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THÉOPHILE GAUTIER et l'art du roman

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Méridional transplanté de bonne heure à Paris, THÉOPHILE GAUTIER a pour vocation première la peinture. Sa myopie l'empêche de persévérer dans cette voie. Introduit au Cénacle par Nerval, il se tourne vers la littérature et devient l'un des combattants les plus ardents de la bataille romantique. Mais dès 1831, il commence à se détacher du Cénacle. Laissant les ambitieux faire carrière, il choisit pour lui-même, l'insouciance, la bohème, l'amour désintéressé de l'art. C'est pourquoi en 1834 il vient s'installer rue du Doyenné, auprès de ses amis Nerval, Houssaye, Rogier. En 1836, il se résigne à se faire critique d'art et de théâtre et, bien que ce métier lui pèse, il l'exerce scrupuleusement.

« THÉOPHILE GAUTIER et l'art du roman Méridional transplanté de bonne heure à Paris, THÉOPHILE GA UT IER a pour vocation première la peinture.

Sa myopie l'empêche de persévérer dans cette voie.

Introduit au C énacle par Nerval, il se tourne vers la littérature et devient l'un des combattants les plus ardents de la bataille romantique.

Mais dès 1831, il commence à se détacher du Cénacle.

Laissant les ambitieux faire carrière, il choisit pour lui-même, l'insouciance, la bohème, l'amour désintéressé de l'art.

C'est pourquoi en 1834 il vient s'installer rue du Doyenné, auprès de ses amis Nerval, Houssaye, Rogier.

En 1836, il se résigne à se faire critique d'art et de théâtre et, bien que ce métier lui pèse, il l'exerce scrupuleusement. En 1840, il se rend en Espagne.

Ce voyage exalte son goût des images éclatantes et d'un art essentiellement descriptif.

Ses voyages ultérieurs en Italie, en Grèce, en Turquie, en Russie ne lui laisseront pas des impressions aussi fortes. En même temps que décline la vogue du romantisme lyrique, « le bon T héo » voit s'accroître son prestige littéraire.

Sous le Second Empire, il prend figure de personnage semi-officiel.

Bibliothécaire de la princesse Mathilde, dans le salon de laquelle il joue un rôle important, il bénéficie des faveurs du régime. Pourtant il ne réalisera pas son ambition d'entrer à l'Académie.

Après la chute de l'Empire, il connaît des jours difficiles.

A ce « poète impeccable », à ce « parfait magicien ès lettres françaises», Baudelaire a rendu le plus bel hommage en lui dédiant ses Fleurs du Mal. PRINCIPALES OEUVRES Albertus (1832). C e poème fantastique conte l'histoire d'un jeune peintre qu'une aventure galante entraîne dans un sabbat de sorcières. Les Jeunes-France (1833).

Série de petits « romans goguenards » (tel est le sous-titre), qui relatent les façons de vivre de la jeunesse romantique. Mademoiselle de Maupin (1835) : roman. La Comédie de la Mort (1836).

Ce poème, précédé d'une introduction intitulée Portail, évoque successivement La vie dans la mort et La mort dans la vie.

Il est accompagné de Poésies diverses. Tra los Montes (1843) : récit du voyage de Gautier en Espagne. Espana (1845) est la transposition poétique de ce même voyage. Emaux et Camées (1852). Les pièces de ce recueil sont presque exclusivement constituées de quatrains octosyllabiques.

Elles développent de minces sujets : images parisiennes ou exotiques, petits tableaux de la nature.

En 1857, l'auteur y rajouta comme conclusion la pièce intitulée L'A rt. Le Roman de la momie (1858). C e roman prétend raconter, d'après un papyrus, l'histoire d'une jeune femme, qui aurait été l'épouse de P haraon, et qui aurait régné quelque temps sur l'Égypte. Le Capitaine Fracasse (1863). A ventures d'un gentilhomme gascon entré par amour dans une troupe de comédiens. LE MAITRE DE L'ART POUR L'ART Dès 1832, dans la préface d'A lbertus, Théophile Gautier manifeste son dédain pour l'art utilitaire : « Dès qu'une chose devient utile, elle cesse d'être belle. Elle rentre dans la vie positive ; de poésie, elle devient prose, de libre, esclave.

