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Albert MÉRAT (1840-1909) - Les fenêtres fleuries

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Albert MÉRAT (1840-1909) - Les fenêtres fleuries A Catulle mendès. Les Parisiens, entendus Aux riens charmants plus qu'au bien-être, Se font des jardins suspendus D'un simple rebord de fenêtre, On peut voir en toute saison Des fils de fer formant treillage Faire une fête à la maison De quelques bribes de feuillage. Dès qu'il a fait froid, leurs couleurs Ne sont plus que mélancolie ; Mais cette habitude des fleurs Est parisienne et jolie. Ainsi, tout en haut, sous les toits, L'enfant aux paupières gonflées, Qui coud en se piquant les doigts, A près d'elle des giroflées. Quelquefois même, et c'est charmant Sur la tête de la petite, On voit luire distinctement Des étoiles de clématite. Aux étages moins près du ciel, C'est très souvent la même chose Un printemps artificiel Fait d'un oeillet et d'une rose. Dans un pot muni d'un tuteur, Où tiennent juste les racines, Un semis de pois de senteur Laisse grimper des capucines. Les autres quartiers de Paris Ont des fleurs comme les banlieues C'est que le ciel est souvent gris, Et qu'elles sont rouges et bleues. C'est qu'on trouve un charme, en effet, A ce fantôme de nature, Et que le vrai sage se fait Des bonheurs en miniature.

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