August Strindberg
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August Strindberg 1849-1912 Il naquit en 1849 à Stockholm.
Fils de la servante, c'est le nom qu'il se donne dans son autobiographie.
Mais ce n'était qu'une manière de parler ; sa mère était la fille d'un maître-artisan et son père descendait d'une famille bourgeoise de
Stockholm.
Son enfance ne fut pas plus malheureuse que celle de tant d'autres à cette époque où l'industrialisation et les mouvements
démocratiques commençaient à agiter la société suédoise.
Ce n'est pas, du reste, une enfance triste qu'il peint dans son
autobiographie, c'est un enfant triste, tourmenté, nerveux.
Étudiant à Upsala, le jeune Strindberg a déjà conscience de sa vocation
littéraire et, bien qu'avec hésitation, il l'accepte.
La crise religieuse par laquelle il est passé a laissé des traces qui ne s'effaceront plus.
A plusieurs périodes de sa vie on voit reparaître chez lui ce moralisme nostalgique, héritage du piétisme, qui tend à dévaloriser toute
activité esthétique.
A ces obstacles intérieurs s'ajoutent des difficultés pratiques : après les tâtonnements du début, il écrit à vingt-deux
ans Maître Olof, qui reste l'un de ses chefs-d'œuvre ; huit années passèrent pourtant avant que le drame ne soit porté à la scène, huit
années de désillusions et de lutte qui feront de lui l'homme de révolte qu'il fut avant tout, celui pour qui mœurs et idées sont à réviser
pour la seule raison qu'elles sont admises et acceptées, donc périmées.
Son premier succès le place sous le signe du naturalisme ; La
Chambre Rouge fait de lui le chef de la jeune école littéraire qui s'est formée aux environs de 1880.
Viennent alors pour Strindberg des
années d'exil volontaire qui le mènent en France, en Bavière, au Danemark.
Ses difficultés matérielles grandissent ; il ne reste, avec
sa famille, jamais plus de quelques mois au même endroit.
En dix ans Strindberg écrit une série de romans et de drames qui marquent
les points culminants du mouvement naturaliste en Scandinavie.
Ses démêlés conjugaux s'ajoutent à ses ennuis et devaient aboutir en
1891 à la dissolution de son mariage avec l'actrice Strix von Essen.
"Courbe la tête, fier Sicambre ; brûle ce que tu as adoré, adore ce
que tu as brûlé." Ce mot, qui sert d'épigraphe à Inferno, l'un des livres écrits en français par Strindberg, résume le drame de sa
conversion.
On peut se demander comment un esprit aussi indiscipliné que le sien a pu jeter par-dessus bord son rationalisme et se
réfugier dans des croyances de caractère primitif, superstitieuses même.
Ce problème de psychologie n'a pas sa place ici.
On trouve
chez Strindberg, même dans sa période la plus révoltée, un sentiment profond de culpabilité.
A tout prix il veut éviter de se donner tort
à soi-même ; c'est pourquoi il s'acharne à charger les autres, la société, la vie.
Maintenant il voit l'autre face des choses et, dans sa vie
passée, ne découvre que bassesse.
Il se fait pèlerin et pénitent.
Il s'agit toujours de se donner tort à soi-même.
Il s'agit aussi
d'échapper à la folie.
On a beaucoup discuté de la maladie psychique de Strindberg.
On lui a donné divers noms, également
scientifiques.
Les faits sont pourtant assez simples.
Les idées de persécution qui s'emparent de Strindberg, surtout vers 1896, lui
servent inconsciemment à écarter ses sentiments de culpabilité.
S'il est persécuté, c'est qu'il n'est pas coupable lui-même.
C'est une
ruse psychologique.
Il l'a compris lui-même et dans Inferno il déchire le voile qui la lui a cachée.
Dans son drame Le Chemin de
Damas, il jette un coup d‘œil en arrière.
Il revoit les étapes de sa grande crise religieuse.
La culpabilité acceptée, la manie de
persécution disparaît.
De la crise d'Inferno, Strindberg sut tirer un immense profit, elle signifiait un renouveau pour l'écrivain.
C'est à
partir de cet événement que Strindberg devient un auteur d'envergure toute européenne.
Des années d'Inferno jusqu'à sa mort
en1912, sa renommée n'a cessé de grandir.
Dramaturge, poète lyrique, prosateur, il parut un novateur dans tous les genres.
Le
monde se transforme à la lumière de ses conceptions mystiques ; chargées de souvenirs amers et doux, les choses prennent un éclat
sombre.
L'existence elle-même est lourde de signification métaphysique.
