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Un écrivain contemporain déclare: C'est une profonde erreur de porter un roman à l'écran. Partagez-vous ce sentiment ?

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  1)      Une sublimation par l'image   L'adaptation cinématographique peut permettre de sublimer une oeuvre romanesque en la mettant en image. L'image peut révéler davantage que les mots l'intensité de certaines scènes et produire ainsi une émotion plus forte et rendre plus saisissant le message du romancier. La sublimation par l'image opère souvent dans les scènes comiques, qui, figurées concrètement inspirent un rire spontané, ou dans les scènes, au contraires, tragiques ou pathétiques, ou la souffrance exprimée par les traits du visages, par les attitudes concrètes suscite souvent davantage d'émotion que les simples mots. Ex : ·         Adaptation de La guerre des boutons, roman de Louis Pergaud, par Yves Robert : sublimation des scènes cocasses du roman qui acquièrent par l'image une plus forte densité comique ( cf. aussi puissance comique accrue du personnage de Petit Gibus) ·         Adaptation de Germinal par Claude Berry en 1993 : incarnation poignante de la souffrance d'Etienne Lantier et à travers lui de tous les mineurs, par Renaud. L'image rend la réalité plus frappante et l'émotion plus vive.   2)      Une ouverture à un public plus large   L'adaptation cinématographique d'une oeuvre romanesque permet souvent de la faire connaître à un plus large public, un public, par exemple, non érudit, ne pratiquant pas la lecture. Elle permet ainsi de promouvoir les grands classiques de la littérature, afin de les faire connaître aux plus grands nombres ( cf . Les adaptations actuelles pour la télévision des nouvelles et des romans de Maupassant + les adaptations pour la télévision de nombreux « classiques » par Josée Dayan : Les Misérables,  Le Comte de Monte Christo, Les liaisons dangereuses, Les Rois Maudits, etc...), et parfois de mettre en avant des romans peu connus, qui connaissent un succès après leur adaptation. L'adaptation cinématographique peut aussi permettre une actualisation intéressante d'oeuvres datées, remises aux goûts et aux problématiques actuels (cf.

« Analyse du sujet et problématisation : Le sujet porte sur une forme particulière de réécriture : l'adaptation cinématographique d'une œuvre littéraire, et, plus précisément, d'un roman. Dans ce sujet, un jugement négatif est porté sur cette forme de réécriture. Par « porter un roman à l'écran »,on entendra les adaptations au cinéma, mais aussi à la télévision de romans. Problématique : L'adaptation cinématographique d'une œuvre romanesque ne présente-t-elle aucun intérêt ? Offre-t-elle toujours un reflet dégradé de l'oeuvre littéraire ? Ce sujet met finalement en jeu la portée et les limites du 7ème art par rapport à l'art littéraire.

Il invite à statuer sur les notions d'art majeur et d'art mineur. I) La déception fréquente face aux adaptations cinématographiques d'œuvres romanesques.

(ou la supériorité du roman sur le film) Certes, les adaptations à l'écran de romans s'avèrent souvent déceptive par rapport aux œuvres littéraires, dans lesquelles elle sont obligées de sélectionner des passages, de modifier certains pans de l'intrigue, etc. 1) La richesse illimitée du roman ne peut être représentée à l'écran Le roman laisse libre cours à l'imagination du romancier qui peut se laisser aller aux développements les plus farfelus.

Le romancier, lorsqu'il conçoit son œuvre n'a pas à l'esprit les contraintes nécessaires à l'adaptation cinématographique : la richesse thématique et descriptive d'un roman ne peut donc se retrouver, à l'identique dans un film.

Le roman peut restituer, par exemple toutes les nuances abstraites de la psychologie humaine, ce qu'un réalisateur va avoir du mal à faire ressortir à l'écran, à moins de superposer à l'image des passages lus du roman, témoignant ainsi de la supériorité de ce dernier. Cf.

Le jugement de Simone de Beauvoir sur les adaptations de romans à l'écran : « l'adaptation d'un roman à l'écran est presque toujours regrettable.

Le visage d'Emma Bovary est indéfini et multiple, son malheur déborde son cas particulier ; sur l'écran je vois un visage déterminé, et cela diminue la portée du récit.

» Ex : les premières adaptations de Frankenstein de Marie Schelley n'ont pu, par manque d'avancée technologique dans le cinéma, restituer fidèlement la dimension fantastique du roman ( le fantastique paraît artificiel) : cf.

la première adaptation en 1910, en film muet, par J.

Searle Dawley 2) Le roman ménage un suspense et une intrigue très développée, souvent irreprésentable à l'écran. Les adaptations cinématographiques sont souvent contraintes à des impératifs de durée et de budget, les empêchant ainsi de transmettre les moindres détails de l'intrigue romanesque.

Le réalisateur doit choisir certains passages qui lui semblent les plus marquants et en laisser d'autres de côté.

Ce choix influe parfois sur le suspense de l'œuvre qui apparaît comme amoindri dans l'adaptation.

Ces choix tendent d'ailleurs parfois à trahir le message du romancier, le réalisateur tendant à s'approprier l'œuvre littéraire afin de lui faire véhiculer un message qui lui est propre. Ex : · Adaptation du Da Vinci Code très controversée, relevant le défi de représenter en 2h30 les 574 pages du roman de Dan Brown : l'intrigue perd de son suspense et de sa richesse. · Adaptation du roman à succès de Khaled Hosseini, Les Cerfs-Volants de Kaboul, par Marc Forster qui retrace, à travers le récit d'une amitié brisée, le destin de l'Afghanistan depuis 1979.

Le film a été jugé, par certains journalistes, comme véhiculant « une vision manichéenne et totalement pro-américaine de l'histoire, renvoyant dos à dos les communistes et les talibans, vantant les vertus du courage, de la virilité, et de la réussite sociale.

» (Le Monde) · Terence Fisher, pour réaliser Le Chien des Baskerville, dispose d'un petit budget.

Il supprime donc la scène de poursuite à travers Londres ainsi que le personnage annexe de Laura Lyons. 3) Le roman stimule l'imagination du lecteur Le roman, ne représentant les choses que par les mots, tend à stimuler l'imagination du lecteur qui se représente à sa façon les personnages et les lieux.

L'adaptation à l'écran empêche ce plaisir de la rêverie et de l'imagination en proposant une image unique et fixe qui parfois provoque la déception chez le spectateur.

C'est souvent le cas lors d'adaptation de romans fantastiques se déroulant dans des paysages totalement irréels, appelant des représentations propres à l'imagination particulière de chaque lecteur ( cf.

adaptation du Seigneur des Anneaux ou de Harry Potter) II) Les apports de l'adaptation cinématographique Cependant l'adaptation à l'écran peut apporter au roman et avoir un intérêt non négligeable. 1) Une sublimation par l'image. »

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