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Homère

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Homère Toute l'Antiquité a vécu dans la familiarité des oeuvres homériques. Elle n'eût pas toléré de ne pas savoir exactement qui avait été Homère. Ce qu'elle ignorait, c'est-à-dire tout, ou peu s'en faut, elle l'a donc imaginé. Elle a d'ailleurs bien fait les choses : elle nous a légué sur Homère huit notices ou biographies. La plus connue fut écrite environ le second siècle ap. JC, et placée sous le nom d'Hérodote. Le faussaire a tissé sa trame romanesque en puisant peut-être à de vieilles légendes locales, mais surtout dans les récits homériques eux-mêmes, et notamment dans L'Odyssée. D'après lui, le poète serait né à Smyrne six cent vingt-deux ans exactement avant l'expédition de Xerxès (soit en 1102 av. JC). Après avoir exercé dans sa patrie d'origine la profession de maître d'école, il aurait longuement voyagé dans tout le monde grec à la suite du marchand Mentès jusqu'au moment où il serait tombé définitivement aveugle à Colophon. Cette infirmité, qui aurait décidé de sa vocation poétique, lui aurait valu le surnom d'Homère, qui signifierait aveugle, étymologie d'ailleurs fort suspecte. Sa destinée d'aède errant l'aurait conduit dans les cités de l'Eolide et finalement à Chios où il aurait composé L'Iliade et L'Odyssée. De ce récit romanesque, deux traits seulement sont sans doute à retenir. Le premier concerne l'île de Chios. Il existait à Chios, à l'époque historique, un clan, un genos des Homérides, lignée de chanteurs et de poètes où le nom d'Homère était vraisemblablement traditionnel. Ce clan devait remonter à une vieille famille de chantres et de récitants attachés à quelque temple et traditionnellement familière avec les lois du rythme poétique et les aventures des héros et des dieux. Le second trait concerne la cécité d'Homère. L'auteur de l'hymne homérique à Apollon Délien s'y met en scène lui-même : c'est un aveugle et il habite l'île rocheuse de Chios. Il est bien tentant d'autre part de voir un portrait dans l'aède de L'Odyssée, l'aveugle Démodocos.

« Homère Toute l'Antiquité a vécu dans la familiarité des oeuvres homériques.

Elle n'eût pas toléré de ne pas savoir exactement qui avait été Homère.

Ce qu'elle ignorait, c'est-à-dire tout, ou peu s'en faut, elle l'a donc imaginé.

Elle a d'ailleurs bien fait les choses : elle nous a légué sur Homère huit notices ou biographies. La plus connue fut écrite environ le second siècle ap.

JC, et placée sous le nom d'Hérodote.

Le faussaire a tissé sa trame romanesque en puisant peut-être à de vieilles légendes locales, mais surtout dans les récits homériques euxmêmes, et notamment dans L'Odyssée.

D'après lui, le poète serait né à Smyrne six cent vingt-deux ans exactement avant l'expédition de Xerxès (soit en 1102 av.

JC).

Après avoir exercé dans sa patrie d'origine la profession de maître d'école, il aurait longuement voyagé dans tout le monde grec à la suite du marchand Mentès jusqu'au moment où il serait tombé définitivement aveugle à Colophon.

Cette infirmité, qui aurait décidé de sa vocation poétique, lui aurait valu le surnom d'Homère, qui signifierait aveugle, étymologie d'ailleurs fort suspecte.

Sa destinée d'aède errant l'aurait conduit dans les cités de l'Eolide et finalement à Chios où il aurait composé L'Iliade et L'Odyssée. De ce récit romanesque, deux traits seulement sont sans doute à retenir.

Le premier concerne l'île de Chios.

Il existait à Chios, à l'époque historique, un clan, un genos des Homérides, lignée de chanteurs et de poètes où le nom d'Homère était vraisemblablement traditionnel.

