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verset vida vignette villanelle volucraire vraisemblance

verset. Dérivé de « vers ». Depuis le XIIIe siècle, désigne les petits paragraphes numérotés qui composent la Bible et les textes sacrés. L’usage s’est établi au XXe siècle d’appeler versets des unités de prose rythmée, excédant la mesure du vers, et composées par certains poètes, tel Claudel à qui l’on a attribué faussement l’introduction du terme. Deux typographies sont possibles : soit le verset se présente comme un paragraphe de prose, avec début en retrait, puis alignement contre la marge gauche, soit, à l’inverse, il commence contre la marge gauche et se poursuit avec un retrait systématique. Les versets se présentent de manière diverse sur le plan rythmique. Le verset claudélien se développe selon un rythme qui n’est pas métrique, mais fondé sur les segments syntaxiques et des effets oratoires et structurels de répétition. Chez d’autres poètes, tels Saint-John Perse ou Senghor, des rythmes métriques sont nettement perceptibles, comme dans cet exemple de Senghor : Douceur de ses lèvres de fraises (8), densité de son corps de pierre (8), douceur de son secret de pêche (8) Son corps, terre profonde ouverte au noir semeur (12). Il faut encore établir une catégorie à part pour les versets de poètes comme Cendrars ou Léon-Paul Fargue, chez qui les critères rhétoriques et métriques ne fonctionnent pas.

Verset. Unité constitutive du poème chez certains poètes du la fin du XIXe siècle et du XXe comme Saint-John Perse ou Claudel. Le verset, dont la longueur est variable, mais généralement plus longue que le vers, mesuré ou libre, se définit comme une unité de sens, parfois comme une unité de souffle :
« Ecoute, ô nuit, dans les préaux déserts et sous les arches solitaires, parmi les ruines saintes et l’émiettement des vieilles termitières, le grand pas souverain de l’âme sans tanière, « Comme aux dalles de bronze où rôderait un fauve. (Saint-John Perse, Chronique)

vida (n. f., « vie » en langue d’oc). Texte en prose, souvent inséré dans les chansonniers, qui retrace très brièvement la vie (souvent romancée, voire imaginaire) d’un troubadour en tirant généralement de ses poèmes ou de la rumeur publique des informations biographiques.

vignette. En codicologie, « peinture ou lettre historiée de petites dimensions, généralement habillée de texte sur plusieurs côtés » (D. Muzerelle).

villanelle (n. f., de l’italien villanella, chanson ou danse villageoise). La forme fixe pure est précise : une suite impaire de tercets d’heptasyllabes sur deux rimes, le premier et le troisième vers du premier tercet repris alternativement comme refrain à la fin de chaque tercet puis ensemble à la fin du poème, qui se termine ainsi par un quatrain. Cependant, les poètes appellent villanelles des poèmes fondés sur la simple répétition de deux vers, telle cette villanelle en heptasyllabes sur trois rimes de Du Bellay, dont voici la première et la dernière strophes :

En ce mois délicieux, Qu'amour toute chose incite,
Un chacun à qui mieux mieux
La douceur du temps imite,
Mais une rigueur dépite
Me fait pleurer mon malheur.
Belle et franche Marguerite
Pour vous fai cette douleur.
Mais si la faveur des Dieux
Au bois vous avait conduite,
Où, d'espérer d'avoir mieux,
Je m'en irai rendre ermite,
Peut-être que ma poursuite
Vous fera changer couleur
Belle et franche Marguerite
Pour vous j'ai cette douleur.(MA)


virelai (n. m., mot formé sur « virer »). Forme poétique isométrique datant du XIIIe siècle, qui a connu plusieurs formules différentes, mais dont le point commun est la présence d’un refrain diversement réparti et de couplets sur deux rimes qui peuvent être de formes semblables ou de formes variées. Voici les premier et dernier couplets d’un virelai d’Eustache Deschamps :

Je ne vois ami namie
Ni personne qui bien die ;
Toute liesse défaut,
Tous coeurs ont pris par assaut
Tristesse et mélancolie. [...]
Loyauté, sens, prud'homie
Ni bonté n'est remerie [récompensée].
On lève ce qui ne vaut,
Et ainsi tout perdre faut,
Par non sens et par folie.
Je ne vois ami n'amie.

vis comica. Expression latine qu’on peut traduire par « la force comique » ; qualité d’un auteur comique qu’on peut définir, non seulement par le talent de faire rire, mais encore par une force véritable de ce comique, par la sincérité brute du rire qu’il suscite chez le spectateur.

volucraire (n. m.). Genre de traité didactique médiéval qui expose les particularités et les traits de mœurs (réels ou supposés) des oiseaux, pour en dégager une signification spirituelle. C’est une forme spécifique de bestiaire.


vraisemblance. Règle issue de la Poétique d’Aristote et devenue centrale pour le classicisme : « Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable ! Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable », écrit ainsi Boileau dans son Art poétique (1674). Elle correspond à l’exigence que les fictions soient conformes à l’opinion du public, et il est fréquent, dans la tragédie, que tel détail historique se trouve donc modifié pour devenir plus vraisemblable. En 1637, on jugea que le sujet du Cid n’était pas vraisemblable, puisqu’il n’est pas conforme aux comportements habituels qu'une fille d’honneur épouse le meurtrier de son père ; en 1678, l’aveu que la princesse de Clèves fait à son mari de son amour pour M. de Nemours fît l’objet de la même critique, et cet exemple montre que le vraisemblable dépend naturellement des codes sociaux et des valeurs de chaque époque. C’est en quoi il est lié à la bienséance, comme le note le père Rapin dans ses Réflexions sur la Poétique d'Aristote (1674) : « Tout devient vraisemblable dès que la bienséance garde son caractère dans toutes les circonstances. »



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