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Comte de Lautréamont

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Comte de Lautréamont Isidore-Lucien Ducasse, en littérature comte de Lautréamont, est né le 4 avril 1846 à Montevideo. Il était fils de François Ducasse, trente-six ans, chancelier délégué du Consulat de France et de Célestine Jacquette Davezac, vingt-quatre ans. Il est décédé à Paris le 24 novembre 1870, au 7 de la rue du Faubourg-Montmartre. Il a publié deux ouvrages : Les Chants de Maldoror et, comme "préface à un livre futur", Poésies. De son vivant, ils passèrent inaperçus. Ceux qui, les premiers, s'intéressèrent aux Chants de Maldoror : Léon Bloy, puis Rémy de Gourmont, attirèrent l'attention sur un génie poétique singulier, qu'ils ne purent se défendre de trouver monstrueux et aberrant. Pour la première fois en 1912, Valéry Larbaud d'une part, Léon-Paul Fargue de l'autre, cherchèrent à savoir qui était le mystérieux comte de Lautréamont. Il ne connut toutefois sa vraie gloire qu'après l'immédiate après-guerre de 1914-18. Considéré, depuis, comme l'un de nos poètes les plus inspirés et placé au rang de Baudelaire ou de Rimbaud, on convient qu'il a exercé sur toute la poésie moderne une influence décisive. On connaît mal sa vie. Il passa son enfance dans une ville assiégée pendant dix ans par le dictateur argentin Rosas. Son père lui reprochait son "caractère farouche" et ses "mouvements d'humeur", mais, flatté de ses succès scolaires, résolut de l'envoyer à Paris préparer le concours d'entrée à l'École Polytechnique. En 1860 (il a quatorze ans), Isidore débarque à Bordeaux et devient élève interne au lycée impérial de Tarbes. Il y connaît un condisciple, Georges Dazet, dont on retrouve le nom dans la première version des Chants et la dédicace de Poésies. En 1863, Isidore est au lycée de Pau. Un ancien camarade d'études, Paul Lespès, s'est, bien des années plus tard, souvenu de lui. "Je vois encore, a-t-il déclaré, ce grand jeune homme mince, le dos un peu voûté, le teint pâle, les cheveux longs tombant en travers sur le front, la voix aigrelette. Sa physionomie n'avait rien d'attirant. Il était d'ordinaire triste et silencieux et comme replié sur lui-même. Deux ou trois fois il m'a parlé avec une certaine animation des pays d'outre-mer où l'on menait une vie libre et heureuse..." C'est là, le seul signalement un peu précis qu'on possède d'Isidore Ducasse ; un seul portrait (supposé) de lui nous est parvenu.

« Comte de Lautréamont Isidore-Lucien Ducasse, en littérature comte de Lautréamont, est né le 4 avril 1846 à Montevideo.

Il était fils de François Ducasse, trente-six ans, chancelier délégué du Consulat de France et de Célestine Jacquette Davezac, vingt-quatre ans.

Il est décédé à Paris le 24 novembre 1870, au 7 de la rue du Faubourg-Montmartre.

Il a publié deux ouvrages : Les Chants de Maldoror et, comme "préface à un livre futur", Poésies.

De son vivant, ils passèrent inaperçus.

Ceux qui, les premiers, s'intéressèrent aux Chants de Maldoror : Léon Bloy, puis Rémy de Gourmont, attirèrent l'attention sur un génie poétique singulier, qu'ils ne purent se défendre de trouver monstrueux et aberrant. Pour la première fois en 1912, Valéry Larbaud d'une part, Léon-Paul Fargue de l'autre, cherchèrent à savoir qui était le mystérieux comte de Lautréamont.

Il ne connut toutefois sa vraie gloire qu'après l'immédiate après-guerre de 1914-18.

Considéré, depuis, comme l'un de nos poètes les plus inspirés et placé au rang de Baudelaire ou de Rimbaud, on convient qu'il a exercé sur toute la poésie moderne une influence décisive. On connaît mal sa vie.

Il passa son enfance dans une ville assiégée pendant dix ans par le dictateur argentin Rosas. Son père lui reprochait son "caractère farouche" et ses "mouvements d'humeur", mais, flatté de ses succès scolaires, résolut de l'envoyer à Paris préparer le concours d'entrée à l'École Polytechnique.

En 1860 (il a quatorze ans), Isidore débarque à Bordeaux et devient élève interne au lycée impérial de Tarbes.

Il y connaît un condisciple, Georges Dazet, dont on retrouve le nom dans la première version des Chants et la dédicace de Poésies.

En 1863, Isidore est au lycée de Pau.

Un ancien camarade d'études, Paul Lespès, s'est, bien des années plus tard, souvenu de lui.

"Je vois encore, a-t-il déclaré, ce grand jeune homme mince, le dos un peu voûté, le teint pâle, les cheveux longs tombant en travers sur le front, la voix aigrelette.

