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Calderon, La vie est un songe, Troisième journée

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Calderon, La vie est un songe, Troisième journée [Royaume de Pologne. Le Roi Basyle, roi astrologue, a vu le présage selon lequel son fils, le prince Sigismond, le renverserait et le tuerait. Il a donc fait enfermer Sigismond dans une tour à l'écart du monde (avec une chaîne, revêtu de peaux de bêtes -comme l'indique la première didascalie à son sujet), depuis son enfance, avec pour seule relation au monde Clothalde, son conseiller, chargé d'éduquer Sigismond. Le roi a cependant voulu tenter l'expérience de ramener son héritier au palais (deuxième journée) : endormi par un soporifique, Sigismond s'est réveillé au palais, mais il a manifesté un comportement violent : il défenestre un courtisan qui s'interposait entre lui et Etoile, femme dont la beauté l'avait séduit ; face à Rosaure (fille de Clothalde), il la courtise, puis devient trop pressant, et manque tuer Clothalde qui s'est interposé. L'expérience étant donc négative, le Roi décide de rendre Sigismond à sa prison, et de transmettre la couronne au prince Astolphe (ce qui déclenchera une guerre civile entre partisans de l'héritier légitime, Sigismond, et partisans de la décision du Roi). A la fin de la Deuxième journée, le prince Sigismond se réveille dans la tour, et considère que son séjour au palais a été une illusion, un rêve. Il en tire une leçon de sagesse, et décide de renoncer à la violence. Rebondissement au début de la Troisième journée : des soldats mutinés pénètrent dans la tour : ils viennent libérer Sigismond et le placer à leur tête, pour la conquête du trône. Voici ce que répond Sigismond au soldat "délégué", dans un premier temps.] SIGISMOND. De nouveau - oh ! cieux, que signifie cela ? - vous voulez que je rêve d'une grandeur que le temps détruira ? De nouveau vous voulez que je voie, parmi les ombres et l'illusion, les splendeurs majestueuses que fait se dissiper le vent ? De nouveau vous voulez que je touche du doigt le désabusement, ou le péril, auxquels par naissance toute puissance humaine humblement est soumise, auxquels il faut toujours être attentifs ? Eh bien ! je ne veux pas, je ne veux pas ; regardez : me voici de nouveau la proie de mon destin ; mais puisque je sais que toute cette vie est un songe, allez-vous-en, ombres qui simulez aujourd'hui à mes sens moribonds un corps et une voix, tant il est vrai que vous n'avez ni voix ni corps ; je ne veux pas de fausses majestés, je ne veux pas de splendeurs chimériques, illusions fantastiques qui au plus léger souffle s'évanouiront, pareilles à l'amandier fleuri, dont les fleurs fraîches écloses, innocentes et imprudentes, s'éteignent sous le premier souffle, laissant se flétrir et laissant se ternir de leurs roses boutons la beauté, l'éclat, l'ornement. Je vous connais, ah oui ! je vous connais, et je sais que vous en usez de même avec quiconque s'endort ; mais il n'est plus pour moi désormais d'illusions ; car, désenchanté à présent, je sais bien, je sais que la vie est un songe. (vers 2424 à 2460 ; Traduction de Bernard Sesé, Garnier-Flammarion, 1996)

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