Ce clan devait remonter à une vieille famille de chantres et de récitants attachés à quelque temple et traditionnellement familière avec les lois du rythme poétique et les aventures des héros et des dieux.

Le second trait concerne la cécité d'Homère.

L'auteur de l'hymne homérique à Apollon Délien s'y met en scène lui-même : c'est un aveugle et il habite l'île rocheuse de Chios.

Il est bien tentant d'autre part de voir un portrait dans l'aède de L'Odyssée, l'aveugle Démodocos. Quoi qu'il en soit, cet Homère légendaire a vécu pendant plus de deux millénaires dans l'imagination des hommes.

Et puis il s'est évanoui. Il a fait place à la poésie homérique collective.

Scaliger dès le XVIe siècle, après lui Perrault, l'abbé d'Aubignac, puis Vico avaient déjà mis en doute l'unité des compositions homériques.

Un rude coup fut porté au système de l'unité, en 1795, par les Prolégomènes de Wolf.

C'est à Wolf, en effet, qu'il faut faire remonter le système qui présente les épopées homériques comme des assemblages de morceaux primitivement distincts artistement combinés par des arrangeurs artificieux qui auraient tardivement composé les deux magnifiques mosaïques que seraient L'Iliade et L'Odyssée. Ce système a été porté à son point de perfection, si l'on peut dire, par les tenants de l'école analytique allemande. La matière de l'épopée aurait été fournie par un vaste répertoire anonyme de récits versifiés de caractère national et populaire où retentirait l'écho déformé et amplifié des luttes et des aventures qui avaient éveillé l'inspiration des premiers chanteurs.

Quelques poètes plus ambitieux auraient d'abord fondu ces chants primitifs en de petites épopées plus complexes.

Les derniers arrangeurs auraient puisé dans ce trésor les matériaux divers avec quoi ils auraient maçonné, en les harmonisant tant bien que mal, les architectures des épopées définitives. Les maîtres modernes de l'hellénisme français ont cherché à faire prévaloir une conception infiniment plus nuancée de la genèse de l'oeuvre homérique.

A l'origine de chaque poème ils placent un petit nombre de chants distincts. Mais ces chants, susceptibles d'être récités séparément, n'étaient que les épisodes successifs d'une même action ; ils formaient, dès l'origine, un groupe solidaire.

Des apports successifs, les uns dus au premier poète, d'autres à des continuateurs fidèles à la pensée initiale, seraient venus se greffer sur le tronc primitif.

Ainsi l'oeuvre finale serait née au cours des siècles d'un développement continu et en quelque sorte organique. Victor Bérard enfin, commentateur diligent de L'Odyssée, a enseigné, lui aussi, que l'épopée grecque était le fruit d'une longue série de tâtonnements et de créations.

Cette lente genèse aurait été l'oeuvre d'aèdes professionnels, peut-être groupés en collèges, comme les Homérides de Chios.

Ces aèdes auraient puisé une bonne part de leur inspiration dans les littératures de l'Orient : égyptienne, chaldéenne et phénicienne.

L'Odyssée notamment ne serait dans certaines de ses parties que la transposition romancée et poétisée d'un ancien périple phénicien.

Les monuments finaux, L'Odyssée et L'Iliade, résulteraient de la synthèse relativement tardive d'épopées anciennes plus courtes, synthèse effectuée par le clan des Homérides.

Homère ne serait qu'un nom, un pavillon, commode et glorieux, destiné à couvrir un bagage littéraire hétérogène emprunté ou dérobé aux répertoires les plus divers. Est-il possible de l'extraire de cette nébuleuse, de lui rendre vie et de le restituer à l'histoire ? L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse dans son île d'Ithaque sans doute Leucade comment il trouve son manoir pillé et envahi par les prétendants à la main de sa femme Pénélope, comment, déguisé en mendiant grâce aux artifices d'Athéné, il subit leurs injures, ourdit et réalise sa vengeance, avec l'aide de son fils Télémaque et du fidèle Eumée.. »

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