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Henry de Montherlant, Les Olympiques : AMIS-PAR-LA-FOULÉE

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AMIS-PAR-LA-FOULÉE NOUS avons couru côte à côte, deux beaux chevaux à un même char. J'avais ma foulée qui enfonce, ma foulée de chargeur de bataille. Les deux souffles partaient à la fois : une seule vapeur d'une seule machine. Quand nous avons accéléré, j'ai eu tant de plaisir que j'ai souri. La vitesse montait en nous comme de l'eau dans un conduit. Dans les virages inclinés, j'étais un peu appuyé sur lui. Ralentir avec la même décroissance a une douceur qui vous clôt les yeux. O mort exquise du mouvement ; quand le buste tire sur lui comme des rênes, Quand les bras s'abaissent et pendent comme dans la bonace des voiles retombées... Pour les Chinois, d'un accord d'instruments naissait entre les musiciens une sympathie. Comme nous disons : amis de collège, ils disaient d'un mot : amis-par-la-musique. Quel mot pour ceux qui ont couru ensemble dans l'accord de la foulée ? Henry de Montherlant, Les Olympiques, 1924.

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