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François FABIÉ (1846-1928) (Recueil : Fleurs de genêts) - Berger d'abeilles

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François FABIÉ (1846-1928) (Recueil : Fleurs de genêts) - Berger d'abeilles Le doux titre et l'emploi charmant : Être, en juin, un berger d'abeilles, Lorsque les prés sont des corbeilles Et les champs des mers de froment ; Quand les faucheurs sur les enclumes Martèlent la faux au son clair, Et que les oisillons dans l'air Font bouffer leurs premières plumes ! Berger d'abeilles, je le fus, A huit ans, la-bas, chez mon père, Lorsque son vieux rucher prospère Chantait sous ses poiriers touffus. Quel bonheur de manquer l'école Que l'été transforme en prison, De se rouler dans le gazon, Ou de suivre l'essaim qui vole, En lui disant sur un ton doux Pour qu'il s'arrête aux branches basses : " Posez-vous, car vous êtes lasses ; Belles abeilles, posez-vous ! " Nous avons des ruches nouvelles Faites d'un bois qui vous plaira ; La sauge les parfumera : Posez-vous, abeilles, mes belles ! " Et les abeilles se posaient En une énorme grappe grise Que berçait mollement la brise Dans les rameaux qui bruissaient. " Père ! criais-je, père ! arrive ! Un essaim ! " Et l'on préparait La ruche neuve où sans regret La tribu demeurait captive. Puis, sur le soir, lorsque, à pas lents, Du fond des pâtures lointaines Les troupeaux revenaient bêlants Vers l'étable et vers les fontaines, Je retrouvais mon père au seuil Comptant ses bêtes caressantes, Et lui disais avec orgueil : " Toutes les miennes sont présentes ! " Le doux titre et l'emploi charmant : Être, en juin, un berger d'abeilles, Lorsque les prés sont des corbeilles Et les champs des mers de froment !

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