» En mai 1834, il écrit pour son roman Mademoiselle de Maupin une longue préface, où il se déclare hostile aux effusions sentimentales, à, l'art moralisateur, aux prétentions philosophiques et sociales de la littérature.

En 1857, son poème L'Art fixe une doctrine esthétique exigeante, que bientôt le Parnasse fera sienne : la beauté plastique est la seule chose qui dure; c'est pourquoi l'artiste et plus spécialement le poète doivent rechercher avant tout la perfection formelle; ils auront d'autant plus de mérite à l'atteindre, que la matière sur laquelle ils travaillent, « vers, marbre, onyx, émail », leur aura résisté davantage. Théophile Gautier s'est défini, non sans orgueil, un homme « pour qui le monde extérieur existe ».

Mais cet amateur du réel ne dédaigne pas le fantastique et les symboles, et dans son culte de la beauté il y a une grande part de rêve. Le romantisme n'était pas seulement une doctrine littéraire.

Il impliquait une conception de la vie et presque une philosophie.

L'âme romantique était passionnée, mystique, excessive.

Elle ne s'intéressait au concret que dans la mesure où il flattait son imagination.

Elle accordait bien plus d'importance à la vérité idéale qu'à la réalité positive.

Pourtant la première réaction en faveur d'une littérature plus proche du réel est née du romantisme lui-même, plus exactement de l'une de ses branches, celle que nous avons appelée le romantisme artiste. Les écrivains du « Petit Cénacle », Gautier, Nerval et leurs amis, fidèles à leur culte de la beauté plastique, s'étaient détachés du courant qui entraînait le romantisme vers la philosophie religieuse ou sociale.

Leur centre de ralliement fut pendant quelque temps l'atelier de Jean Duseigneur, rue de V augirard. Puis ils trouvèrent agréable de loger à proximité les uns des autres et c'est ainsi que se constitua rue du Doyenné, dans le charmant quartier du vieux Louvre, une colonie d'écrivains et d'artistes.

En compagnie de leurs « Cydalises », ils menaient une vie de bohème, rêvant d'art et de beauté, indifférents à leur époque et dépassés par elle, « aussi libres, aussi solitaires, écrit Théophile Gautier, que dans une île déserte de l'Océanie ».

En 1 8 3 6 , i l s s e dispersèrent, non sans regrets. La tradition qu'ils avaient représentée et qui sommeillait, reprend force vers 185o.

Dégagée de son excès d'idéalisme et de fantaisie, elle cherche à s'imposer par réaction contre le matérialisme grandissant.

A la formule de l'art pour l'art, depuis longtemps prônée par Théophile Gautier, se rallient Banville, Baudelaire, Flaubert, Bouilhet, Fromentin.

Bien que ces écrivains ne constituent pas à proprement parler un groupe, on a pu parler à leur sujet d'une école de l'art pour l'art.

La publication d'Émaux et Camées de THÉOPHILE GA UT IER est saluée comme l'éclatante manifestation d'une poésie uniquement soucieuse de perfection formelle.

Placé à la direction de la Revue de Paris de 1851 à 1858, Gautier fait servir cette publication à la propagande en faveur de ses idées littéraires.

Mais l'école de l'art pour l'art est bientôt supplantée par un mouvement plus important et nettement hostile au romantisme, le Parnasse. LE TÉMOIN D'UNE ÉPOQUE Dans Les Jeunes-France, il porte un témoignage amusé sur les extravagances de la bohème romantique au milieu de laquelle il vivait.

Son roman Mademoiselle de Maupin analyse, en les situant dans le cadre du XVIIe siècle, les tourments de l'âme moderne. C omme journaliste et critique, il a été mêlé pendant près d'un demi-siècle à toute l'activité littéraire, théâtrale et artistique de son temps.

On a pu reprocher à sa critique un excès de bienveillance, un certain manque de fermeté.

Mais il s'est comporté en témoin intelligent et sensible.

Il a su apprécier le vrai talent, rendre hommage à des esprits aussi différents que Baudelaire et Balzac.

Là encore, il a servi de son mieux ce qui fut sa raison de vivre, la cause de l'art.. »

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