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WITTIG Monique 1935

WITTIG Monique 1935
Romancière, née à Dannemarie, Haut-Rhin. Son premier roman, L’Opoponax, prix Médicis 1964, a laissé une forte impression: par son écriture (ainsi, le parti pris d'employer partout le pronom personnel on) et aussi par son décor. Plus encore, par son sujet: l'enfant (et vu, par l'auteur, non pas en tant que mère, mais pour lui-même), enfin par son parler libéré, cynique à l'occasion; son mode de pensée prérationnel (et ce, bien au-delà de l'âge dit de raison). Elle observe cet esprit au nom (et au profit) de sa recherche sur la femme. Qui sera, dès lors, son sujet unique. Résolument féministe (Les Guérillères, 1969,montent en ligne pour la guerre de la libération, la « décolonisation» de leur sexe), elle ne se laisse pas intimider par la pieuse mise en garde de l'homme, selon quoi le féminisme, au degré « militant », tuera la féminité : l'amour « patriarcal » ou bien la mort de l'amour. Sa réponse est simple : Le Corps lesbien (1973) ; or ce roman, qui chante la fête des corps plus unis que jamais, est aussi une fête du langage (un couple ainsi conçu n'a que faire du pluriel et il ne pense pas nous, notre, mais «j/e », « m/a »...). La femme doit chercher - et elle découvrira - sa pensée propre, profonde, vraie; le timbre et les inflexions naturelles de sa voix, ses mots à elle (Brouillon pour un dictionnaire des amantes, 1976). Le plaisir et les jeux (ainsi considérés) du corps lesbien sont, bien sûr, savoureux en eux-mêmes, joyeux; une fin en soi; mais aussi un moyen : comment la femme pourrait-elle, autrement, poursuivre la quête de son âme? De son « identité »? Car ce n'est pas ailleurs qu'elle en trouvera la clé, nous dit Monique Wittig: pas chez l'homme, à coup sûr.
■ Œuvres - L'Opoponax, etc. (Minuit).

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