UNE ATTARDÉE DU ROMANTISME : ANNA DE NOAILLES
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UNE ATTARDÉE DU ROMANTISME : ANNA DE NOAILLES
Née à Paris, ANNA-ELISABETH DE BRANCOVAN était fille d'un prince roumain.
Par sa mère, elle descendait d'une
famille grecque.
Son mariage avec le comte Mathieu DE NOAILLES fit d'elle une française.
Barrès, avec qui elle fut
très liée, aimait et flattait en elle l'Orientale.
Elle concilia du mieux qu'elle put la fidélité à ses origines et son
attachement à la culture et à la tradition françaises.
A travers son recueil Les Vivants et les Morts, on entrevoit
une grande passion interrompue par la mort de l'être aimé.
Puis vint la maladie.
Anna de Noailles était trop païenne
pour se résigner à la perte de la santé, du bonheur et de la jeunesse.
Sa poésie devint une longue plainte, d'ailleurs
magnifiquement orchestrée.
A la fin, lorsqu'il ne lui fut plus possible de se faire illusion sur son état, elle supporta ses
souffrances avec un stoïcisme émouvant.
PRINCIPALES ŒUVRES
Le Cœur innombrable (1901), Les Éblouissements (1907), Les Vivants et les Morts (1913), Les Forces éternelles
(1920), L'Honneur de souffrir (1927) : poèmes.
Elle paraît avoir été indifférente au grand travail de rénovation poétique accompli par le symbolisme.
La clarté de son
style, la simplicité de sa technique,
sa virtuosité lyrique la rattachent au romantisme.
Romantique, elle l'est encore par son besoin de confidences, sa
puissance d'émotion, son amour sensuel de la vie, son adoration de la nature et le retour fréquent dans son oeuvre
des thèmes de la douleur et de la mort.
Avait-on même jamais vu pareil déchaînement de sensibilité? « Le coeur me
bat avec plus de violence qu'aux corybantes », dit-elle dans Les Éblouissements; et dans Les Forces éternelles : «
Je défaillais de frénésie ».
La passion ou l'angoisse lui arrachent de véritables cris, comme celui-ci : « Je suis morte
déjà, puisque je dois mourir ».
Mais elle n'éprouve pas le besoin de la présence divine : sur ce point, elle s'écarte du
romantisme.
Son tempérament de femme lui permet d'apercevoir des nuances très fines et de dire les choses spontanément,
sans effort, dans une effusion de sa riche nature.
Mais elle n'évite pas toujours l'extravagance.
Elle parle de la «
joviale odeur de la neige », d'un cri d'oiseau qui « bourgeonne et verdoie.
» Ses meilleurs poèmes sont ceux de sa
jeunesse.
Les autres sont trop volubiles : car, ainsi que le note sans aménité la romancière Colette, elle agitait
autour d'elle « des paroles nombreuses, comme autant de voiles qu'exigeait sa pudeur»..
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