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Ce que l'on retrouve dans toutes les oeuvres de Chateaubriand, c'est toujours Chateaubriand lui-même. Mais ces confessions nous émeuvent parce qu'elles sont celles d'un poète et d'un artiste ?

Extrait du document

- Outre ces textes, on aura intérêt à lire attentivement dans Itinéraire de Paris à Jérusalem le tableau d'Athènes au soleil levant. Introduction Un critique qui était aussi, un homme d'esprit disait: « Tous les ouvrages de M. de Chateaubriand sont des mémoires d'avant la tombe. » Il faut reconnaître en effet que peu d'écrivains ont mis autant d'eux-mêmes dans leurs écrits et l'on retrouve dans ses oeuvres, en même temps que l'évocation des lieux qu'il a connus et des vicissitudes de sa propre existence, des confidences sur sa vie morale. Mais ces confidences sont émouvantes par les échos profonds qu'elles éveillent dans notre sensibilité et la peinture de ces cadres s'ordonne en visions pittoresques. Ces confessions sont celles d'un poète et d'un artiste. I. Les confidences A. - LES CADRES. Ce voyageur nous emmène à sa suite dans tous les lieux où il a promené sa mélancolie.

« LES GRANDES LIGNES DU PLAN Le problème posé est le suivant : quelle est la part des confidences personnelles dans l'œuvre de Chateaubriand ? Quelle est la portée générale et humaine de ces confidences ? La citation vous indique donc les deux points que vous aurez successivement à traiter. Elle vous indique également en quoi consiste la portée générale de ces confidences.

Ce sont « celles d'un poète » : en d'autres termes, l'intérêt élargi qu'elles comportent vient des sentiments qu'elles expriment.

Ce sont « celles d'un artiste » : cet intérêt élargi vient aussi des tableaux auxquels elle donne lieu.

Voilà les deux sous-parties du second point. Enfin, la citation vous suggère les sous-parties du premier point.

Ces sentiments, ces tableaux s'inspirent d'une expérience vécue.

Il est donc naturel d e rechercher symétriquement, dans les confidences d e Chateaubriand, ce qui a trait aux lieux où s'est passée son existence, et ce qui se rapporte à ses propres états d'âme. LECTURES — Sur les événements et les cadres de la vie de Chateaubriand, consulter votre manuel d'Histoire littéraire.

— Pour ses états d'âme, lire René.

— Pour apprécier l'artiste, lire le Prologue d'Atala, et Le Génie du christianisme, Ire partie, livre V.

— Outre ces textes, on aura intérêt à lire attentivement dans Itinéraire de Paris à Jérusalem le tableau d'Athènes au soleil levant. Introduction Un critique qui était aussi, un homme d'esprit disait: « Tous les ouvrages de M.

de Chateaubriand sont des mémoires d'avant la tombe.

» Il faut reconnaître en effet que peu d'écrivains ont mis autant d'eux-mêmes dans leurs écrits et l'on retrouve dans ses oeuvres, en même temps que l'évocation des lieux qu'il a connus et des vicissitudes de sa propre existence, des confidences sur sa vie morale.

Mais ces confidences sont émouvantes par les échos profonds qu'elles éveillent dans notre sensibilité et la peinture de ces cadres s'ordonne en visions pittoresques.

Ces confessions sont celles d'un poète et d'un artiste. I.

Les confidences A.

— LES CADRES.

C e voyageur nous e m m è n e à sa suite dans tous les lieux où il a promené s a mélancolie.

Dans VEssai sur les révolutions comme dans Le Génie du christianisme il se plaît à nous décrire le spectacle de ces nuits qu'il a contemplées au cours de son voyage en Amérique.

Dans Atala, il donne également comme toile d e fond aux aventures d e ses héros les forêts et les fleuves du Nouveau Monde.

Sans doute a-t-on pu prétendre qu'il n'a jamais descendu le Mississipi, dont il donne la description dans les premières pages de ce roman.

II n'empêche que pour l'essentiel ces tableaux sont empruntés à des souvenirs vécus.

Dans Les Martyrs comme dans l'Itinéraire de Paris à Jérusalem figurent des esquisses d e paysages qu'il a pris sur le vif, et le tableau d'Athènes au soleil levant se retrouve identique en ses grandes lignes dans l'un et Fautre ouvrage.

Mais plus encore, peut-être, il se plaît à évoquer le cadre où s'est passée son inquiète adolescence.

L'épisode de Velléda a la Bretagne pour théâtre, et Le Génie du christianisme offre du printemps en Bretagne une description qui est dans toutes les mémoires.

Chateaubriand lui-même déclare qu'il s'est attaché à voir les contrées où il avait dessein d e promener s e s héros.

Voilà pourquoi il en présente d e son propre aveu «des portraits ressemblants et n o n des descriptions vagues et ambitieuses». B.

