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COMMENTAIRE SUR MODERATO CANTABILE

Publié le 02/11/2022

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« >COMMENTAIRE SUR MODERATO CANTABILE: Marguerite Duras est née en 1914, c'est un auteur du XX° siècle qui a une multiplicité de cordes à son arc, elle s'intéressa au cinéma en parallèle à la littérature et aux idées politiques notamment au travers du PCF qu'elle quittera après 6ans d'adhésion. Elle écrivit Moderato Cantabile qui parut en 1958 aux éditions de minuits, cette œuvre s'inscrit dans le nouveau roman dans la mesure où le personnage principale à l'origine appelé « héros » n'a rien d'héroïque, c'est une femme à la vie qui paraît la plus ordinaire qu'il soit.

Marguerite Duras propose dans cette œuvre au lecteur non pas une histoire toute faite, diégétique et limpide où aucun effort n'est à faire mais une observation minutieuse d'une femme et de son environnement à la quête d'une possible recherche personnelle, psychique .Elle a d'ailleurs été accueillie par ses lecteurs et critiques de manière très contrastée. Certains comme Robert Poulet en 1958, expliqueront que Duras « a raison de croire que le même fait peut prendre diverses couleurs et produire des émotions différentes, selon la manière dont il est mené » mais pour lui ce n'est pas le cas ici, il n'y trouve alors aucune narration et que des suppositions floues.

Ce parti prix a cependant beaucoup de sens et permet au lecteur attentif une certaine vision de l'Homme et du monde.

Moderato Cantabile retrace un moment de la vie d'une femme plutôt aisée paraissant ordinaire et menant son fils à une leçon de piano qui finalement aura des effets bouleversants à partir d'un cri entendu, ce cri, rompant la musique, vient d'une scène entre un homme et une femme morte. On peut alors se demander qu'elle vision de la femme est donnée ici et quelle est celle du monde auquel elle appartient.

Pour répondre à cette question, nous analyseront dans un premier temps la vision de la femme mère, épouse et le tournant dans sa vie que l'on perçoit, puis celle du monde bourgeois, de bonne société auquel elle appartient.

Pour mieux cerner l'originalité de la démarche nous la comparerons avec celle de Camus dans L'Étranger parut à la même époque dans style littéraire semblable, comparaison qui sera faite sur la vision de l'Homme et du Monde. Tout d'abord, le personnage central est Anne Desbaresdes, c'est cette femme que le lecteur va suivre dans ses actes et essayer de comprendre tant elle peut avoir différentes facettes selon l' interprétation du lecteur.

Dans le premier chapitre, l'incipit est in médias res et se passe durant la leçon de piano , le lecteur ne perçoit pas au premier abord qui est le personnage le plus important et surtout que « cette femme assise à trois mètres de là », (périphrase qui exprime une certaine distance paradoxale), puis « Anne Desbaresdes » n'est autre que la mère du petit pianiste.

Aucun indice ne permet de déceler leur lien de parenté.

L'enfant cependant montre tout au long du roman plus de transparence dans ces liens en recherchant la présence de sa mère mais avec l' insouciance de l'enfance, dans ce chapitre: il « tourne la tête vers cette voix[...] 1 le temps de s'assurer de son existence » .

Cette scène met dès le départ en place la relation troublante entre une mère et son fils.

Cette femme aimant pourtant son enfant comme on peut le voir par tout les noms qu'elle emploie pour le désigner comme « mon trésor », « mon amour » ne parvient cependant pas à admettre qu'elle l'a bien enfanté et qu'il est son fruit, est-ce par trop d'amour ? Un amour trop violent ? C'est ce que laisse présumer le chapitre V par exemple de manière très forte où la mère voit son enfant comme un « barbare » lorsque la musique, réussie, vient à ses oreilles, car elle pénètre son inconscient et l'oblige à admettre qu'il est bel et bien réel, comme un cri de son enfant, « un cri de la vie », car la musique est « portée de son enfant à elle » et s'abattat « de nouveau sur sa mère » qui l'aime d'une façon peu conventionnelle c'est une « damnation de son amour ».

