Devoir de Philosophie

Voltaire, Candide, chapitre XXIX

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

voltaire
Voltaire, Candide, chapitre XXIX Les premiers objets qui se présentèrent furent Cunégonde et la vieille, qui étendaient des serviettes sur des ficelles pour les faire sécher. Le baron pâlit à cette vue. Le tendre amant Candide en voyant sa belle Cunégonde rembrunie, les yeux éraillés, la gorge sèche, les joues ridées, les bras rouges et écaillés, recula trois pas, saisi d'horreur, et avança ensuite par bon procédé. Elle embrassa Candide et son frère: on embrassa la vieille: Candide les racheta toutes deux. Il y avait une petite métairie dans le voisinage; la vieille proposa à Candide de s'en accommoder, en attendant que toute la troupe eût une meilleure destinée. Cunégonde ne savait pas qu'elle était enlaidie, personne ne l'en avait avertie: elle fit souvenir Candide de ses promesses avec un ton si absolu, que le bon Candide n'osa pas; la refuser. Il signifia donc au baron qu'il allait se marier avec sa soeur. Je ne souffrirai jamais, dit le baron, une telle bassesse de sa part, et une telle insolence de la vôtre; cette infamie ne me sera jamais reprochée: les enfants de ma soeur ne pourraient entrer dans les chapitres d'Allemagne. Non, jamais ma soeur n'épousera qu'un baron de l'empire. Cunégonde se jeta à ses pieds, et les baigna de larmes; il fut inflexible. Maître fou, lui dit Candide, je t'ai réchappé des galères, j'ai payé ta rançon, j'ai payé celle de ta soeur; elle lavait ici des écuelles, elle est laide, j'ai la bonté d'en faire ma femme; et tu prétends encore t'y opposer ! je te retuerais si j'en croyais ma colère. Tu peux me tuer encore, dit le baron, mais tu n'épouseras pas ma soeur de mon vivant.

Liens utiles