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antanaclase antépiphore antiphrase antistrophe antithèse antonomase antonymie aparté aphérèse aphorisme apocope apodose apologie

antanaclase (n. f., du grec antanaclasis, « répétition d’un mot en un autre sens »). Cette figure de mots consiste à reprendre deux fois le même mot, dans une même phrase, mais avec une variation de sens : le cœur a ses raisons que la , raison ne connaît pas (Pascal) (dans la première occurrence, « raisons » équivaut à « motivations », dans la seconde, le mot désigne la faculté rationnelle de l'esprit). antépiphore (n. f., du grec anta, « en face, devant », épi, « au-dessus, à la suite », et phéreïn, « porter »). Répétition, en tête et en fin d’ensemble verbal (paragraphe) ou poétique (strophe) d’un même syntagme ou d’un même vers, avec effet de refrain partiel : Bonne gens qui m’écoutes, c’est Paris, Charenton compris. Maison fondée en... à louer. Médailles à toutes les expositions et des mentions. Bail immortel. Chantiers en gros et en détail de bonheurs sur mesure. Fournisseurs brevetés d’un tas de majestés. Maison recommandée. Prévient la chute des cheveux. En loteries ! Envoie en province. Pas de morte-saison. Abonnements. Dépôt, sans garantie de l’humanité, des ennuis les plus comme il faut et d’occasion. Facilités de paiement, mais de l’argent. De l’argent, bonne gens ! (Jules Laforgue, Les Complaintes, « Grande complainte de la ville de Paris ».) antiphrase (n. f.). Cette figure de pensée consiste à exprimer explicitement le contraire de ce que l’on veut dire en réalité ; dire, par exemple, "bravo !" à quelqu’un qui vient de commettre une maladresse ; elle convient particulièrement à l’expression de l’ironie. antistrophe (n. f., du grec anti, « contre, à l’opposé », et strophe, « tour »). A l’origine, tour d’autel, inverse de celui de la strophe, que faisait le chœur antique en psalmodiant le second mouvement de son chant, de même forme que le premier. Nom également donné au second élément de la triade (strophe, antistrophe, épode) dans l’ode pindarique.


antithèse (n. f.). Cette figure consiste à opposer fortement deux mots ou deux idées : Et monté sur le faîte, il aspire à descendre (Corneille, Cinna, II, 1). Lorsqu’elle structure plus largement l’argumentation, elle convient particulièrement à l’écriture sentencieuse : La passion fait souvent un fou du plus habile homme et rend souvent les plus sots habiles (La Rochefoucauld, Maximes). Elle peut structurer un texte entier (comme, par exemple, les stances du Cid). C’est par excellence une figure liée au genre délibératif (voir ce mot).

Antithèse. Figure qui consiste à rapprocher deux unités aux significations opposées. Elle peut ne mettre en jeu que des mots, liés par tous les types de rapport de l’antonymie :
Loin de vous la ravir, on va vous la livrer [...] (Racine, Bérénice)
L’église du bon Dieu n’est que votre buvette. (Hugo, La Religion est glorifiée)
mais elle implique aussi souvent une construction syntaxique particulière, comme la négation :
C’est l’otage de Rome, et non plus votre fils. (Corneille, Nicomède)
ou le renversement :
Il [ l’homme] ne veut pas qu’on lui dise la vérité, il évite de la dire aux autres. (Pascal, Pensées)
et repose souvent sur un parallélisme :
Je vous blâmais tantôt, je vous plains à présent. (Corneille, Le Cid)
On peut considérer comme un cas particulier d’antithèse l'oxymore qui lie syntaxiquement des mots opposés, comme un substantif et un adjectif ou un substantif et un verbe :
Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit. (Hugo)

antonomase (n. f., du grec anti, « contre, à la place de », et onoma, « nom »). Cas particulier de la synecdoque et de la métonymie, qui consiste : - soit à employer un nom propre à la place d’un nom commun : un Tartuffe (pour un hypocrite) ; - soit, à l’inverse, à employer un nom commun pour un nom propre (L’Empereur pour Napoléon) ou un groupe nominal à la place d’un nom propre : N’est-ce point à vos yeux un spectacle assez doux Que la veuve d’Hector pleurant à vos genoux ? (Racine, Andromaque, III, 4.) Dans cet exemple, l’antonomase joue aussi comme périphrase.

antonymie. Sont antonymes deux unités lexicales de sens contraire. On distingue traditionnellement trois types de relation antonymique : gradable (les antonymes correspondent aux extrémités d’une gradation, sur le modèle chaleur/froideur, heureux/malheureux : On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal} ; converse (lorsque les deux antonymes sont unis par une relation de réciprocité sur le modèle mari/femme, prê-ter/emprunter : La louange [...] satisfait différemment celui qui la donne et celui qui la reçoit} ; complémentaire (lorsque les antonymes correspondent à des paires exclusives masculin/féminin, mort/vivant : La bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l'esprit, La Rochefoucauld, Maximes).

