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SAINT-AMANT Marc-Antoine Girard de 1594-1661

SAINT-AMANT Marc-Antoine Girard de 1594-1661
Poète, né près de Rouen. Il écrit à l'époque dite de la « bonne Régence ».: Louis XIV n'est alors qu'un jeune homme avide de plaisirs, qui danse dans les « ballets de cour » et ne se soucie pas encore de favoriser les genres nobles. La poésie la plus folle se donne libre carrière dans les « ruelles » des dames de qualité, mais aussi dans les cabarets ; et Saint-Amant, protestant repenti, hante également les unes et les autres, fumant la pipe ici, et là jouant du luth; car il est, aussi, musicien. Son célèbre sonnet sur Le Paresseux n'est en aucune façon autobiographique, et ce fils de marin ne parvint jamais à rester en place. D’abord « commissaire à l'artillerie de France» (1619), « gentilhomme de guerre » au service du comte d'Harcourt lors de la prise des îles de Lérins en 1636 et 1637, gentilhomme verrier, luthiste, voyageur infatigable (Rome, où en 1643 il est envoyé en mission, Pologne, Suède, Afrique, et Amérique aussi, croit-on), il n'a rien, quoi qu'en ait dit le siècle romantique et surtout son biographe Théophile Gautier, d’un poète maudit: familier tour à tour du duc de Retz, du comte d’Harcourt, et de la reine de Pologne, il sera un des premiers membres de l'Académie française. « Burlesque » à l’occasion - c’est-à-dire caricaturiste à partir d’un sujet réaliste - dans certaines pièces brèves, pleines de couleur et de saveur (Le Melon, Le Fromage, Les Goinfres, Le Fumeur, La Crevaille); mais aussi, quand il lui plaît, «précieux», dans le meilleur sens du terme, c’est-à-dire dense, riche, subtil. Ainsi, dans La Solitude; ou, mieux, dans La Nuit, un des plus beaux poèmes de toute la poésie à l'époque classique : J’écoute à demi transporté / Le bruit des ailes du silence/ Qui vole dans l'obscurité.
Saint-Amant, plus tard, bien assagi, fut moins heureux dans le genre épique: son Moïse sauvé (1653), sans mériter les brocards de Boileau (qui a d’ailleurs raillé tout autant les réussites de notre auteur), n’est plus guère lisible aujourd’hui. Saint-Amant n’est pas fait pour les « grandes machines ». Ses poèmes sont une musique de chambre ; aussi bien furent-ils souvent mis en musique à l’époque (en particulier l’ode à La Nuit).

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