Alphonse BEAUREGARD (1881-1924) (Recueil : Les forces) - La brume
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Alphonse BEAUREGARD (1881-1924) (Recueil : Les forces) - La brume Le Saint-Laurent, mordu par les souffles d'automne, S'exaspère. Partout sur le fleuve dément L'âme des bois brûlés flotte languissamment. Affolé, mon canot plonge dans l'eau gloutonne. Pas d'oiseaux. Aucun coup de fusil ne résonne. Le vaste et lourd brouillard, gris uniformément, De son opacité cache tout mouvement Et dams une caverne étrange m'emprisonne. Verdâtres, turbulents, accourus du chaos, Avec des bruits de haine autour de moi les flots Se dressent. On dirait la fureur d'une armée. Seul et domptant la voile où souffle un vent du nord Je me crois égaré dans quelque monde mort Sous l'irrémédiable ennui de la fumée.
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