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LA PENSEE DE TAINE

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HIPPOLYTE TAINE était originaire des Ardennes. Reçu premier à l'École normale supérieure, il était destiné à faire une belle carrière dans l'Université. Mais le régime n'aimait guère les esprits indépendants. Philosophe de vocation, il dut se tourner vers la critique littéraire, qui d'ailleurs ne tarda pas à lui donner la célébrité. Il attendit jusqu'en 1870 pour publier son grand ouvrage philosophique projeté dès 1851 : De l'intelligence. Cependant à la suite d'un voyage en Italie (1864), sa curiosité s'était élargie du domaine littéraire à celui de l'art. Pendant plusieurs années, l'une de ses grandes préoccupations fut d'expliquer la création artistique d'un point de vue déterministe. Les événements de 1870-1871 l'affectèrent douloureusement. Il en chercha les causes dans le passé de la France. Pour servir son pays et l'aider à prendre conscience de ses erreurs, il écrivit Les Origines de la France contemporaine. Après avoir été considéré comme le champion du libéralisme, il devenait sympathique aux bien-pensants. A vrai dire, il avait toujours été conservateur. Ses obsèques, célébrées selon le rite protestant, surprirent un peu. Mais ce matérialiste croyait aux forces spirituelles et peut-être voulut-il simplement rendre hommage au christianisme sous celle de ses formes que les intellectuels d'alors considéraient comme la plus évoluée.

« LA PENSEE DE TAINE HIPPOLYTE TAINE était originaire des Ardennes.

Reçu premier à l'École normale supérieure, il était destiné à faire une belle carrière dans l'Université.

Mais le régime n'aimait guère les esprits indépendants.

Philosophe de vocation, il dut se tourner vers la critique littéraire, qui d'ailleurs ne tarda pas à lui donner la célébrité.

Il attendit jusqu'en 1870 pour publier son grand ouvrage philosophique projeté dès 1851 : De l'intelligence. Cependant à la suite d'un voyage en Italie (1864), sa curiosité s'était élargie du domaine littéraire à celui de l'art.

Pendant plusieurs années, l'une de ses grandes préoccupations fut d'expliquer la création artistique d'un point de vue déterministe. Les événements de 1870-1871 l'affectèrent douloureusement.

Il en chercha les causes dans le passé de la France.

Pour servir son pays et l'aider à prendre conscience de ses erreurs, il écrivit Les Origines de la France contemporaine.

Après avoir été considéré comme le champion du libéralisme, il devenait sympathique aux bien-pensants.

A vrai dire, il avait toujours été conservateur.

Ses obsèques, célébrées selon le rite protestant, surprirent un peu.

Mais ce matérialiste croyait aux forces spirituelles et peut-être voulut-il simplement rendre hommage au christianisme sous celle de ses formes que les intellectuels d'alors considéraient comme la plus évoluée. PRINCIPALES ŒUVRES Essai sur les Fables de La Fontaine (1853).

Thèse de doctorat de Taine, plus tard remaniée sous ce titre : La Fontaine et ses Fables. Voyage aux seaux des Pyrénées (1855). Histoire de la littérature anglaise (1864-1869). Dans l'introduction, Taine dégage sa théorie de la race, du milieu et du moment.

L'ouvrage lui-même est à la fois une démonstration de cette théorie et une étude historique très documentée. Philosophie de l'art (1865).

Philosophie de l'art en Italie (1866).

De l'idéal de l'art (1867).

Philosophie de l'art dans les Pays-Bas (1868), en Grèce (1869).

Ces cinq ouvrages furent publiés collectivement en 1882 sous le titre général de Philosophie de l'art. De l'intelligence (1870). Ce traité étudie le fonctionnement de l'esprit et cherche à en dégager les lois.

Se fondant sur une documentation empruntée aux aliénistes français et aux psychologues anglais, Taine démontre que les phénomènes mentaux sont sous la dépendance étroite des phénomènes physiologiques. Les Origines de la France contemporaine : I.

L'Ancien Régime (1875).

— II.

La Révolution (1877-1884).

— III.

Le Régime moderne (1890-1894). Taine a peu d'indulgence pour les différents régimes sous lesquels la France a vécu : monarchie, république, empire.

En somme, la France lui paraît avoir manqué l'oeuvre institutionnelle que l'Angleterre a réussie.

Ce pessimisme recouvre un fond de conservatisme bourgeois.

Les Origines de la France contemporaine sont « le grand livre de la réaction française » (Albert Thibaudet).

Littérairement, l'ouvrage est remarquable par sa rigueur logique, son style éclatant, sa force oratoire. LA PENSÉE DE TAINE Bien qu'il incline vers un panthéisme inspiré de Spinoza, il n'essaie pas de proposer un système d'explication du monde.

C'est à l'homme qu'il s'intéresse, à son histoire, aux lois de son esprit.

Il a conçu très tôt les principes de sa doctrine.

Mais il ne les formule nettement qu'en 1864, dans l'introduction de son Histoire de la littérature anglaisa Il croit donc pouvoir appliquer aux sciences morales la méthode des sciences naturelles, méthode basée sur l'observation attentive des phénomènes.

Il est persuadé que le monde moral est régi par le déterminisme le plus strict.

« Tous les états de l'âme humaine sont des produits ayant leurs causes et leurs lois, et tout l'avenir de l'histoire consiste dans la recherche de ces causes et de ces lois.

» Il explique les diverses manifestations de l'activité humaine (littérature, arts, institutions) par la triple influence de la race, du milieu et du moment.

Les grands hommes représentent des combinaisons différentes de ces forces, chaque individualité possédant une « faculté maîtresse » autour de laquelle s'ordonnent les autres éléments du caractère.

Déjà Montesquieu, Mme de Staël, Sainte-Beuve avaient montré l'action du climat et du milieu sur la formation des oeuvres littéraires Mais Taine pousse la rigueur systématique et l'orgueil intellectuel jusqu'à croire possible une reconstitution logique et totale de la réalité humaine. L'INFLUENCE DE TAINE Admirateur du philosophe positiviste Auguste Comte, Taine lui doit beaucoup.

A son tour, il a propagé l'esprit positiviste.

Alors qu'Auguste Comte était un écrivain médiocre, et que le principal héritier de sa pensée, Littré, était un érudit, Taine a prêté au positivisme l'éclat de son style.

Par là s'explique son immense prestige, dont nous ne retiendrons que deux témoignages : celui de Paul Bourget dans Le Disciple et celui de Barrès dans Les Déracinés.

Si l'on a cru reconnaître Taine sous les traits d'Adrien Sixte, le philosophe du Disciple, c'est parce qu'on le jugeait capable, comme le héros de Paul Bourget, d'exercer sur de jeunes esprits une emprise totale.

Dans Les Déracinés, il est personnellement mis en scène, tel qu'il apparaissait à la jeunesse du temps. Il a aidé le réalisme à prendre conscience de lui-même.

Dès 1861, il affirme qu' « un roman n'est qu'un amas d'expériences ».

Plus tard il précise que le romancier doit collectionner « de petits faits, bien choisis, importants, significatifs, amplement circonstanciés et minutieusement notés ».

C'est le principe que les Goncourt et Zola appliquent de façon constante. La critique littéraire lui doit d'avoir accordé une importance de plus en plus grande à l'étude des rapports d'influence.

On a pu faire dans ce domaine quelques excès Mais la méthode historique a rendu la critique moins verbeuse, moins imprécise, et l'a beaucoup enrichie.. »

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