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Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de littérature française, 2005.

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Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de littérature française, 2005. POESIE : [...] La poésie n'existe pas à l'état naturel. Loin d'être un fait qui préexisterait à l'homme et que celui-ci découvrirait, elle est sa création et son triomphe. Quand Balzac1 parle de poésie du commerce, ce n'est pas qu'elle s'y trouve, c'est qu'il l'y met. Sa sensibilité lui fait transfigurer certains éléments du commerce que les autres ne regardaient même pas. La poésie est la forme supérieure de l'imagination. C'est pour cela qu'on la croit apparentée à la divination. Or, elle n'a rien à voir avec la Pythie, les mystères d'Eleusis, Dr Imbéné Ravalavanavano amour argent examens2. La poésie, c'est du travail. Il en résulte un chant faisant croire qu'elle se passe dans le ciel. Le poète marche sur une corde. Elle est posée par terre. La poésie ne se trouve pas que dans les vers. Elle est là où le talent la met. La poésie est le résultat de toute bonne littérature. Mallarmé3 : "Mais, en vérité, il n'y a pas de prose" (réponse à l'Enquête de Jules Huret4. Le poème est l'objet; la poésie, éventuellement, le résultat. La poésie est même le résultat de tout art réussi : un tableau est de la poésie, un beau vêtement bien porté est de la poésie, etc. Est poésie le résultat de toute activité humaine menée à bien. Un geste gracieux est de la poésie, un mouvement de troupe bien accompli est de la poésie. [...] 1. Balzac (1799-1850) : romancier français. 2. Tous les noms cités dans cette phrase sont ceux de devins ou de mages censés prédire l'avenir. 3. Mallarmé (1842-1898) : poète français. 4. Jules Huret (1863-1915) : journaliste à L'Echo de Paris. Il fit paraître, en 1891, une enquête sur l'évolution de la littérature.

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