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arts de seconde rhétorique assonance asianisme astéisme asyndète atticisme aubade audengière auteur autobiographie autodiégétique

arts de seconde rhétorique. Traités destinés à instruire dans l’art de composer des vers en langue romane (la rhétorique « première » étant celle de la prose). Ils s’intéressent moins aux figures de style et à l’inspiration qu’aux formes elles-mêmes : longueur des mètres, organisation des strophes, définition des formes fixes (en particulier du rondeau et de la ballade). Ils ont été composés entre la fin du XIVe siècle (Art de dicter d’Eustache Deschamps, 1392, qui rattache cependant la composition poétique à la musique et non. à la rhétorique) et le début du XVIe siècle (L’Instructif de la Seconde Rhétorique, placé en tête de l’édition de 1501 du Jardin de Plaisance). Certains d’entre eux comportent une table des rimes et détaillent les différentes variétés de rimes pratiquées par les Grands Rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle (par exemple l’Art de rhétorique vulgaire de Jean Molinet).


asianisme. On doit ce terme aux théories de Cicéron (Brutus), qui rattachait les caractères de style à l’origine géographique des orateurs : selon lui en effet, les rhéteurs d’Asie Mineure (actuelle Turquie) avaient un style caractérisé par l’ampleur, par l’usage abondant de figures et par la variété des procédés ; c’est le style fleuri par excellence. Dans la tradition rhétorique qui a suivi, l’asianisme a souvent été assimilé, de façon péjorative, à un style enflé et vide, par opposition à la rigueur et à la clarté de l’atticisme. Aux siècles modernes, l’asianisme est souvent associé au baroque, par opposition au classicisme.

assonance (n. f.). Le mot désigne plusieurs phénomènes : - une catégorie d’homophonies finales en prosodie : c’est la répétition de la même dernière voyelle tonique de vers, quelles que soient les consonnes qui éventuellement suivent. Exemple : l’assonance en [a] entre tendres et tremble dans ce quatrain de René Char : L’ouragan dégarnit les bois. J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres. Laissez le grand vent où je tremble S’unir à la terre où je crois. (Le Nu perdu.) L’assonance est antérieure à la rime dans la versification française, et a été le système prédominant jusqu’au XIIIe siècle. On la retrouve dans le vers moderne, mais aussi comme élément d’unité phonique entre des rimes tout à fait traditionnelles : c’est ainsi que le célèbre poème de Mallarmé « Le vierge, le vivace... » a des rimes qui sont toutes reliées par une assonance en [i].
— une répétition remarquable et proche (par exemple dans un vers ou dans un groupe rythmique et syntaxique) de phonèmes vocaliques. Exemple, dans ce vers d’Apollinaire (Alcools, « La Chanson du Mal-Aimé ») :



astéisme (n. m., du grec asteismos, « urbanité »). Forme d’ironie badine et raffinée qui déguise louange ou flatterie sous les apparences du blâme. Exemple d’une épître de Boileau à Louis XIV donné par Fontanier : Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire... Encor si ta valeur, à tout vaincre obstinée, Nous laissait pour le moins respirer une année !... Mais à peine Denain et Limbourg sont forcés, Qu’il faut chanter Bouchain et Condé terrassés...


asyndète (n. f., du grec a, privatif, et sundeïn, « joindre »). Absence de mot de liaison logique entre des groupes syntaxiques, des propositions, des phrases ou même des paragraphes. Exemple de Léon-Paul Fargue (Poèmes, 1912) : Ho! Qu’y a-t-il! La rampe lumineuse monte. Les vapeurs du lac se résolvent. Un cratère de musique s’ouvre. Les tables chatoient de mets fleuris. La croûte d’un masque tombe : une bouche bien vivante mord la mienne. Une main inquiète et dont les bagues me blessent m’entraîne dans la danse!

atticisme. Au sens strict, ce mot désigne la façon de parler des Grecs originaires d’Athènes (l’Attique) : par extension, Cicéron le présente comme le style des meilleurs orateurs grecs classiques (Lysias, Isocrate, Démosthène). C’est un style pur (du point de vue grammatical et lexical), qui repose sur la clarté et la brièveté, en refusant toute amplification superflue. Toute sa valeur repose en fait, dans l’histoire de la rhétorique occidentale, sur le couple qu’il forme avec l’asianisme, auquel toutes ses caractéristiques l’opposent (Cicéron, Brutus). Au XVIIe siècle, en France, le terme a été employé par les critiques pour décrire le style élégant et pur de la bonne langue française : à ce titre, il est l’exact équivalent du classicisme.


aubade. Forme poétique de la fin du Moyen Age (elle apparaît peu avant le XVe siècle), qui se présente comme un chant prononcé par l’amant devant l’éveil de sa bien-aimée. Il ne faut pas la confondre avec la chanson d’aube.