Sa physionomie n'avait rien d'attirant.

Il était d'ordinaire triste et silencieux et comme replié sur lui-même.

Deux ou trois fois il m'a parlé avec une certaine animation des pays d'outre-mer où l'on menait une vie libre et heureuse..." C'est là, le seul signalement un peu précis qu'on possède d'Isidore Ducasse ; un seul portrait (supposé) de lui nous est parvenu. D'après ce témoin aux souvenirs lointains, Ducasse s'intéressait parfois "vivement" aux leçons de son professeur de rhétorique, Georges Hinstin (à qui sont également dédiés les Poésies).

Il "goûtait fort" Corneille et Racine, L'OEdipe roi de Sophocle ; il "admirait" Edgar Poe et avait lu "pour lui seul" l'Albertus de Théophile Gautier ; il avait une "aversion particulière" pour les vers latins.

"Esprit fantasque et rêveur", dit de lui Paul Lespès, "mais au fond bon garçon".

Il versifiait : "Il m'a montré un jour quelques vers à sa façon.

Le rythme, autant que j'en ai pu juger de mon inexpérience, me parut un peu bizarre et la pensée obscure." Paul Lespès déclare aussi que ce "brave garçon" était au fond "un peu, comment dirai-je ? timbré".

C'est-à-dire que, tranchant sur son milieu et ne paraissant pas s'y être adapté, le jeune exilé rêve à un autre destin que celui de ses condisciples. On perd sa trace pendant trois ans, jusqu'en août 1868 où paraît à Paris une plaquette sans nom d'auteur intitulée : Les Chants de Maldoror, Chant premier.

Elle ne suscite aucun commentaire.

A la fin de l'année, Ducasse l'envoie, après en avoir modifié légèrement le texte, à un certain Evariste Carrance à Bordeaux pour un concours poétique.

Il lit et il travaille : il plaque, la nuit, de longs accords sur son piano en déclamant ses phrases, rapportent ses colocataires de l'hôtel, 23, rue Notre-Dame-des-Victoires, où il vit seul.

On ne lui connaît aucun ami, aucune relation. "La fin du XIXe siècle verra son poète", a-t-il écrit à la fin du Chant qu'il a publié ; "il est né sur les rives américaines, à l'embouchure de la Plata".

Sera-t-il ce poète dont il annonce la venue avec solennité ? En 1869, il publie chez le libraire Albert Lacroix Les Chants de Maldoror par le comte de Lautréamont (Chants I, II, III, IV, VI).

Il a sans doute pris son pseudonyme au héros d'un roman d'Eugène Sue, Lautréaumont, après l'avoir légèrement modifié. Cependant, Albert Lacroix, craignant des poursuites "à cause de certaines violences de style qui en rendaient la publication périlleuse", suspend la vente des Chants et demande à l'auteur d'amender son texte.

Celui-ci s'y refuse d'abord, puis s'y résout.

Il meurt avant d'avoir complètement rempli sa promesse.

Après la faillite de Lacroix, un libraire belge, chargé de ses intérêts, fait brocher les exemplaires de l'édition de 1869 sous une nouvelle couverture. L'échec de la publication des Chants, en 1869, a suffisamment affecté Lautréamont pour que les yeux maintenant "ouverts" il déclare vouloir "renier son passé" : "Je ne chante plus que l'espoir" écrit-il le 21 février 1870 à son imprimeur-éditeur de Belgique ; "mais pour cela il faut d'abord attaquer le doute de ce siècle (mélancolie, tristesses, douleurs, désespoirs, hennissements lugubres, méchancetés artificielles, orgueils puérils, malédictions cocasses, etc.)..." Il a fait plus que penser à ce changement d'orientation puisqu'il annonce : "Dans un ouvrage que je porterai à Lacroix aux premiers jours de mars, je prends à part les plus belles poésies de Lamartine, de Victor Hugo, d'Alfred de Musset, de Byron et de Baudelaire, et je les corrige dans le sens de l'espoir ; j'indique comment il aurait fallu faire..." Se moque-t-il ? Il revient en tout cas à ce propos dans une lettre adressée à Darasse le 10 mars 1870 : "La poésie du doute (à laquelle il reconnaît avoir sacrifié) est radicalement fausse ; pour cette raison (et il souligne) qu'on y discute les principes et qu'il ne faut pas les discuter...

Voilà pourquoi j'ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l'espoir, l'espérance, le calme, le bonheur, le devoir." En mai 1870, sous forme de "préface à un livre futur", paraissent deux plaquettes intitulées Poésies, signées Isidore Ducasse.

L'auteur a tenu parole et il est significatif qu'il abandonne, en même temps que l'inspiration des Chants, le pseudonyme de Lautréamont.

La publication passe en tout cas complètement inaperçue et le texte s'en perd.

Rémy. »

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