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August Strindberg, Père, acte II, scène V (1887).

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August Strindberg, Père, acte II, scène V (1887). [Un mari et sa femme se déchirent à propos de l'éducation de leur fille.] LE CAPITAINE.— Je sens que dans cette guerre un de nous doit succomber. LAURA.— Qui ? LE CAPITAINE.— Le plus faible, naturellement. LAURA.— Et le plus fort a raison ? LE CAPITAINE.— Toujours, puisqu'il a le pouvoir. LAURA.— Alors j'ai raison. LE CAPITAINE.— Alors, tu as déjà le pouvoir ? LAURA.— Et même un pouvoir légal, quand demain je te ferai mettre sous tutelle. LE CAPITAINE.— Sous tutelle ? LAURA.— Oui. Et j'élèverai mon enfant sans écouter tes divagations. LE CAPITAINE.— Et qui paiera son éducation quand je ne serai plus là ? LAURA.— Ta pension. LE CAPITAINE (s'approchant d'elle, menaçant).— Et comment me feras-tu mettre sous tutelle ? LAURA (sortant une lettre).— Par cette lettre, dont une copie certifiée conforme se trouve au tribunal de tutelle. LE CAPITAINE.— Quelle lettre ? LAURA (se dirigeant à reculons vers la porte de gauche).— Ta lettre. Où tu déclares au médecin que tu es fou. Le capitaine la regarde, stupéfait. LAURA.— A présent, tu as rempli ton office, hélas indispensable, de père et de nourricier. Tu ne sers plus à rien, et tu dois partir. Tu dois partir parce que, tu l'as constaté, mon intelligence est aussi forte que mon vouloir, et que tu as refusé de rester et de l'admettre. Le capitaine se dirige vers la table, se saisit de la lampe allumée et la jette en direction de Laura, qui s'esquive à reculons par la porte.

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