audengière (n. f.). Poème parodique du xiiie siècle en laisses douzaines (suites de douze alexandrins monorimes) qui raconte les aventures ridicules d’un chevalier nommé Audengier ou Audigier. auteur. La personne qui a écrit un ouvrage, littéraire ou autre : Flaubert est l’auteur de Madame Bovary. L’auteur se définit en termes juridiques : « droits d’auteur ». Il s’agit d’une notion plus compliquée qu’il n’y paraît. Certaines grandes œuvres littéraires n’ont pas d’auteur qu’on puisse désigner clairement : l'liade, l’Odyssée et nombre de grandes épopées médiévales sont dans ce cas. Des phénomènes d’intertextualité conduisent à problématiser au moins cette notion : Sade ou Lautréamont recopient des textes et les intègrent dans leurs œuvres. L’originalité n’a pas toujours été une valeur. Différents jeux littéraires rendent délibérément impossible l’assignation d’un texte à un auteur : jeux sur l’anonymat, le pseudonyme, l’écart entre des pseudonymes différents. On a tendance parfois à confondre l’auteur avec le narrateur, le scripteur, voire le héros d’une œuvre et on devrait réserver, en toute rigueur, le terme d’auteur à certaines modalités de présence textuelles, « interventions d’auteur », « mots d’auteur ». Au théâtre, où la création est nécessairement collective, la notion d’auteur est encore plus problématique.

autobiographie. Récit (généralement long et en prose) qu’un écrivain fait de sa propre vie ou d’une partie de sa vie. On considère souvent comme textes fondateurs du genre les Confessions de saint Augustin (vers 400) et celles de Jean-Jacques Rousseau (1782-1789). L’autobiographie serait aussi caractérisée par une revendication de véridicité, des gages de sincérité qui garantissent ce que l’on appelle avec Ph. Lejeune le « pacte autobiographique ». On tend d’ailleurs à réserver le terme d’« autobiographie » aux ouvrages où la composante psychologique et intime domine, tandis que l’appellation générique Mémoires, plus ancienne, est préférée pour les récits de vie où domine la réflexion politique et philosophique, où sont présentés des événements ou des actions dans leur contexte historique : Mémoires du duc de Saint-Simon (1694-1752), Mémoires d’outretombe (F.-R. de Chateaubriand, 1849-1850). L’autobiographie est considérée en France comme un genre littéraire majeur qui a donné de nombreux chefs-d’œuvre : Si le grain ne meurt (A. Gide, 1924), Les Mots (J.-P. Sartre, 1964), etc.

Autobiographie. Genre littéraire surtout fréquent dans la littérature occidentale qui se développe avec l’expansion de l’introspection liée au christianisme dans la pratique de l’examen de conscience. Au sens strict, il s’agit d’un récit, le plus souvent en prose, par lequel un narrateur qui a réellement existé raconte sa propre vie. Le récit est rétrospectif, alors que dans le journal intime, il se fait au jour le jour. L’autobiographie fait partie de la littérature narrative, mais se distingue, du moins théoriquement, des romans dont le narrateur est en même temps un personnage (narrateur intradiégétique), en ce qu’elle ne présente pas une fiction, mais est censée être fidèle aux événements réellement survenus -dans la vie du narrateur. Il est bien évident qu’en pratique, soit parce que le souvenir s’estompe et que les événements sont recomposés, soit par souci d’embellir, ou de noircir la réalité, l’image de la vie donnée dans l’autobiographie et la vie elle-même peuvent être très différentes. L’autobiographie se distingue des mémoires (Mémoires du cardinal de Retz, Mémoires du général de Gaulle) - on prendra garde au titre de Mémoires souvent donné à ce qui est plutôt une autobiographie - en ce que dans celles-ci l’attention ne se centre pas sur le moi, mais sur une époque, comme dans les chroniques. Enfin, l’autobiographie implique un dessein global, une mise en intrigue pour reprendre un terme utilisé par Ricœur à propos du roman, qui la distingue d’un simple livre de souvenirs. L’autobiographie présente le bilan d’une vie quasiment achevée (Mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand), d’une enfance ou d’une jeunesse (Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse), d’un moment ou d’un aspect de la vie particulièrement importants (Edgar Quinet, Histoire de mes idées). Elle est un instrument privilégié de la connaissance de soi. On comprend alors que le terme de «confessions» soit parfois employé (Confessions de Saint-Augustin, de Jean-Jacques Rousseau) lorsque cette réflexion sur soi s’accompagne plus particulièrement d’un but moral.
Le genre autobiographique est lui, plus large, et comprend également par exemple les récits de souvenirs, le journal intime, les romans inspirés par la vie de l’auteur et que l’on qualifie de romans autobiographiques ou romans autobiographies comme L'Homme foudroyé de Cendrars, A la Recherche du temps perdu de Proust, Mort à crédit ou Voyage au bout de la nuit de Céline. > Chronique, journal intime, narration, temps • Lejeune Ph., L'Autobiographie en France, 1971, Paris, A. Colin; Le Pacte autobiographique, 1975, Paris, Seuil.

autodiégétique. Dans la terminologie de G. Genette, est autodiégétique un narrateur qui raconte une histoire dont il est le personnage principal. Il s’agit donc d’un cas particulier de narration homodiégétique. Le narrateur d’A la recherche du temps perdu est autodiégétique ; celui du Grand Meaulnes (Alain-Fournier) ne l’est pas, puisqu’il conte d’abord l’histoire de son ami.


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