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Fiche Manon Lescaut

Publié le 18/03/2023

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« Analyse linéaire 1 : la rencontre INTRODUCTION L’extrait proposé à notre analyse est tiré de l’incontournable Manon Lescaut, roman de mœurs écrit en 1731 par Antoine François Prévost, dit l’abbé Prévost, un ecclésiaste et l’un des romanciers français les plus prolifiques du XVIIIème siècle.

Sa vie tumultueuse se retrouve dans le destin de Des Grieux, l’un des personnages principaux de cette œuvre qui a permis à l’abbé Prévost de passer à la postérité. Il s’agit du septième tome de son roman-mémoires Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde qui narre rétrospectivement l’histoire du chevalier Des Grieux, un jeune homme de bonne famille qui se destinait a une carrière religieuse, mais qui renonce à tout par amour pour la belle Manon.

Cette œuvre jugée libertine et contraire aux bonnes mœurs à cause de la relation passionnelle entre une femme de petite vertu et un jeune noble, religieux de surcroît, déclencha l’ire de la censure et fut condamné à l’autodafé. L’extrait qui nous concerne se situe au tout début de l‘œuvre et évoque justement l’objet de cet amour à travers la scène de rencontre amoureuse entre le chevalier Des Grieux et Manon Lescaut, rencontre placée sous le signe du coup de foudre qui est un topos de la littérature LECTURE EXPRESSIVE. Notre projet de lecture nous permettra de montrer comment s’organise cette rencontre amoureuse.

Pour ce faire, nous analyserons le texte en suivant les trois mouvements qui le composent.

Ainsi les cinq premières lignes montrent les circonstances de cette rencontre, les lignes 5 à 11 examinent la rencontre visuelle et ses effets sur Des Grieux, et les lignes suivantes nous évoquent la narration d’un dialogue entre les deux jeunes gens. 1.

Les circonstances de la rencontre Le récit de Des Grieux à Renoncour commence ici, avec la première rencontre entre Des Grieux et Manon.

Cette scène relève du topos de la rencontre amoureuse, qu’on trouve dans les romans d’amour. La scène est relatée par Des Grieux comme le montre le pronom de la première personne du singulier, «Je» qui permet au souvenir de prendre corps et de nous être présenté précisément.

Les circonstances de la première rencontre sont exposées de façon exacte et développée, sur un registre réaliste, aussi bien en ce qui concerne les références spatio-temporelles que personnelles.

En effet, dans son récit, Des Grieux recourt à certains éléments qui permettent de créer un effet de réel rendant son récit authentique.

C’est le cas de la mention du « coche d’Arras » (L 4) et de « l’hôtellerie d’Amiens » (L 4 ) Des Grieux débute avec le verbe “avait marqué” (L1) qui signifie avait retardé.

Le choix du verbe est assez significatif car le mot renvoie aussi à la notion de signe, de croix à reporter sur un document.

Or, ce jour marque le début de sa relation amoureuse tumultueuse avec Manon.

Ainsi l’auteur joue sur le double sens du mot, comme pour signifier l’importance de cet épisode. Avant même de débuter le récit, Des Grieux lance un « Hélas ! » à la ligne 1 qui n’augure rien de bon.

L’interjection prévient déjà le lecteur que le récit qui débute sera sous le signe du regret.

Il insiste sur ce sentiment grâce à l’exclamation « Que ne le marquais-je un jour plus tôt ! » (l1) associé à l’emploi du conditionnel passé « j’aurais porté » (l2) suscitant la curiosité du lecteur qui se demande alors ce qui peut bien provoquer ce regret.

Le mot “innocence”, à la ligne 2, qui achève la phrase indique la nature de ce regret : la perte de son innocence. Des Grieux retarde le moment d’évoquer la rencontre, comme pour créer un effet d’attente.

Il a recours à une phrase complexe qui permet d’introduire un autre personnage important, Tiberge, l’ami qui saura le sortir de nombreuses situations. Cette rencontre apparaît totalement fortuite.

Rien n’a été préparé, rien n’a été prémédité.

En employant la première personne du pluriel, il implique Tiberge : le pronom « Nous » (L 4 ) le dégage ainsi de toute responsabilité.

C’est la curiosité qui l’a guidé, et rien d’autre.

« Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité » Aux lignes 4 et 5, la brièveté des phrases permet de mettre en avant la phrase suivante qui évoque la rencontre visuelle. 2- La rencontre visuelle et le coup de foudre Des Grieux se remémore sa première rencontre amoureuse avec Manon. Il commence par évoquer l’apparition d’un groupe de femmes (« Il en sortit quelques femmes ») (L5) .

Cependant, la banalité de cette scène va devenir une situation exceptionnelle et presque fantastique car son attention sera captivée par une jeune fille qui se distingue aussitôt du reste des femmes , par sa jeunesse, « Mais, il en resta une, fort jeune » (L 5) .

La conjonction de coordination « Mais » marque ici un basculement qui permet de distinguer la jeune femme des autres.

On a comme un effet de zoom : on passe d’une vue d’ensemble (la cour où descendent les femmes) à un plan rapproché (Manon). Des Grieux insiste sur cet aspect unique avec la redondance « resta une » , « seule » (L6 ).

Tout semble avoir disparu autour de Des Grieux, seule Manon compte. L’hyperbole « si charmante » (L8) qui caractérise la jeune femme souligne la beauté de cette dernière mais suggère également l’idée d’un sortilège, d’un envoûtement, ce qui implique autant la violence du sentiment qui naît, que l’impossibilité du personnage à s’en défaire lui qui semble ne rien connaître des femmes.

En effet, Des Grieux n’a jamais « pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention » (L8) et l’apparition de Manon semble, brutalement, lui révéler l’existence d’un autre sexe, d’un autre continent.

Il va s’éveiller à un nouveau monde, qui est celui de l’amour. La locution verbale « me parut » (L8), l’adverbe « tout d’un coup » couplé au passé simple « je me trouvai » à la ligne 10 inscrivent cette rencontre dans le domaine de l’instantané, du coup de foudre. Des Grieux, narrateur de son récit, ne se reconnaît plus, il est complètement métamorphosé , il passe d’un garçon « excessivement timide » à un amoureux fou comme le montre la répétition du pronom personnel « moi » dans la phrase complexe : « moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes,.... »

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