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Henry Fielding

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Henry Fielding qui "des deux mains allait se chauffer au feu de la vie", naquit le 22 avril 1707 à Sharpham Park, dans le Comté de Somerset. On n'en est pas absolument sûr. Certains de ses biographes prétendent qu'il vit le jour à Dublin où son père, le major Edmond Fielding, petit-fils du comte de Desmond, tenait alors garnison. Qu'importe. Ce qui compte davantage, c'est que, trois ans plus tard, son père fut mis en congé et se retira à la campagne où le jeune Henry prit le goût de la nature, la haine relative des grandes villes et commença d'observer un milieu qu'il dépeignit plus tard dans ses romans. Son père ne lui fournit pas l'exemple le plus strict des vertus familiales. Non point qu'on puisse lui reprocher de s'être remarié avec une papiste lorsque sa femme fut morte, mais il était homme à perdre 780 livres au pharaon en une journée, à confier l'éducation de son fils à un clergyman et à supporter, sinon à entretenir à son foyer un climat de querelles constantes. En 1719, peu de temps après la mort de sa mère, Fielding entra au collège d'Eton. Il y eut pour condisciples Pitt et Lyttleton. Ses études, tout imprégnées de classicisme, furent brillantes.

« Henry Fielding Henry Fielding qui "des deux mains allait se chauffer au feu de la vie", naquit le 22 avril 1707 à Sharpham Park, dans le C omté de Somerset.

O n n'en est pas absolument sûr.

C ertains de ses biographes prétendent qu'il vit le jour à Dublin où son père, le major Edmond Fielding, petit-fils du comte de Desmond, tenait alors garnison.

Qu'importe.

C e qui compte davantage, c'est que, trois ans plus tard, son père fut mis en congé et se retira à la campagne où le jeune Henry prit le goût de la nature, la haine relative des grandes villes et commença d'observer un milieu qu'il dépeignit plus tard dans ses romans.

Son père ne lui fournit pas l'exemple le plus strict des vertus familiales.

Non point qu'on puisse lui reprocher de s'être remarié avec une papiste lorsque sa femme fut morte, mais il était homme à perdre 780 livres au pharaon en une journée, à confier l'éducation de son fils à un clergyman et à supporter, sinon à entretenir à son foyer un climat de querelles constantes. En 1719, peu de temps après la mort de sa mère, Fielding entra au collège d'Eton.

Il y eut pour condisciples Pitt et Lyttleton.

Ses études, tout imprégnées de classicisme, furent brillantes. Sa vingtième année fut marquée par une catastrophe financière.

Son père confia sa fortune à un banquier véreux et, bien entendu, fut ruiné.

"Je n'ai plus qu'à me faire écrivain ou cocher de louage", déclara Fielding.

La première solution fut la meilleure sans d'ailleurs jamais lui apporter la tranquillité à laquelle il pouvait aspirer.

Il prit donc la plume.

Le genre dramatique était à cette époque le plus lucratif.

Il n'hésita pas et, en 1728, fut jouée sa première pièce : l'A mour sous plusieurs masques, dédiée à sa belle et brillante cousine, Lady Montague, fort influente dans le monde des lettres.

L'accueil du public fut encourageant.

Jusqu'en 1737, il se consacra au théâtre avec une fortune diverse, écrivit dix-huit pièces, dont les plus réussies furent Tom P ouce, la Femme de C hambre intrigante, et ses adaptations de l'A vare et du M édecin malgré lui de M olière.

Entre temps, il poursuivit ses études de lettres à l'Université de Leyde, ses études de droit à Londres, épousa en 1735 Charlotte C radock, une beauté de Salisbury, mena grand train sur une terre qu'il avait héritée, eut une fille, se ruina comme son père, fonda la C ompagnie des C omédiens du Grand Mongol et, dans ses pièces, poussa si loin la satire contre la corruption gouvernementale que Walpole fit promulguer le Licensing act de 1737 et fermer son théâtre. Pendant quelques années encore Fielding en fut plus ou moins réduit aux expédients de la littérature.

Il traduisit des oeuvres étrangères, fonda un journal, le C hampion, s'inscrivit au barreau. L'oeuvre théâtrale de Fielding, comme ses articles de journaux reflètent toutes les tendances de ces quarante premières années du XV IIIe siècle anglais : l'abandon progressif du classicisme désormais figé, les polémiques religieuses, les polémiques politiques, le besoin de rationalité, la revendication des droits de l'esprit déjà présentée par Swift et par Pope ; la critique des moeurs, la satire, la parodie, dont le plus bel exemple fut le fameux O péra de quatre sous, de Gay, l'aspiration à l'ordre, à l'équilibre social et moral, l'importance grandissante de la bourgeoisie, ce réalisme lucide illustré par le Moll Flanders de Defoe et les romans de Smolett, et enfin cette sentimentalité préromantique dont la P améla de Richardson fut la grande manifestation. Les matériaux étaient à pied d'oeuvre.

