Écrivez le retour de Micromégas aujourd'hui sur notre planète ?

« Écrivez le retour de Micromégas aujourd'hui sur notre planète. Après avoir passé trois cents ans à se reposer, Micromégas décida de repartir en voyage.

Il demanda à son ami, le nain de Saturne de l'accompagner, mais ce dernier préféra se rester avec sa femme.

De fait, le Sirien partit seul et se dirigea vers la minuscule planète qu'il avait déjà visitée, celle peuplée de tous petits hommes qui se battaient sauvagement pour de toutes petites parcelles de boue.

Après quelques heures de route, il arriva donc sur la Terre.

En chaussant ses lunettes et à l'aide de sa loupe, il put lire sur un journal la date de son arrivée : vendredi 12 décembre 2008. ‒ Tiens, le temps passe vite.

Cela fait des siècles que je ne suis pas venu… Voyons un peu comment ce petit pays a évolué, se dit Micromégas. Et le géant se mit à observer les terriens grâce à ses lunettes, comme des hommes pourraient regarder vivre des poissons dans un aquarium.

Il se promena un petit peu, s'écarta de la ville et vit à son grand étonnement des petites coquilles de noix avancer à toute allure sur des longues pistes, en dégageant de la fumée noire.

En se penchant un peu plus prêt, il entendit même des noms d'oiseaux fuser : « Espèce de sagouine, tu ne pouvais pas mettre ton clignotant non ! Ah la la, les femmes au volant… » disait l'un.

« Avance un peu plus vite pépé, tu traînes avec ton tas de boue » disait l'autre.

Micromégas fut étonné de cette cacophonie entre insultes et « tuuuut, tuuut », sans compter les odeurs désagréables qui lui parvenaient dans sa grande narine. ‒ C'est étonnant.

Comment ces minuscules choses à roues peuvent sentir aussi mauvais ? À cause d'elles, je ne sens plus le foin coupé… se disait le géant. Afin de se documenter sur ces « choses-à-roues-bruyantes-et-nauséabondes » comme il les baptisa, il en saisit une au hasard, la souleva et l'amena au niveau de son visage.

Cet équipage était grand comme la moitié de son pouce et il le logea au creux de sa main.

De sa plus petite voix, afin de ne pas effrayer le nano-humain qu'il voyait à l'intérieur, il demanda : ‒ Mille excuses de vous déranger, je voulais simplement savoir qu'est-ce que c'est que cette minuscule « choses-àroues-bruyante-et-nauséabonde » dans laquelle vous vous trouvez ? ‒ Pardon ? Minuscule ? Pour qui te prends-tu ? Ma voiture n'est pas minuscule du tout ! C'est une 607, c'est une des plus grosses voitures qui existent et toi, tu ne pourras jamais t'en offrir de toute ta vie ! Tu n'es pas assez riche ! Ah ah ah se moqua l'humain.

Gui, Gui t'as entendu ce que je lui ai balancé à ce médiocre ? ! Ah ah ah, dit-il à son gros ami qui se trouvait sur le siège à côté. ‒ Je ne vois pas pourquoi vous m'agressez, répondit le géant.

Votre « voiture » n'est pas très grande mais par contre, qu'est-ce qu'elle sent mauvais ! ‒ Mais voyons ! Je suis passé au contrôle technique et tout va bien.

D'accord, c'est une diésel ça pollue peut-être un peu plus mais cela coûte moins cher à la pompe. ‒ À quoi sert cet engin, demanda Micromégas qui ne comprenait pas bien ces explications techniques. ‒ Oh Gui, tu as entendu ? Il ne sait même pas à quoi sert une voiture ! ricana le conducteur.

Et bien, ma 607 sert à me déplacer.

Grâce à elle, je vais en vacances, chez des amis… Par contre, je ne vais pas travailler avec parce que mon patron m'envoie un taxi.

Je suis sûr que ton patron à toi n'a pas les moyens de t'envoyer un taxi ! Ah, ah, ah. Un peu excédé par la prétention du minuscule terrien et de son gros ami, Micromégas reposa la voiture et partit sans dire au revoir.

Il avait appris ce qu'étaient toutes ces petites choses qui roulaient à travers la terre et que l'on dénommait « voitures ».

Il continua donc son chemin en faisant très attention à l'endroit où il marchait de peur d'écraser les habitions des humains. À vous de continuer en faisant découvrir à Micromégas d'autres aspects de notre vie quotidienne (n'oubliez pas de souligner les aspects choquants, voire révoltants de notre société moderne).. »