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Éphraïm MIKHAËL (1866-1890) - À celle qui aima le cloître

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Éphraïm MIKHAËL (1866-1890) - À celle qui aima le cloître Tu parlais du jardin où les roses claustrales Pour les bouquets d'autel fleurissaient doucement, Des nonnes dans l'enclos lumineux et dormant Cueillant des fruits au son des cloches vespérales ; Et moi je te voyais en un calme couvent T'asseoir, rigide et blanche, aux stalles des chapelles Et lever vers le ciel tes mains froides et belles Et fermer ta fenêtre au printemps décevant. Je te vois puérile et chaste, et je devine A ton sourire tes extases d'autrefois. Les cantiques anciens résonnent dans ta voix, Tu gardes dans tes yeux un peu d'ombre divine. N'est-ce pas que là-bas, en de mystiques soirs, Comme moi tu songeas à des choses célestes ? Pour toujours maintenant, ô sombre soeur, tu restes Celle qui mit des lys aux arcs des reposoirs. Et peut-être souvent ta tête appesantie S'endort sur mon épaule en regrettant le ciel, Et mes lèvres d'amant n'ont pas assez de miel Pour vaincre la saveur de la première hostie. Tous les deux, nous avons trop longtemps contemplé Les nuages en fuite et les roses du cloître, Notre puissant amour pourra durer et croître, Notre coeur restera divinement troublé. Peut-être expions-nous l'ivresse merveilleuse D'avoir rêvé jadis à des pays meilleurs ? Nous sommes les amants tristes parmi les fleurs Et même le bonheur ne te fait pas joyeuse.

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