Antonymie. Relation lexicale qui unit deux termes opposés. Son antonyme est la synonymie. L’antonymie s’établit entre deux termes qui ont une communauté de sens, par exemple bavard et taciturne, qui désignent une attitude face à la parole. Les antonymes absolus s’excluent toujours, comme loin ou près, et les antonymes partiels ne s’opposent que dans certains contextes, comme libertin qui s’oppose entre autres selon les cas à chaste, religieux ou croyant. Les antonymes les plus nets sont les termes contraires : présent et absent, voyant et aveugle, etc. D’autres portent sur des oppositions polaires de termes entre lesquels existent des intermédiaires : blanc et noir, chaud et froid, sur des termes incompatibles à l’intérieur d’une série : bleu, vert, jaune, ou sur des oppositions relatives, père et fils, devant et derrière, l'un et l' autre, etc.

aparté (n. m., de l'italien a parte, « à l’écart »). Convention du jeu théâtral : un acteur feint de se parler à lui-même, « à part », à l’insu des autres personnages qui sont sur la scène. Même s’il est clamé, l’aparté est censé échapper à toute autre personne qu’au spectateur. L’aparté sert à commenter l’action, souvent de façon comique, à communiquer au spectateur les sentiments du personnage. Il permet des jeux de scène variés et introduit souvent une distance dans la mesure où il constitue une adresse aux spectateurs.

aphérèse (n. f., du grec apo, « à l’écart, en séparant de », et hairesis, « action de prendre, de choisir »). Suppression d’un phonème ou d’une syllabe en début de mot. Exemple : « ’tention » pour « attention ! ».
aphorisme (n. m., du grec aphorismos, « définition »). Phrase d’allure sentencieuse qui énonce une vérité de portée générale, qui fait la synthèse d’une expérience. Exemple de Corneille (Le Cid, II, 7). Qu'on est digne d'envie Lorsqu'en perdant la force on perd aussi la vie.

apocope (n. f., du grec apokopè, lat. apocopa, « retranchement »). Annulation prosodique d’un e final de mot non élidable. En poésie régulière, elle ne se produit qu’en fin de vers. Dans le cas de la césure dite « épique » elle a lieu en fin d’hémistiche, et à l’intérieur de l’hémistiche en cas de coupe « épique ».
Dans les chansons ou les poèmes à tonalité populaire, l’apocope est marquée par une apostrophe :
C’est d’un’ maladie d’cœur Qu’est mort’, m’a dit l’ docteur, Tir-lan-laire ! Ma pauv’ mère ; [...] (Jules Laforgue, « Chanson du petit hypertrophique »).
Le mot s’applique aussi à la suppression de phonèmes ou de syllabes en fin de mot, dans la langue courante (vélo pour vélocipède, ou métro pour métropolitain).


apodose (n. f., du grec apodosis, « restitution » et en rhétorique « proposition en relation avec une proposition antérieure appelée protasis). Partie descendante de la phrase périodique, qui la termine. Pour un exemple de période, voir l’article acmé.

apologie. Défense orale ou écrite d’une personne, d’une collectivité, d’une institution ou d’une philosophie. Ce n’est pas un genre littéraire à proprement parler, car elle peut revêtir bien des formes. Plus une société est agitée de courants contraires, plus les apologies se développent. Les humanistes connaissaient l'Apologie de Socrate, de Platon. Les apologies furent nombreuses dans la France moderne, notamment aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Érasme s’est défendu lui-même contre de nombreux adversaires, aussi bien catholiques que protestants. Montaigne a prétendu défendre la philosophie de Raymond Sebond dans un immense chapitre des Essais (II, 12).
L’apologie relève de l’art de défendre et de persuader qui est au cœur de la rhétorique.



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