— LES ÉVÉNEMENTS.

Les événements qu'il situe dans ces cadres sont souvent empruntés aux vicissitudes de sa propre existence.

Cela se conçoit sans doute de ses récits d e voyages, et l'Itinéraire de Paris à Jérusalem est, pour l'essentiel, la transcription fidèle d e s o n carnet de route : René retrace des épisodes de sa vie d'adolescence et de jeunesse.

Tout au plus a-t-il, à l'occasion, interverti l'ordre des événements, Gomme l'écrivain, le héros du récit a tour à tour connu la vie mondaine et la vie solitaire, mais tandis que Chateaubriand a quitté la solitude pour le monde, René a fait l'expérience du monde avant de chercher dans la solitude le réconfort de son âme meurtrie. Le Génie du christianisme retrace l'histoire de sa conversion.

Quant aux Mémoires d'outre-tombe, ils offrent une relation directe de son existence, généralement conforme à la vérité en dépit de quelques omissions préméditées et de quelques enjolivements.

Bref, c'est toute sa vie que l'on retrouve éparse à travers ses écrits. C.

— LES ÉTATS D'AME.

Mais souvent on y retrouve aussi l'écho d e s a vie morale.

Ses personnages sont à l'image d e lui-même.

Le pessimisme d'Eudore dans Les Martyrs, ses perpétuelles inquiétudes reflètent les inquiétudes et le pessimisme profond d e l'écrivain. Chactas, dans Atala, est pétri de cette mélancolie un peu amère où se complaît l'homme qui n'a cessé de « bailler sa vie ».

René, c'est Chateaubriand tout entier, il est perpétuellement désenchanté du monde et d e lui-même ; il va chercher sous des cieux inconnus et lointains une paix impossible à son cœur ; à l'infini de ses rêves, il compare sans cesse l'étroitesse des réalités contre lesquelles il se heurte.

Pour reprendre une phrase célèbre du Génie du christianisme, il «habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien il est désabusé de tout ». II.

La portée générale de ces confidences A.

— LES SENTIMENTS.

Pourtant ces confidences où reviennent inlassablement les mêmes thèmes ne laissent pas d'être émouvantes par leur portée générale.

Les sentiments que Chateaubriand y exprime — et notamment ce penchant à la tristesse qui constitue le fond m ê m e d e s o n caractère — sont aussi un trait commun à tous les hommes de sa génération.

Lui-même ne s'y est pas trompé : « Une famille de Renés poètes et de Renés prosateurs a pullulé ; il n'a plus été question que de vents et d'orages, que de maux inconnus livrés aux orages et à la nuit.

Il n'y a pas de grimaud sortant du collège qui n'ait rêvé d'être le plus malheureux des hommes.

» Et l'on sait assez ce dont le grand courant romantique, de Lamartine à Vigny, lui est redevable.

Le trait enfin est commun à tous les hommes et chacun retrouve aux heures de détresse le « grand secret de mélancolie » qu'il s'est tant complu lui-même à redire.

Cette confession garde une valeur humaine. B.

— LES PEINTURES.

Ce poète est un peintre, et, dans les paysages qu'il s'est attaché le plus souvent à nous décrire d'après nature, se révèlent les dons prestigieux de la couleur et du relief.

Il trouve des nuances de coloriste pour peindre par exemple les ailes d e ces corneilles qui nichent autour de l'Acropole.

Il les montre « noires et lustrées », « glacées de rosé par les premiers reflets du jour ».

Il sait jouir des effets de contraste et oppose la mer et le Pirée blancs de lumière à la pourpre de la citadelle de Corinthe.

A chaque paysage, il sait conférer sa note originale.

Dans la galerie de ses nuits, on n'en saurait trouver deux qui se ressemblent, il évoque tour à tour les décors paisibles et mélancoliques d e la lande bretonne, l'aspect âpre, désolé et mystique d e la Palestine, la grâce somptueuse d e l'Alhambra de Grenade ; sous le détail des notations précises, chaque tableau garde l'unité de sa note fondamentale. Conclusion Ainsi l'œuvre de Chateaubriand raconte avec une complaisance un peu indiscrète l'histoire de sa vie.

Elle nous livre les confidences de ce cœur inquiet et tourmenté.

Mais plus encore que la confession d'un homme, il faut y savoir découvrir les dons prestigieux de l'artiste et l'écho des sentiments largements humains.

Selon le mot d'Émile Faguet, « il a compris toutes les beautés de tous les temps et de tous les mondes..., il a révélé à chacun d e s e s lecteurs les secrets d e s a propre sensibilité ».

Telle est bien la marque du génie qui sait présenter les fruits de son expérience individuelle et éphémère sous l'aspect de l'éternité.. »

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