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abbaye de Créteil. Nom sous lequel on désigne le groupe d’artistes qui vécurent en communauté de décembre 1906 à janvier 1908 : des poètes (René Arcos, Henri Martin-Barzun, Georges Duhamel, Alexandre Mercereau et Charles Vildrac) ainsi que le peintre Albert Gleizes et le typographe Lucien Linard. Sans doctrine partagée (il faut distinguer l’Abbaye de l’unanimisme de Jules Romains), les membres du Groupe trouvèrent simplement à Créteil, loin du parisianisme, une sociabilité nouvelle et la liberté de poursuivre leurs œuvres tout en pratiquant le métier d’éditeur-imprimeur.


abondance. L’abondance est un des caractères du style élevé ; elle consiste à agrandir la période, grâce à l’usage d’ornements nombreux, figures de répétition, exportions, métaphores, digressions. Elle va de pair avec l'amplification, dont elle est un des procédés. On l’associe traditionnellement à l’asianisme, par opposition à la brièveté du style attique. L’abondance est une des qualités majeures de la péroraison, et elle est efficace pour émouvoir l’auditoire (pathos). On l’associe le plus souvent au genre démonstratif ou épidictique.

académie. Au XVIe siècle, les humanistes tentent de prendre exemple sur les réunions amicales et plus ou moins informelles où les Grecs discutaient de philosophie. C’est dans cet esprit que Marsile Ficin crée à Florence, dans les années 1470, une académie platonicienne, modèle de toutes celles qui suivront. Le mouvement des Académies fut important surtout en Italie au XVIe siècle, mais il gagna la France, où Baïf fonda en 1570 l’Académie de Poésie et de Musique, qui fut suivie par l’Académie du Palais, animée par Henri III. Au XVIIe siècle sont créées de nombreuses académies publiques ou privées dans toutes les disciplines, et à côté des académies nationales, les académies de province se développeront encore au siècle suivant. La plus célèbre est bien sûr l’Académie française, fondée par Richelieu en 1635 ; il s’agit à l’origine de réunions informelles chez Valentin Conrart (1603-1675), qui en sera le premier secrétaire. Richelieu sut saisir l’occasion pour regrouper autour de lui des hommes de lettres, afin de contrôler la production littéraire, mais aussi et surtout pour travailler à la promotion de la langue française, grâce à des travaux linguistiques (dictionnaire, grammaire, rhétorique et poétique) destinés à la fixer et à la régler : le Dictionnaire ne verra le jour qu’en 1694 ; l’Académie est un lieu central de la vie littéraire du XVIIe siècle. Elle est appelée dès ses origines à statuer sur la valeur du Cid (1637) ; Vaugelas y élabore ses. Remarques sur la langue française (1647) ; enfin, c’est à ses membres que l’on doit la défense de la langue française contre la prééminence du latin (Charpentier, De l'excellence de la langue française, 1683), avant d’y voir louer le « siècle de Louis Le Grand » par Perrault (1687), ce qui déclenchera la fameuse querelle des Anciens et des Modernes. Au XVIIIe siècle, les travaux de l’Académie conduisent peu à peu à affirmer l’existence d’auteurs « classiques » français (notamment avec les travaux de Voltaire sur Corneille) ; ce siècle affine aussi le travail sur le dictionnaire, la grammaire (Dangeau) et surtout l’orthographe, dont on cherchait la simplification et la rationalisation. Après l’interruption due à la Révolution (qui la supprime en 1793 et crée l’institut en 1796) et l’adoption de nouveaux statuts en 1816, l’Académie poursuit ses travaux, en débattant notamment de la réforme orthographique ; elle est surtout un des lieux de la guerre entre classiques et romantiques (élection de Lamartine en 1829, de Hugo en 1841 ou de Musset en 1852).


accent. La notion d’accent est très discutée dans la mesure où il n’est pas évident que ce qui vient marquer les unités de souffle puisse être appelé accent. Néanmoins, sous l’influence des langues et des versifications italienne et espagnole, l’existence d’une marque qu’on a appelée accent par analogie a été reconnue par l’abbé Scoppa au début du XIXe siècle. Cette marque accentuelle se place sur la dernière syllabe non caduque du mot ou du groupe de mots (c’est l’accent tonique) avec, sur la diction, des effets d’intensité, de durée et de hauteur. Une telle notion permet d’analyser des effets de rythme aussi bien dans la prose que dans les vers. Exemples de progression dans ce vers d’Apollinaire : Le mai / le joli mai / en barque sur le Rhin 2 4 6 et dans cette phrase qui sert de clausule à l’un des discours de Perdican dans On ne badine pas avec l'amour de Musset : C'est moi qui ai vécu, (6) et non pas un être factic(e) (8) créé par mon orgueil et mon ennui (10). accidents. Terme utilisé, notamment par Pierre Larthomas, pour désigner tous types de perturbation du dialogue de théâtre et qui relèvent de niveaux différents selon qu’ils affectent le langage (impossibilité de parler, lapsus, mots qu’on cherche, incompréhensions, interruptions) ou la langue (fautes de vocabulaire, de prononciation ou de grammaire, tics en tout genre). Les accidents donnent au dialogue de théâtre la vie et une dimension réaliste. Ils sont créateurs de sens et d’effets comiques, poétiques ou pathétiques : — Hé! il m’a... /— Quoi?/ — Pris /— Euh ! /— Le... /— Plaît-il? /— Je n’ose (Molière, L’Ecole des femmes, II, 5). Certains accidents peuvent être analysés en rhétorique comme tropes ; c’est en effet une forme de la réticence (ou aposiopèse). Les accidents offrent au comédien des possibilités de jeu et les mettent en valeur avec des effets de soulignement.