Fielding n'avait plus qu'à se laisser aller à son inspiration, à ses dons d'observation, à sa générosité naturelle qui lui avait fait dire : "La vertu n'est autre chose que le bonheur de faire du bien." Ses quatre grands romans portèrent chacun la marque de cette bonté foncière qui cherche plus à comprendre, à éclairer qu'à juger et à condamner. Il avait chez Fielding un sens de l'humour très développé et son premier roman, Joseph A ndrews, paru en 1742, fut une parodie de la célèbre Paméla.

A force de vertu, l'héroïne de Richardson en devenait suspecte.

A vec Joseph Andrews, il n'y a plus de doute sur les inconvénients d'une morale qui n'a plus rien de naturel.

La V ie de Jonathan Wild, publiée un an plus tard, est empreinte de la plus pure tradition picaresque dont elle est encore une sorte de parodie sèche et impitoyable.

Jonathan Wild a existé, ce fut un célèbre bandit qui acheva ses jours au bout d'une corde, non sans avoir passionné le public anglais de l'époque, très friand de détails sur la vie des gueux, des voleurs et des criminels de tout poil. Les bas-fonds de la société, les milieux pourris, Fielding allait les approcher de plus près encore, augmentant ainsi ses connaissances de l'homme mais ne perdant rien de cette chaleur bienveillante qui domine toute son oeuvre.

E n 1 7 4 4 , C harles-Edouard, le P rétendant soutenu par la France, débarqua en Ecosse pour rétablir le règne des Stuart.

Fidèle à son roi George II, Fielding fonda un journal, le V rai Patriote, dans lequel il milita pour son souverain tout en fustigeant la vanité et l'affectation de certains de ses concitoyens, les deux grands ressorts, selon lui, du ridicule humain.

Son loyalisme fut récompensé.

Il fut nommé juge pour Westminster et le M iddlesex.

La charge était évaluée à 1 000 livres par an, à condition de tirer profit de tout ce qui se présentait, de pressurer les plaideurs, de se laisser corrompre sans sourciller.

C ependant, c'est dans l'exercice de cette charge qu'il montra la grandeur de son caractère. Non seulement il ne voulut pas de cet "argent malpropre", mais, prenant son rôle à coeur, il lutta contre les voleurs, les receleurs, les tenanciers de tripots, réorganisa la police, s'attaqua au paupérisme, et proposa d'utiles réformes dont quelques-unes furent appliquées avec succès un siècle plus tard. Tel était l'homme dont Lady Montague écrivait : "Le nec plus ultra de sa gloire et de son bonheur était de se traîner dans les repaires les plus vils du vice et de la misère." "Il devait à la nature, ajoutait-elle, de trouver des transports dans les bras de sa cuisinière et de conserver sa gaieté lorsqu'il mourait de faim dans un grenier." Bien sûr, il s'était ruiné, il avait perdu sa femme et, alors qu'on l'avait cru fou de douleur, il avait épousé la servante de celle-ci.

Mais il avait commencé son chef-d'oeuvre, Tom Jones, tout en se débattant contre ses créanciers et en luttant contre la maladie. Le sujet de T om Jones, paru en 1749, n'a qu'une importance secondaire.

C 'est l'histoire assez peu originale d'un enfant trouvé, élevé par un riche hobereau, chassé de chez son bienfaiteur et qui, pour vivre, doit faire un peu tous les métiers, courir les routes et se mêler à toutes les classes sociales.

Mais l'oeuvre est grande ; d'abord sur le plan technique, où sa composition marque une véritable révolution et fixe d'une manière quasi définitive les traits du roman moderne, ensuite sur le plan intérieur.

L'ampleur de la fresque, le grouillement des personnages, l'acuité de l'observation, la philosophie sous-jacente au récit et surtout cette franchise, cette liberté totale de l'esprit en font une oeuvre unique dans la création littéraire de l'époque. Deux ans plus tard, en 1751, Fielding publia A melia, son dernier roman, celui qu'il préférait, peut-être parce qu'il était plus personnel et qu'il y avait donné libre cours à une sentimentalité qui nous émeut encore. Epuisé par le travail, atteint d'hydropisie, se traînant sur des béquilles, en butte aux difficultés matérielles que n'atténuait guère le succès de ses oeuvres, Fielding renonça à sa charge et finit par partir pour Lisbonne où il espérait recouvrer la santé sous un climat meilleur.

Il y mourut deux mois après, le 8 octobre 1754, laissant une veuve et quatre enfants.

Il n'avait que quarante-sept ans. On regrette qu'une main reconnaissante n'ait pas gravé sur sa tombe cette invocation à sa muse qui dépeint Fielding mieux que n'importe quel jugement porté sur son oeuvre et sur lui : A pprends-moi à connaître l'humanité mieux qu'elle ne se connaît elle-même. V iens à moi, toi qui inspiras A ristophane, Lucien, C ervantès, Rabelais, Molière, Shakespeare, Swift, Marivaux, remplis mes pages de gaieté et fais que l'homme devienne assez bon pour rire seulement des sottises d'autrui et assez modeste pour pleurer sur les siennes.. »

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