vers.

En fait, s'il lui arrive d'écrire « d'une seule haleine », la plupart de ses poèmes ont été longuement mûris et minutieusement corrigés.

Il a discerné et défini avec lucidité la mission du langage poétique, qui s'adresse, non seulement à l'intelligence, mais à l'être tout entier.

Sa poésie, tantôt fluide et tantôt vigoureuse, est caractérisée surtout par une recherche constante de l'harmonie. LA FLUIDITÉ Lamartine a voulu créer un langage qui puisse exprimer.

« les plus intimes et les plus insaisissables nuances du sentiment >>.

Au mot qui peint, il préfère le mot qui suggère.

Il donne ainsi à un grand nombre de ses vers une douceur ineffable, qui échappe souvent à l'analyse : Et la moitié du ciel pâlissait, et la brise Défaillait dans la voile, immobile et sans voix, Et les ombres couraient, et sous leur teinte grise Tout sur le ciel et l'eau s'effaçait à la fois. LA VIGUEUR Lamartine ne s'en est pas tenu à cette poésie de rêve, aux tonalités fondues.

Le voyage en Orient éveille en lui le sens de la couleur franche; les expériences politiques lui donnent le goût des réalités concrètes.

Après 183o, sa poésie gagne en vigueur et en précision. L'Ode à Némésis, Les Révolutions, La Marseillaise de la paix, ode écrite en réponse au Rhin allemand de Becker, contiennent des mouvements oratoires d'une grande puissance; et certains vers de La Vigne et la Maison valent par le réalisme du détail : Regarde au pied du toit qui croule : Voilà, près du figuier séché, Le cep vivace qui s'enroule A l'angle du mur ébréché. L'HARMONIE Lamartine prolonge la valeur expressive des mots grâce à un sens profond de la mélodie et du rythme.

Les syllabes associées retentissent à l'oreille comme les notes successives d'un chant.

Le rythme s'assouplit et se modèle au gré de l'inspiration; il est monotone et berceur, dans les Méditations, pour évoquer le deuil d'une sensibilité douloureuse; il devient plus plein, dans les Recueillements, pour exprimer les espoirs d'une âme ouverte désormais aux problèmes humains; il offre une diversité exceptionnelle dans les Harmonies, où alternent des mètres variés, parfois combinés en amples strophes, pour évoquer, comme dans Le Chêne, le miracle de la vie, ou, comme dans l'Hymne du matin, les voix multiples de la Création : le mouvement est alors si intense dans son aisance souveraine que l'unique voix du poète fait retentir toute la symphonie de l'univers.. »

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