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Francois HABERT (1508-1561) - Du coq et du renard

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Francois HABERT (1508-1561) - Du coq et du renard Le renard, par bois errant, Va quérant, Pour sa dent, tendre pasture, Et si loin en la fin va, Qu'il trouva Le coq par mésaventure, Le coq, de grand peur qu'il a, S'envola. Sur une ente haute et belle, Disant que maistre renard N'a pas l'art De monter dessus icelle. Le renard, qui l'entendit, Lui a dit, Pour mieux couvrir sa fallace "Dieu te garde, ami très-cher ! Te chercher Suis venu en cette place, Pour te raconter un cas Dont tu n'as Encore la connoissance ; C'est que tous les animaux, Laids et beaux, Ont fait entre eux alliance, "Toute guerre cessera ; Ne sera Plus entr'eux fraude maligne ; Sûrement pourra aller Et parler Avec moi la geline. De bestes un million Le lion Mene jà par la campagne ; La brebis avec le loup, A ce coup, Sans nul danger s'accompagne, Tu pourras voir ici bas Grands ébats Démener chacune beste : Descendre donc il te faut De Là-haut, Pour solemniser la feste." Or fut le coq bien subtil " J'ai, dit-il, Grande joi' d'une paix telle, Et je te remerci' bien Du grand bien D'une si bonne nouvelle." Cela dit, vient commencer A hausser son col et sa creste rouge, Et son regard il épard Mainte part, Sans que de son lieu se bouge. Puis dit : "J'entends par les bois Les abbois De trois chiens qui cherchent proie ; Ho ! compère, je les voi Près de toi ; Va avec eux par la voie. " - "Oh, non ; car ceux-ci n'ont pas Sçu le cas Tout ainsi comme il se passe, Dit le renard : je m'en vas Tout là bas, De peur que n'aye la chasse." Ainsi fut, par un plus fin, Mise à fin Du subtil renard la ruse. Qui ne vent estre déçu A son sçu, D'un tel engin faut qu'il use.

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