LA COMÉDIE GAIE ET L'OPÉRETTE
Extrait du document
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Sous le Second Empire surtout, les plaisirs mondains et les divertissements frivoles se multiplient; le théâtre gai
connaît une grande prospérité.
ERNEST LABICHE (1815-1888).
Labiche a écrit des comédies bouffonnes, souvent ornées de couplets, et des comédies de
fine observation.
Dans ses comédies psychologiques, il jette parfois d'ingénieuses lumières sur
l'homme : il analyse l'égoïsme (Moi) ou pose le problème de la sincérité (Le Misanthrope et
l'Auvergnat); le héros du célèbre Voyage de M.
Perrichon (186o) est un bourgeois peint avec
beaucoup de justesse et de relief comique.
Dans ses comédies bouffonnes, il met au point une
certaine logique de l'invraisemblance et de l'absurdité; le hasard et la méprise, ses deux grands
ressorts dramatiques, viennent contrecarrer les calculs de la raison et provoquent une suite de
quiproquos, de péripéties abracadabrantes et burlesques : dans La Cagnotte, de braves
bourgeois de la Ferté-sous-Jouarre sont venus à Paris pour dépenser l'argent d'une cagnotte
et, d'aventure en aventure, se retrouvent au poste de police; dans Un Chapeau de paille
d'Italie, une noce poursuit sans répit un fiancé parti à la recherche d'un introuvable chapeau.
Les personnages de ces farces sont souvent des caricatures, des pantins que commande une
obsession stupide ou que domine une infirmité plaisante : l'un est sourd, l'autre bredouille; à la
bouffonnerie des situations s'ajoutent les naïvetés voulues d'un dialogue primesautier et
mouvementé.
MEILHAC ET HALÉVY.
Meilhac (1831-1897) et Halévy (1834-1908) ont collaboré à partir de 1861 et pendant plus de
vingt ans.
L'un a plus de fantaisie, l'autre plus de finesse; ils se complètent à merveille.
Ils ont
laissé des comédies sensibles et railleuses (FrouFrou, 1869) et surtout des livrets d'opérettes
(La Belle Hélène, 1865, La vie parisienne, 1866, Mam'zelle Nitouche, 1886).
Dans La Belle
Hélène, qu'immortalisa la musique d'Offenbach, le comique tient à la parodie bouffonne et à
l'anachronisme : Hélène est une petite « cascadeuse » du Second Empire; Ajax porte monocle;
les héros collectionnent les timbres-poste et résolvent une charade sur le mot « locomotive »
trois mille ans avant l'invention des chemins de fer.
ÉDOUARD PAILLERON (1834-1899).
Pailleron doit l'essentiel de sa réputation à une charmante comédie de moeurs, Le Monde où
l'on s'ennuie (1881).
Dans un grand salon littéraire de la Troisième République, qui est « la porte
des ministères et l'antichambre des Académies », tout un monde de politiciens, de poètes et de
pédants évolue et pérore devant une nuée bourdonnante de femmes savantes, tandis qu'une
vieille duchesse et sa pupille représentent, l'une, le bon sens, l'autre, la jeunesse du coeur.
Pailleron, fin lettré et écrivain de race, observe avec finesse, peint avec bonne humeur et
cache une réelle sensibilité sous son badinage malicieux..
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