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Stéphane MALLARME (1842-1898) - Prose

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Stéphane MALLARME (1842-1898) - Prose (pour des Esseintes) Hyperbole ! de ma mémoire Triomphalement ne sais-tu Te lever, aujourd'hui grimoire Dans un livre de fer vêtu : Car j'installe, par la science, L'hymne des coeurs spirituels En l'oeuvre de ma patience, Atlas, herbiers et rituels. Nous promenions notre visage (Nous fûmes deux, je le maintiens) Sur maints charmes de paysage, Ô soeur, y comparant les tiens. L'ère d'autorité se trouble Lorsque, sans nul motif, on dit De ce midi que notre double Inconscience approfondit Que, sol des cent iris, son site, Ils savent s'il a bien été, Ne porte pas de nom que cite L'or de la trompette d'Eté. Oui, dans une île que l'air charge De vue et non de visions Toute fleur s'étalait plus large Sans que nous en devisions. Telles, immenses, que chacune Ordinairement se para D'un lucide contour, lacune Qui des jardins la sépara. Gloire du long désir, Idées Tout en moi s'exaltait de voir La famille des iridées Surgir à ce nouveau devoir, Mais cette soeur sensée et tendre Ne porta son regard plus loin Que sourire et, comme à l'entendre J'occupe mon antique soin. Oh ! sache l'Esprit de litige, A cette heure où nous nous taisons, Que de lis multiples la tige Grandissait trop pour nos raisons Et non comme pleure la rive, Quand son jeu monotone ment A vouloir que l'ampleur arrive Parmi mon jeune étonnement D'ouïr tout le ciel et la carte Sans fin attestés sur mes pas, Par le flot même qui s'écarte, Que ce pays n'exista pas. L'enfant abdique son extase Et docte déjà par chemins Elle dit le mot : Anastase ! Né pour d'éternels parchemins, Avant qu'un sépulcre ne rie Sous aucun climat, son aïeul, De porter ce nom : Pulchérie! Caché par le trop grand glaïeul.

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