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Henry de Montherlant

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Montherlant ! Un nom qui sonne, et qui roule avec un bruit de tonnerre dans le ciel littéraire français. Celui d'un écrivain qui a toujours dominé, " dressé " son oeuvre.       Henry de Montherlant est né à Paris. Enfant unique, il fit la majeure partie de ses études à l'École Sainte-Croix de Neuilly. Mobilisé durant la Grande Guerre, il demanda, bien qu'appartenant au Service auxiliaire, d'être affecté à un poste au front de combat ; il fut grièvement blessé en 1918 et réformé l'année suivante. Sa vie est uniquement celle de ses oeuvres. Il vécut à Paris de 1919 à 1925 ; il publia la Relève du matin en 1920. Pendant dix années (de 1925 à 1935), il voyagea en Espagne et en Afrique du Nord, y restant trois années consécutives sans revenir en France. En 1940, il fut le correspondant aux Armées d'un grand hebdomadaire et reçut une nouvelle blessure. Il s'est fixé, depuis 1941 à Paris. Il habite sur les quais de la Seine un vaste appartement, dont il a consacré une chambre à une collection de statues antiques.      

« Henry de Montherlant Montherlant ! Un nom qui sonne, et qui roule avec un bruit de tonnerre dans le ciel littéraire français.

Celui d'un écrivain qui a toujours dominé, " dressé " son oeuvre. Henry de Montherlant est né à Paris.

Enfant unique, il fit la majeure partie de ses études à l'École Sainte-Croix de Neuilly. Mobilisé durant la Grande Guerre, il demanda, bien qu'appartenant au Service auxiliaire, d'être affecté à un poste au front de combat ; il fut grièvement blessé en 1918 et réformé l'année suivante.

Sa vie est uniquement celle de ses oeuvres.

Il vécut à Paris de 1919 à 1925 ; il publia la Relève du matin en 1920.

Pendant dix années (de 1925 à 1935), il voyagea en Espagne et en Afrique du Nord, y restant trois années consécutives sans revenir en France.

En 1940, il fut le correspondant aux Armées d'un grand hebdomadaire et reçut une nouvelle blessure.

Il s'est fixé, depuis 1941 à Paris.

Il habite sur les quais de la Seine un vaste appartement, dont il a consacré une chambre à une collection de statues antiques. Son oeuvre est considérable et couvre un champ énorme ; elle s'est manifestée sous les formes les plus diverses : l'essai, le poème lyrique, le roman, la pièce de théâtre, des Carnets intimes.

Chacun de ses ouvrages porte sa marque, même lorsque, pour s'exprimer, l'écrivain a recours à des créatures de fiction.

Partout il affirme la richesse d'une personnalité " hors série ".

Il échappe à la commode et routinière classification des manuels. Henry de Montherlant a toujours été un homme en marche, menant son combat avec une crânerie (ou mordante ou narquoise), sans cesse inspirée par la haute conception qu'il s'est faite de l'homme qui écrit, par conséquent qui se livre. En son temps de haute maturité, il règne sur un domaine prestigieux à la dimension d'une grandeur qu'il n'a pas quêtée. Pas plus qu'il ne peut être commodément " classé ", pas davantage s'est-il laissé embrigader par telle ou telle formation littéraire, à plus forte raison par tel ou tel parti.

A lui seul, il est une École et une Discipline.

Il a accepté les honneurs sans les rechercher : des grands Prix Littéraires (nationaux ou de consécration internationale), un fauteuil à l'Académie française. Il demeure donc isolé, " à part ", volontiers sur le qui-vive pour conserver jalousement l'intégrité de son univers privé. Cette discrétion, ce retrait, ce repli de belle dignité ont favorisé quelques malentendus et laissé filtrer, de lui, une image déformante, élémentaire.

Si varié est son apport, qu'il a pu dire, à propos d'un de ses livres où l'on voulait trouver le " véritable Montherlant " : " Il n'y a pas un véritable Montherlant.

Il y a des Montherlants.

Tous sont véritables.

" Il n'est que d'examiner une production qui s'étend de 1950 (la Relève du matin) à 1962 (Un Voyageur solitaire est un Diable) pour se convaincre de la vérité d'un tel propos.

Il y a une gamme, il y a toute une variété de Montherlants dans Montherlant, parce qu'il a fait front, tour à tour, ou simultanément, à tout ce qui pouvait compromettre le but de son art.

Quel art ? : " L'éternel humain, délivré de toute convention.

" Pour aboutir, il lui fallait deux armes : une vocation de " totalité " ; un style à l'accent unique.