Les œuvres de Strindberg de ses dix dernières années — La
Danse de Mort, Un Songe, pour ne citer que deux des plus connues — ont influencé la littérature expressionniste au lendemain de la
Première Guerre mondiale.
Mais ce serait les diminuer que de les qualifier de symbolistes ou d'expressionnistes.
Strindberg est
toujours réaliste.
Réalisme de myope qui considère et note chaque détail des choses minutieusement mais qui, derrière chacun d'eux,
pressent et découvre les grandes relations mystérieuses de la vie, entre le soi et l'autrui, entre l'homme et la femme, entre le croyant
et Dieu.
Disons un mot de la fameuse misogynie de Strindberg.
L'écrivain n'en convenait pas.
Tous les sentiments, chez Strindberg,
sont ambivalents.
Il apparaît comme un précurseur de la psycho-analyse dite des profondeurs.
Celui qui se révoltait contre Dieu en
même temps qu'il se convertissait, qui le vénérait tout en professant l'athéisme le plus déclaré, voyait en la femme la madone et le
vampire, confondus pour ne former qu'un seul être, une espèce de monstre archaïque aux ailes d'ange et aux griffes de lion.
Personne
n'a comme lui exalté la femme, épouse et mère (lui-même a été marié trois fois) ; personne n'a dénoncé avec autant de vigueur sa
perfidie.
Délires d'un demi-fou, au-delà de toute logique ? Vision de poète plutôt, réactions d'une conscience hypersensible.
On a
regardé Strindberg comme un barbare sorti de la préhistoire, un produit de cette Scandinavie que l'on ne voit que sauvage et
brumeuse, un Viking endiablé.
Son tempérament, la force de ses réactions, de sa haine surtout, ont donné à ses contemporains une
sensation de brutalité inculte.
Pour nous, Strindberg incarne toutes les qualités et tous les vices de notre époque.
Il n'est pas un
barbare, il est la quintessence ultime de la civilisation.
Sentimental, brutal, tendre, dur, rationaliste, superstitieux, sceptique, croyant,
humble, fier — ce mélange inextricable, c'est August Strindberg.
C'est l'homme moderne.
August Strindberg Auteur dramatique suédois, souvent considéré comme la plus grande figure de la littérature suédoise.
Fils d'un
aristocrate ruiné et d'une servante, il naît le 22 janvier 1849 à Stockholm.
Il sera successivement instituteur, précepteur, acteur,
livreur de journaux et bibliothécaire.
Sa production littéraire se divise en deux catégories: naturaliste et expressionniste.
Les oeuvres
naturalistes sont une réaction contre le romantisme qui domine alors la littérature suédoise.
Elles comprennent: "Le Cabinet rouge "
(1879), satire des institutions suédoises et des conditions de vie; "Père " (1887), tragédie domestique dépeignant la cruauté que
Strindberg pense inhérente au mariage; "La plus forte" (1889), pièce en un acte où une femme écoute en silence la confession d'une
autre; "Mademoiselle Julie" (1889), étude poignante du destin tragique de la rencontre sexuelle d'un valet ambitieux et de la fille
névrosée d'un comte.
"Mademoiselle Julie" inspirera un film au réalisateur suédois Alf Sjoberg (1951), un opéra à l'Américain Ned
Rorem (1965) et un ballet au chorégraphe suédois Birgit Cullberg (1950).
Sa deuxième période commence avec "Inferno" (1897),
autobiographie dans laquelle Strindberg décrit sa période d'incapacité mentale.
Ses oeuvres suivantes sont influencées par le
symbolisme et l'expressionnisme européens.
Sa pièce "Crime et Crime" (1899) traite du conflit entre l'éthique et l'esthétique.
Suivent
deux pièces symboliques "A Dream Play" (1901) et "The Spook Sonata" (1908), galerie de personnages grotesques confrontés au
conflit entre illusion et réalité.
Ces deux pièces ont beaucoup contribué à libérer le théâtre du début du siècle des conventions réalistes
de temps, de place et d'action et anticipent certains mouvements dramatiques du milieu du siècle comme le théâtre de la cruauté ou le
théâtre de l'absurde.
Son influence sur le théâtre moderne est comparable à celle du Norvégien Henrik Ibsen ou du Russe Anton
Tchekhov.
"La Danse de mort" (1900) semble être un retour au réalisme mais est pleine d'un symbolisme médiéval macabre.
Il écrit
également des romans, des nouvelles, des poèmes, des essais, des satires, des notes de voyage et des travaux sur l'histoire.
Strindberg meurt à Stockholm le 14 mai 1912..
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