Anne Desbaresdes est donc « condamnée » à cette réalité qui n'est pas celle qu'elle imagine, et cela transparaît dans ses paroles, quand elle s'adresse au petit garçon « quelquefois je crois que je t'ai inventé, que ce n'est pas vrai, tu vois » (chapitre II), chose qui pourrait paraître cruelle de la part d'une mère, et également lorsqu'elle se confie à Chauvin qu'elle rencontre dans un café: «un jour[...] j'ai eu cet enfant là » (chapitre V), avec un passé composé qui implique une action finie et donc terminée, incompatible avec la mise au monde d'un enfant.

Anne Desbaresdes a donc une relation affective et de rejet, entre amour et haine avec son enfant, comme une « passion amoureuse » pourrait être vécue.

Dans ce début du roman, le son, la musique, les sensations sonores sont très présentes et dévoilent des émotions.

Au travers de la scène de crime qui va fasciner cette femme, on peut aussi se rendre compte de l'impact du cri de la femme morte, tuée, assassinée par son amant sur la femme bourgeoise, elle va lors d'une conversation avec Chauvin dévoiler qu'elle n'a crié qu'une seule fois de la même façon, lorsqu'elle a eu son enfant, à l'accouchement (chapitre III): « j'ai crié, si vous saviez ».

Ce rapprochement est troublant, et renforce ce sentiment de relation double entre la mère et son fils, entre l'amour qu'elle lui porte et sa façon de percevoir sa venue au monde, comme si c'était un amour meurtrier. Anne desbaresdes est aussi en dehors d'être une mère, une femme, qui se cherche, qui cherche à aimer, à connaître son identité, comment assouvir ses envies, et qui en oublie son mari.

Elle entend et voit donc une femme assassinée par son amant, et cette image la fascine.

Cet évènement va ébranler sa vie, et aboutit à des questions posées à Chauvin, témoin tout comme elle de cette scène, des questions répétitives, insistantes qui illustrent son trouble sentimental, et sa remise en question.

Tout d'abord, le fait que l'amour puisse pousser au crime, et que peut-être ce serait une façon d'aimer, un désir : « Dites-moi, je vous en prie, comment elle en est venue à découvrir que c'était justement ça qu'elle désirait de lui? » (chapitre III).

Ce désir est alors une quête et la question alors est comment savoir ce que l'on désir, ce qu'elle désirait et donc on peut supposer qu' Anne cherche à savoir ce qu'elle cherche avec Chauvin en parallèle.

Puis, au travers des discussions entre les deux personnages ont peut comprendre que A Desbaresdes s'éloigne peu à peu se son mari, jamais nommé ni mentionné hormis à la fin du roman dans un diner de société vue de manière très négative. L'absence du mari dans le roman, en contraste avec l'omniprésence de l'enfant montre bien que si Anne cherche l'amour, se n'est pas dans un cadre conjugal qu'elle le trouvera.

Elle exprime une possibilité de « problèmes de cœur » (chapitre II), qui auraient pu être la cause du meurtre, arrivants « au bout d'un temps » (chapitre II).

Cette remarque arrive après l'exposition de la vie supposée de la femme morte, mariée et avec des enfants devenant « ivrogne », comme si après plusieurs années de quotidien dans les normes, l'alcool ou la volonté de mourir pouvait être le seul échappatoire.

Ce qui, déjà, annonce l'addiction naissante d'Anne Desbaresdes à l'ivresse et à Chauvin comme pour s'éloigner 2 d'une réalité étouffante.Elle transgresse, d'ailleurs les règles de sa société d'une part en n'acceptant pas de donner l'éducation dans les normes à son enfant, et se déçoit lorsqu'il obéit aux ordres de son professeur de piano, Mlle Giraud, (chapitre I) « quand il obéit de cette façon, ça me dégoute un peu, [...]voyezvous.

» La société à laquelle appartient Anne Desbaredes apparaît de manière éparse dans l'ensemble du roman, mais elle est très présente dans le chapitre VII qui relate un diner auquel Anne arrivera en retard à cause de son habitude nouvelle maintenant de boire avec Chauvin dans le café.

Le diner est une scène marquante du livre, qui est assez troublante, on se sait si le point de vue est.... »

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