Son blason de Chevalier des Lettres pourrait fièrement s'orner d'une devise, tirée de ses Olympiques : " Tout pouvoir pour tout vivre ; tout vivre pour tout connaître ; tout connaître pour tout comprendre ; tout comprendre pour tout exprimer : quelle récompense le jour où, nous regardant, nous nous verrons comme un miroir de la création.

" Ses principales oeuvres ont été réunies dans deux volumes de la Pléiade.

Le premier (préfacé par Roger Secrétan), est consacré à Romans et oeuvres de fiction (texte ne varietur).

Il comporte, notamment, le Songe (1902) d'un pathétique noble.

Y apparaît son héros : Alban Bricoule, et qui reparaîtra dans son oeuvre romanesque : les Olympiques ; les Bestiaires (qui atteignit le grand public) ; la Petite Infante de Castille, étape de ce " voyageur traqué ", avant la construction du grand roman de la Rose de sable.

Les Célibataires (1934) est son premier grand roman " objectif " que suit la série de les jeunes FillesL148C, Pitié pour les Femmes, le Démon du Bien, les Lépreuses (de 1936 à 1939) Comme tout grand esprit créateur, il fut à la recherche de son moi, par des voies qui ne sont qu'à lui.

On peut énumérer, dans un dénombrement schématique, l'amour de soi, le culte du plaisir, la jouissance promue au rang de la beauté, la conversion à la religion de l'instant, l'abolition du néant par l'engagement physique qui sature l'âme.

Il ne semble pas que la fable du voyageur " traqué ", c'est-à-dire anxieux de son nomadisme a pu passagèrement le détourner de ce grand souffle de vie qui court à travers ses livres.

En fait, tout, dans cette oeuvre accomplie, ne cessera d'être interprété.

Il en a accepté les risques, puisque les oeuvres " bougent ", changent d'optique en quelques années, qu'elles vivent.

Peut-il en être autrement, puisque l'éclairage n'est pas toujours le même, qu'il varie sans fin jusqu'à ce qu'elles s'éteignent.

La grande voix de Montherlant domine ces bourrasques.

On en reconnaît le ton, le son, le timbre, avec ce qu'il peut y avoir quelquefois d'impérieux en lui. Montherlant est l'homme qui a dit non, et toujours non, et inlassablement non à tout ce qui est médiocre, sans s'inquiéter de la morale courante. Le deuxième volume de la Pléiade, préfacé par Jacques de Laprade, rassemble l'oeuvre dramatique qui a, un temps, risqué de masquer l'importance de l'oeuvre littéraire proprement dite.

Henry de Montherlant y a accentué sa volonté du refus.

Il l'a dit : " J'ai crié mes secrets.

" Une analyse serrée de ses livres montre la sorte d'obsession qu'ont toujours provoquée en lui les possibilités de l'expression dramatique.

En 1942, Jean-Louis VaudoyerL1938 délivra " le poète de théâtre " ; la Reine morteL148M1 fut le signe de cette délivrance.

Il est demeuré fidèle à cette forme directe de communication avec le public, en dépit de l'urgence de certains travaux purement littéraires.

Son théâtre n'a pas d'histoire, en ce sens qu'il ne procède pas d'une conception doctrinale savamment étudiée et patiemment suivie. C'est une oeuvre en perpétuel état d'inventaire : un théâtre vivant.

Sur le choix des sujets, et pour expliquer leur minceur, Montherlant a noté : " J'ai pris la poussière des autres et je m'en suis doré.

" Une pièce de théâtre ne l'a intéressé que si l'action extérieure " réduite à sa plus grande simplicité " n'y est " qu'un prétexte à l'exploration de l'Homme ".

Il a centré son oeuvre dramatique sur une idée maîtresse : " Les abstractions ne sont rien.

Il n'y a que les êtres.

" Et encore : " Tout vient des êtres.

" C'est le message même qui émanait, en 1922, du Songe.

Ses trois thèmes principaux sont : celui de la souffrance (la peinture des passions aboutit au sang et aux larmes) ; celui de l'exil (les reclus de la certitude, de l'espérance, du bonheur, du pouvoir, de l'amour) ; celui de la solitude (l'exil de chacun des héros, c'est le destin et c'est la conscience).

Recouvrant ces trois thèmes, il y a un prodigieux leitmotiv, orchestré par l'ensemble même de l'oeuvre : le thème de la grandeur.

Le vaste registre humain de ce théâtre, " dont l'austérité du style fait tout admettre ", est à l'image du moraliste qui sans aucune faiblesse a toujours combattu la médiocrité comme une tare et exalté la noblesse de la chevalerie et de l'honneur. Au théâtre comme en littérature, l'oeuvre d'Henry de Montherlant, déjà si éclatante, est une oeuvre " en devenir ". L'écrivain qui ne cessera pas d'étonner.. »

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