Un écrivain contemporain déclare: C'est une profonde erreur de porter un roman à l'écran. Partagez-vous ce sentiment ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation :
Le sujet porte sur une forme particulière de réécriture : l'adaptation cinématographique d'une œuvre
littéraire, et, plus précisément, d'un roman.
Dans ce sujet, un jugement négatif est porté sur cette forme de réécriture.
Par « porter un roman à l'écran »,on entendra les adaptations au cinéma, mais aussi à la télévision de
romans.
Problématique : L'adaptation cinématographique d'une œuvre romanesque ne présente-t-elle aucun
intérêt ? Offre-t-elle toujours un reflet dégradé de l'oeuvre littéraire ?
Ce sujet met finalement en jeu la portée et les limites du 7ème art par rapport à l'art littéraire.
Il invite à
statuer sur les notions d'art majeur et d'art mineur.
I)
La déception fréquente face aux adaptations cinématographiques d'œuvres
romanesques.
(ou la supériorité du roman sur le film)
Certes, les adaptations à l'écran de romans s'avèrent souvent déceptive par rapport aux œuvres littéraires,
dans lesquelles elle sont obligées de sélectionner des passages, de modifier certains pans de l'intrigue, etc.
1)
La richesse illimitée du roman ne peut être représentée à l'écran
Le roman laisse libre cours à l'imagination du romancier qui peut se laisser aller aux développements les plus
farfelus.
Le romancier, lorsqu'il conçoit son œuvre n'a pas à l'esprit les contraintes nécessaires à l'adaptation
cinématographique : la richesse thématique et descriptive d'un roman ne peut donc se retrouver, à l'identique dans
un film.
Le roman peut restituer, par exemple toutes les nuances abstraites de la psychologie humaine, ce qu'un
réalisateur va avoir du mal à faire ressortir à l'écran, à moins de superposer à l'image des passages lus du roman,
témoignant ainsi de la supériorité de ce dernier.
Cf.
Le jugement de Simone de Beauvoir sur les adaptations de romans à l'écran : « l'adaptation d'un roman à
l'écran est presque toujours regrettable.
Le visage d'Emma Bovary est indéfini et multiple, son malheur déborde son
cas particulier ; sur l'écran je vois un visage déterminé, et cela diminue la portée du récit.
»
Ex : les premières adaptations de Frankenstein de Marie Schelley n'ont pu, par manque d'avancée
technologique dans le cinéma, restituer fidèlement la dimension fantastique du roman ( le fantastique paraît
artificiel) : cf.
la première adaptation en 1910, en film muet, par J.
Searle Dawley
2)
Le roman ménage un suspense et une intrigue très développée, souvent
irreprésentable à l'écran.
Les adaptations cinématographiques sont souvent contraintes à des impératifs de durée et de budget, les
empêchant ainsi de transmettre les moindres détails de l'intrigue romanesque.
Le réalisateur doit choisir certains
passages qui lui semblent les plus marquants et en laisser d'autres de côté.
Ce choix influe parfois sur le suspense
de l'œuvre qui apparaît comme amoindri dans l'adaptation.
Ces choix tendent d'ailleurs parfois à trahir le message du
romancier, le réalisateur tendant à s'approprier l'œuvre littéraire afin de lui faire véhiculer un message qui lui est
propre.
Ex :
·
Adaptation du Da Vinci Code très controversée, relevant le défi de représenter en 2h30 les 574 pages
du roman de Dan Brown : l'intrigue perd de son suspense et de sa richesse.
·
Adaptation du roman à succès de Khaled Hosseini, Les Cerfs-Volants de Kaboul, par Marc Forster qui
retrace, à travers le récit d'une amitié brisée, le destin de l'Afghanistan depuis 1979.
Le film a été jugé,
par certains journalistes, comme véhiculant « une vision manichéenne et totalement pro-américaine de
l'histoire, renvoyant dos à dos les communistes et les talibans, vantant les vertus du courage, de la
virilité, et de la réussite sociale.
» (Le Monde)
·
Terence Fisher, pour réaliser Le Chien des Baskerville, dispose d'un petit budget.
Il supprime donc la
scène de poursuite à travers Londres ainsi que le personnage annexe de Laura Lyons.
3)
Le roman stimule l'imagination du lecteur
Le roman, ne représentant les choses que par les mots, tend à stimuler l'imagination du lecteur qui se
représente à sa façon les personnages et les lieux.
L'adaptation à l'écran empêche ce plaisir de la rêverie et de
l'imagination en proposant une image unique et fixe qui parfois provoque la déception chez le spectateur.
C'est
souvent le cas lors d'adaptation de romans fantastiques se déroulant dans des paysages totalement irréels,
appelant des représentations propres à l'imagination particulière de chaque lecteur ( cf.
adaptation du Seigneur des
Anneaux ou de Harry Potter)
II) Les apports de l'adaptation cinématographique
Cependant l'adaptation à l'écran peut apporter au roman et avoir un intérêt non négligeable.
1)
Une sublimation par l'image.
»
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