Devoir de Français

La Hontan, Dialogue avec un sauvage.

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La Hontan, Dialogue avec un sauvage. "Venons donc à ces lois ou choses raisonnables. Il y a cinquante ans que les gouverneurs du Canada prétendent que nous soyons sous les lois de leur grand capitaine. Nous nous contentons de nier notre dépendance de tout autre que du grand Esprit. Nous sommes nés libres et frères unis, aussi grands maîtres les uns que les autres, au lieu que vous êtes tous des esclaves d'un seul homme. Si nous ne répondons pas que nous prétendons que tous les Français dépendent de nous, c'est que nous voulons éviter les querelles. Car sur quels droits et sur quelle autorité fondent-ils cette prétention ? Est-ce que nous nous sommes vendus à ce grand capitaine ? Avons-nous été en France vous chercher ? C'est vous qui êtes venus ici nous trouver. Qui vous a donné tous les pays que vous habitez ? De quel droit les possédez-vous ? Ils appartiennent aux Algonkins depuis toujours. Ma foi, mon cher frère, je te plains dans l'âme. Crois-moi, fais-toi Huron. Car je vois la différence de ma condition à la tienne. Je suis maître de mon corps, je dispose de moi-même; je fais ce que je veux, je suis le premier et le dernier de ma nation, je ne crains personne et ne dépends uniquement que du grand Esprit, au lieu que ton corps et ta vie dépendent de ton grand capitaine; son vice-roi dispose de toi, tu ne fais pas ce que tu veux, tu crains voleurs, faux-témoins, assassins,etc. Tu dépends de mille gens que les emplois ont mis au-dessus de toi. Est-il vrai ou non ? Sont-ce des choses improbables ou invisibles ? Ha ! mon cher frère, tu vois bien que j'ai raison. Cependant, tu aimes mieux être esclave français avec ses belles lois, qui, croyant être bien sage, est assurément bien fou ! puisqu'il demeure dans l'esclavage et dans la dépendance, pendant que les animaux eux-mêmes, jouissant de cette adorable liberté, ne craignent, comme nous, que des ennemis étrangers.

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