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J'écris pour agir, a dit Voltaire. Pensez-vous que le rôle d'un écrivain soit de défendre des valeurs auxquelles il tient ?

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Définition des termes du sujet   Le sujet demande que l'on s'intéresse à la question du rôle de l'écrivain sous un angle particulier : celui qui soutiendrait que ce rôle consisterait pour l'écrivain à « défendre les valeurs auxquelles il tient ». Demander quel rôle joue l'écrivain, c'est envisager la fonction de l'écrivain, c'est-à-dire non pas tant la conception qu'il se fait de l'élaboration de son art que la conception qu'il a du rapport que doit entretenir son art avec la société ou avec les hommes en général. Le mot « écrivain » est du reste très large : on pourra donc s'intéresser à tous les « producteurs » de littérature, romanciers, poètes, auteurs de pièces de théâtre, etc. Comment comprendre, en second lieu, l'expression « défendre les valeurs auxquelles il tient » ? Le mot « valeur » est d'acception très large : on peut en effet y inclure les valeurs morales - c'est la compréhension la plus courante - et alors l'écrivain voudrait transmettre et défendre une certaine vision du monde, une certaine conception de la politique, par exemple ; on peut aussi envisager le mot « valeur » en un sens plus large, en le comprenant comme tout ce à quoi l'on donne un prix, et c'est ainsi que l'art lui-même pourrait être compris comme une valeur. Si l'on comprend la notion de valeur dans son sens le plus restreint, et aussi le plus habituel, la question posée par le sujet est : la fonction de l'écrivain consiste-t-elle à proposer et promouvoir une certaine vision du monde auprès des hommes, si bien que la littérature aurait un rôle d'information, voire d'éducation et d'édification de son public ? Répondre positivement à cette question amènerait à proposer une compréhension peut-être restrictive de la littérature - que faire, par exemple, des poètes prônant l'art pour l'art, s'attachant à prendre de la distance par rapport au monde réel et forgeant, loin de ce monde réel, un système esthétique valant pour lui-même ? Cette difficulté est levée si l'on envisage le mot « valeur » dans son sens le plus large, tout étant susceptible alors d'être considéré comme une valeur pourvu que l'écrivain s'attache à lui donner du prix et à exalter ce prix auprès de son public. La réflexion pourra donc prendre comme fil directeur cette double compréhension possible de la notion de valeur.     Eléments pour le développement   * Littérature et défense des valeurs : la question de l'engagement de la littérature   La première partie de la réflexion peut étudier les rapports entre l'écrivain, les valeurs et le public.

« Définition des termes du sujet Le sujet demande que l'on s'intéresse à la question du rôle de l'écrivain sous un angle particulier : celui qui soutiendrait que ce rôle consisterait pour l'écrivain à « défendre les valeurs auxquelles il tient ».

Demander quel rôle joue l'écrivain, c'est envisager la fonction de l'écrivain, c'est-à-dire non pas tant la conception qu'il se fait de l'élaboration de son art que la conception qu'il a du rapport que doit entretenir son art avec la société ou avec les hommes en général.

Le mot « écrivain » est du reste très large : on pourra donc s'intéresser à tous les « producteurs » de littérature, romanciers, poètes, auteurs de pièces de théâtre, etc. Comment comprendre, en second lieu, l'expression « défendre les valeurs auxquelles il tient » ? Le mot « valeur » est d'acception très large : on peut en effet y inclure les valeurs morales – c'est la compréhension la plus courante – et alors l'écrivain voudrait transmettre et défendre une certaine vision du monde, une certaine conception de la politique, par exemple ; on peut aussi envisager le mot « valeur » en un sens plus large, en le comprenant comme tout ce à quoi l'on donne un prix, et c'est ainsi que l'art lui-même pourrait être compris comme une valeur. Si l'on comprend la notion de valeur dans son sens le plus restreint, et aussi le plus habituel, la question posée par le sujet est : la fonction de l'écrivain consiste-t-elle à proposer et promouvoir une certaine vision du monde auprès des hommes, si bien que la littérature aurait un rôle d'information, voire d'éducation et d'édification de son public ? Répondre positivement à cette question amènerait à proposer une compréhension peut-être restrictive de la littérature – que faire, par exemple, des poètes prônant l'art pour l'art, s'attachant à prendre de la distance par rapport au monde réel et forgeant, loin de ce monde réel, un système esthétique valant pour lui-même ? Cette difficulté est levée si l'on envisage le mot « valeur » dans son sens le plus large, tout étant susceptible alors d'être considéré comme une valeur pourvu que l'écrivain s'attache à lui donner du prix et à exalter ce prix auprès de son public.

