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Alfred de Musset - "André del Sarto" - Acte Premier Scène première

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Acte Premier Scène première La maison d'André. - Une cour, un jardin au fond. GRÉMIO, sortant de la maison du concierge. Il me semble, en vérité, que j'entends marcher dans la cour : à quatre heures du matin, c'est singulier. Hum ! hum ! que veut dire cela ? Il avance ; un homme enveloppé d'un manteau descend d'une fenêtre du rez-de-chaussée. GRÉMIO. De la fenêtre de madame Lucrèce ? Arrête, qui que tu sois ! L'HOMME. Laisse-moi passer, ou je te tue ! Il le frappe et s'enfuit dans le jardin. GRÉMIO, seul. Au meurtre ! au voleur ! Jean, au secours ! DAMIEN, sortant en robe de chambre. Qu'est-ce ? qu'as-tu à crier, Grémio ? GRÉMIO. Il y a un voleur dans le jardin Informations complémentaires: Alfred de Musset (1810-1857) André del sarto Après l'échec cuisant de sa première pièce, Musset décide d'écrire ses pièces uniquement pour des lecteurs; en 1833, il publie André del Sarto, pièce inspirée de la vie du grand peintre italien de la Renaissance, Andrea del Sarto; cependant, en 1850, le théâtre de l'Odéon, à Paris, lui propose d'adapter sa pièce pour la représentation, laquelle sera elle aussi un échec. Le texte de référence pour les (rares) metteurs en scène de la pièce a longtemps été la seconde version (1850); on préfère aujourd'hui la première (1833).

« Introduction : Quand on pense au théâtre de Musset, Lorenzaccio ou On badine pas avec l’amour sont les premiers noms qui viennent à l’esprit.

Pourtant Musset a écrit de nombreuses pièces moins connues dont André del Sarto.

Cette pièce à l’origine a été écrite pour être lue non pour être jouée Musset ayant renoncé à écrire pour le théâtre à cause de ses échecs.

Ainsi, ce texte s’inscrit-il particulièrement bien dans notre objet d’étude : comment un texte écrit pour être lu peut-il se prêter à la scène ? Quelles sont les difficultés rencontrées par le metteur en scène ? Cela est d’autant plus vrai que notre extrait constitue la scène d’exposition.

Dans cette scène, au théâtre, le spectateur doit comprendre qui sont les personnages et quels liens ils entretiennent. Projet de lecture : Ainsi, nous pouvons nous demander pourquoi ce texte se situe au cœur des enjeux du genre problématique que constitue le théâtre ? Pourquoi peut-on dire que les enjeux scéniques et textuels sont intimement liés ? I Une scène d’exposition 1) La prise en compte de la double situation d’énonciation Anne Ubersfeld dans Lire le théâtre met en place le concept de double énonciation.

Elle veut dire par là que tout texte de théâtre a un fonctionnement bien particulier.

Les personnages en même temps qu’ils se parlent entre eux doivent transmettre des informations aux spectateurs pour permettre à ceux-ci de comprendre le déroulement de l’intrigue.

La scène d’exposition met forcément en jeu le phénomène de double énonciation puisqu’il s’agit de faire comprendre au spectateur le nœud de l’intrigue.

Or notre passage s’ouvre sur un mystère. Le rideau s’ouvre sur un homme qui observe un autre homme descendre d’une fenêtre dans la rue.

Les personnages ne sont pas nommés, nous apprendrons l’identité de Grémio que dans l’avant dernière réplique, dans la bouche d’un autre personnage.

La question des personnages est d’autant plus problématique que Grémio appelle un certain Jean au secours or c’est un certain Damien qui répond, mais le spectateur ignorant tout pense détenir une information : l’identité d’un personnage.

Or il s’agit d’une fausse information ainsi, Musset emmène le spectateur sur de fausses pistes.

Il emploie la double énonciation pour tromper son public pour mieux le surprendre dans la suite de la pièce.

De plus, s’agit-il d’une histoire d’amour comme peut le suggérer la référence à cette femme Lucrèce ? Grémio est-il jaloux ? Pourquoi l’homme frappe-t-il Grémio ? Qui est-il ? Quelles sont les relations qu’entretiennent les personnages entre eux.

Le spectateur ne saisit encore aucun élément.

Il ne peut tirer d’informations réelles de cette scène c’est pourquoi on peut parler de scène d’exposition atypique. 2) La mise en place de l’intrigue dans et par le mystère La scène s’ouvre par un mystère.

Les didascalies autant que le dialogue perdent le spectateur et le lecteur plutôt qu’ils ne les renseignent.

Pourtant, un nœud se noue dans cette scène comme l’indique cette phrase « il y a un voleur dans le jardin ».

Nous comprenons que c’est à partir de là que tout se trame, de l’intrusion mystérieuse de cet homme.

Musset joue avec les codes du théâtre en modifiant le rôle assigné traditionnellement aux scènes d’exposition.

Il expose par le biais des mystères et des interrogations ce qui a pour conséquence de fixer par le suspense l’attention des spectateurs. Transition : Non seulement ce texte est au cœur des enjeux du théâtre en tant que genre double à la fois littéraire et visuel parce qu’il s’agit d’une scène d’exposition mais aussi parce qu’il mêle la langue orale et la langue littéraire. II Un texte entre oral et écrit 1) Une langue orale Il nous faut mettre en évidence l’importance des modalités exclamatives et interrogatives dans ce texte.

Les personnages sont animés et ce choix de modalité phrastique traduit leurs émotions.

Dès lors, ce texte semble fait autant pour être dit avec le ton qui correspond que pour être lu : « Au meurtre ! au voleur ! Jean, au secours ! ».

De plus Musset utilise des phrases nominales (des phrases sans verbe), type de discours qui relève davantage de la langue orale que de la langue littéraire.

Enfin, Musset fait le choix d’écrire en prose.

Alors qu’à la même époque Hugo préconisait l’alexandrin mais en alexandrin libéré et apte à traduire les mouvements de la vie, Musset choisit la preuve pour se libérer davantage encore du carcan du langage.

Ainsi, les personnages parlent naturellement. 2) L’importance des didascalies Les didascalies sont nombreuses.

La didascalie initiale tout d’abord présente la scène.

Si elle donne certaines indications, elle reste cependant très floue notamment si on la compare avec celles que l’on trouve au début de Hernani ou de Ruy Blas de Hugo.

Pourtant elles sont relativement nombreuses et servir davantage le lecteur que le metteur en scène.

En effet, si le lecteur peut se représenter un homme enveloppé d’un manteau descendant d’une fenêtre, le metteur en scène est dans l’obligation de faire des choix dus à l’ambiguïté des. »

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