Accent. Élément de la prosodie d’une langue, phénomène suprasegmental qui échappe à l’analyse en phonèmes. L’accent, à des degrés divers, fait intervenir l’intensité, la quantité, la durée et la hauteur du son. En français, c’est surtout la durée et l’intensité qui jouent un rôle. On distingue deux types d’accents, un accent dit externe ou d’emphase qui frappe en français la première syllabe d’un mot que l’on veut mettre en relief : Il est vraiment admirable ! et un accent interne proprement linguistique, important pour l’intonation. Cet accent est dans certaines langues comme l’italien, l’anglais, les langues anciennes, un accent obligatoire sur tous les mots non grammaticaux : Il poverétto piànge. (Le malheureux pleure.) En français, c’est un accent de groupe. En effet, il ne caractérise pas les mots, mais se place sur la dernière syllabe d’un groupe syntaxique et sémantique, sauf si cette syllabe comprend un e muet, qui ne peut jamais porter d’accent : Au loin, s’élève une fumée blanche. On constate statistiquement que l’accent délimite des groupes qui ont de 3 à 7 syllabes, et surtout 3 ou 4 syllabes, régularité essentielle pour la création du rythme linguistique utilisé en poésie.


accumulation. Forme d’énumération par démultiplication à l’aide de syntagmes de natures et de fonctions semblables : ... Mer de Baal, Mer de Mammon ; Mer de tout âge et de tout nom ! Mer utérine de nos songes et Mer hantée du songe vrai, Blessure ouverte à notre flanc, et chœur antique à notre porte, O toi l’offense et toi l’éclat ! toute démence et toute aisance, Et toi l’amour et toi la haine, l’inexorable et l’Exorable, O toi qui sais et ne sais pas, ô toi qui dis et ne dis pas, Toi de toutes choses instruite et dans toutes choses te taisant, Et dans toutes choses encore t’élevant contre le goût des larmes, Nourrice et mère, non marâtre, amante et mère du puîné. (Saint-John Perse, Amers, « Chœur » 5.) acmé (n. m., du grec akmè, « pointe »). Utilisé en stylistique et en rhétorique pour désigner le point culminant de la phrase périodique, point d’articulation entre la montée (protase) et la descente (apodose) : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n ’est qu ’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; [acmé] mais il y a au monde une chose sainte et sublime, cest l union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux.
(Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour, II, 5.) (M.A.) acronyme (n. m., du grec akros, « extrémité », et onuma, éolien pour onoma, « nom »). Suite d’initiales abréviatives qui peut être prononcée comme une unité lexicale à part entière. Exemple : l’ENA prononcé [ena] pour Ecole nationale d’administration.


acrostiche (n. m., du grec akros, « extrémité », et stikhos, « vers ») . Mode de composition poétique par lequel les majuscules (ou les mots) qui commencent chaque vers forment le nom d’une personne ou d’une chose (ou encore une phrase). C’est ainsi que François Villon signe en acrostiche l’envoi de la « Ballade pour prier Notre Dame » : Vous portastes, digne Vierge, princesse, lesus régnant qui na ne fin ne cesse. Le Tout Puissant, prenant nostre foiblesse, Laissa les cieulx et nous vint secourir, Offrit a mort sa très chiere jeunesse ; Nostre Seigneur tel est, tel le confesse : En ceste foy je vueil vivre et mourir. (François Villon, Le Testament.)



Acrostiche. Poème ou fragment de poème tel que les premières lettres de chaque vers forment un nom, souvent le nom propre de l’auteur ou du destinataire : La nuit descend On y pressent
Un long un long destin de sang (Apollinaire, Si je mourais là-bas /, poème envoyé à sa maîtresse, Lou)
Il est très fréquent à la fin du Moyen Age et dans la poésie de salon du xviie siècle.



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