La réflexion pourra donc prendre comme fil directeur cette double compréhension possible de la notion de valeur. Eléments pour le développement * Littérature et défense des valeurs : la question de l'engagement de la littérature La première partie de la réflexion peut étudier les rapports entre l'écrivain, les valeurs et le public.

L'écrivain peut se poser en porte-parole, politique par exemple (les Châtiments ou le Dernier jour d'un condamné de Hugo, ou encore tout le théâtre, de portée très politique, de Brecht pourront servir d'exemples).

Il suppose alors qu'il a une fonction à exercer auprès des hommes, un rôle social ou idéologique.

Le romancier, le poète, le dramaturge peuvent se poser comme éducateurs du peuple, comme moyens de transmettre efficacement certaines valeurs : il peut donc sembler pertinent de répondre affirmativement à la question posée par le sujet. * La littérature comme art : peut-on toujours considérer que l'écrivain a un rôle et que ce rôle consiste à défendre les valeurs auxquelles il tient ? Cependant, si l'on limite la compréhension de la littérature à celle de son rôle social, on manque peut-être la nature artistique, esthétique de la littérature.

Certains écrivains, comme Théophile Gautier par exemple, semblent ainsi refuser toute idée d'une fonction sociale de la littérature pour promouvoir, au contraire, sa valeur esthétique, valant par et pour elle-même.

La tâche de l'écrivain se distingue alors par sa gratuité, elle vise le Beau, l'expression de soi, sans chercher à édifier les lecteurs.

Cette branche-là de la compréhension du rôle de l'écrivain – la notion même de « rôle » semblant alors d'ailleurs peu pertinente – invite donc à refuser la position proposée par le sujet. * L'écrivain défend nécessairement les valeurs auxquelles il tient en ce qu'il s'attache à donner du prix, par son art, aux éléments importants pour lui, quelle que soit leur nature. Cependant, on peut envisager le mot « valeur » en un sens très large, et considérer, par exemple, la recherche du Beau menée par partisans de l'art pour l'art comme une forme de valeur.

Autrement dit, il faut envisager dans la littérature sa capacité à donner du prix aux sujets, aux procédés auxquelles elle s'attache, et on peut alors considérer qu'il est pertinent de penser que l'écrivain a pour rôle – et même pour essence – de défendre les valeurs auxquelles il tient.

Loin de s'annuler mutuellement, les valeurs et la recherche esthétique se combinent entre elles, l'écrivain ayant pour rôle et pour essence d'opérer cette combinaison pour rendre visible pour tous sa vision du monde, qui peut féconder jusqu'à son travail formel, esthétique. Conclusion Si l'on comprend la notion de valeur d'une manière restrictive, c'est-à-dire comme correspondant aux valeurs morales que l'on peut transmettre, en tant qu'écrivain, pour éduquer ou édifier son public, il semble que l'on manque l'essence esthétique de la littérature, qui est une partie importante de sa définition.

Il faut donc préférer une compréhension large de la notion de valeur, et alors on peut poser que le rôle de l'écrivain est de défendre tout ce qui a du prix pour lui, que ce soit des valeurs morales ou des principes esthétiques.. »

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