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Anouilh, La Vive

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Anouilh, La Vive Un enfant criait sur la plage Il se tordait sur le sol. On accourut du voisinage On l'emporta hurlant, au prochain parasol. Son petit pied gonflait de seconde en seconde. Ses cris fendaient le cœur à tout le monde. C'était pitié de voir souffrir cet innocent. Un médecin passant, D'aventure, S'approcha. (Il ne faisait pas sérieux tout nu.) Se penchant sur le pauvre petit corps tordu : – C'est une vive, il faut une voiture, Dit-il, le pharmacien Lui fera une piqûre. Moi, maintenant, je ne puis rien. Il ajouta : – Hélas ! Jusqu'à l'autre marée, Le pauvre petit va souffrir beaucoup. Prises de panique à ce coup Les mères affolées groupèrent leur troupeau. Si un monstre marin était sorti de l'eau Il ne les eût pas étonnées. – C'est trop injuste, disaient-elles ; Juste à la fin de la journée ! – La sale bête qu'on ne voit même pas ! – Il jouait, Madame, à deux pas Avec sa petite pelle. Il faisait des petits pâtés, bien gentiment ! – Pourquoi, mon dieu, pourquoi faut-il donc toujours craindre, Lorsque l'on a des enfants ? – Il faut se plaindre, Dit un vieillard, au Syndicat d'Initiative. Ils demandent assez d'argent. Ils doivent protéger les gens ! – Il faut bien que chacun vive, Dit la vive Qui avait piqué l'enfant.

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