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FRANÇOIS RABELAIS

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On ne sait toujours pas si Rabelais est plus médiéval que renaissant, plus gnostique que chrétien. Il a ouvert tant de portes et roulé tant de tonneaux ! Son ami lecteur ne peut être qu'heureusement déplacé de ses certitudes. Succès et scandales L'auteur naît dans le Chinonais, d'un père avocat. Même s'il semble avoir de solides connaissances juridiques, il est destiné aux ordres : d'abord franciscain à Fontenay-le-Comte (1511), où il peut recevoir quelque influence humaniste, notamment platonicienne, il sera autorisé par le pape à passer chez les Bénédictins (1524), plus favorables à la nouvelle culture. Connaissant Budé, Rabelais avait entrepris l'étude du grec, mais s'était vu un moment confisquer ses livres grecs. Il étudie ensuite la médecine à Montpellier (1530), et sa carrière médicale et littéraire commence en 1532, à Lyon, quand il exerce comme médecin à l'Hôtel Dieu et publie les Lettres médicales de Manardi, les Aphorismes d'Hippocrate, le Testament de Cuspidius (apocryphe) et, probablement pour la foire de septembre, un livret populaire anonyme, Pantagruel : le médecin philologue se double d'un amuseur réfléchi. L'affaire des Placards (1534) retarde peut-être l'impression du Gargantua, où les préoccupations politiques et humanistes transparaissent davantage. Rabelais est alors au service de Guillaume, puis de Jean du Bellay ; il les suit dans leurs déplacements diplomatiques, notamment en Italie, et bénéficie de la faveur royale, malgré les interdictions qui frappent l'un après l'autre ses romans. En 1546, après la condamnation du Tiers Livre, il est conseiller à Metz, ville impériale, puis, lors d'un dernier voyage à Rome (1547- 49), il rédige la Sciomachie. En 1548, une première version des onze premiers chapitres du Quart Livre paraît, probablement d'après des brouillons laissés à l'éditeur. En même temps, l'attaque de Calvin contre les « libertins », dont Rabelais, s'exprime dans le Traité des scandales, redoublée par celle des catholiques stricts, que Rabelais fustigera avec les « maniacles imposteurs de Genève ». Son apostasie lui permet de faire reconnaître ses enfants, d'exercer la médecine et d'obtenir le bénéfice de cures, dont celle de Meudon, à laquelle il ne s'intéressera guère. Praticien et grammairien, il révise soigneusement son œuvre, d'après la « censure antique », et le Quart Livre paraît en entier en 1552, avec un nouveau Prologue. Les nombreuses éditions, les plagiats et influences diverses du vivant même de l'auteur, attestent du succès des romans. Mais le public et la postérité auront tendance à attribuer une débauche et un « athéisme » posthumes à un homme probablement religieux, de « franc et loyal courage », plus pantagruéliste que libertin.

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