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Stéphane MALLARME (1842-1898) - Angoisse

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Stéphane MALLARME (1842-1898) - Angoisse Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser : Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts. Car le Vice, rongeant ma native noblesse M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

« Introduction : La vie de Stéphane Mallarmé présente peut d’incidents notables. Consacrée toute entière à la poésie, elle se résume dans le drame secret du poète en proie aux affres de la création, dans les étapes de son œuvre, dans l’évolution de son idéal et de sa technique.

Mallarmé est généralement associé au grand bouleversement de la poésie : le désir d’impersonnalité, la « disparition élocutoire du poète » derrière son œuvre, c’est-à-dire le rêve d’une œuvre qui s’imposerait seule qui se débarrasserait en quelque sorte de son auteur. Toutefois, dans notre poème, Mallarmé se situe encore dans la lignée de Baudelaire, il n’a pas encore développé sa propre théorie de la poésie.

En effet, Baudelaire apporte au jeune Mallarmé une véritable révélation.

Dans notre poème cette influence se dessine nettement même si Mallarmé réserve un traitement personnel au thème de l’angoisse. Projet de lecture : Pourquoi peut-on dire que l’angoisse structure le poème tant du point de vue de la forme que du fond ? De cette façon, on pourra montrer comment à travers ce motif Mallarmé se place sous le signe de Baudelaire tout en se démarquant. I.

Sous le signe de Charles Baudelaire : le spleen Introduction partielle : La poésie de Baudelaire est structurée par deux grands axes : la quête de l’idéal et l’angoisse du spleen.

Ces deux pôles apparaissent dans la poésie de Mallarmé.

Dans notre poème, l’angoisse comme le veut le titre du poème est omniprésente. 1) L’Ennui On peut rappeler les vers d’un poème des Fleurs du Mal : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que l’horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; […] - Et de longs corbillards sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir, Vaincu, pleure et l’Angoisse, atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Mallarmé traite le thème différemment, indirectement si l’on ose dire puisque le poème est centré sur la figure d’une femme ainsi la toute puissance de l’angoisse n’apparaît que progressivement comme en témoigne l’étude de la structure du poème.

Dans le premier quatrain, le poète évoque une femme en repoussant l’idée d’une étreinte physique puis il réclame un « sommeil sans songes » puis dans les deux derniers tercets la transition s’effectue progressivement du besoin du poète de trouver le repos auprès de cette femme à l’emprise de l’angoisse qui culmine dans le dernier sonnet. On relève des procédés similaires à ceux de Baudelaire, la personnification notamment : « le Vice ».

La majuscule du mot « Vice » fait échos à celle du mot « Angoisse » dans le poème que nous venons de citer.

De la même façon l’ennui est un thème qui apparaît dans les deux poèmes « sous l’incurable ennui que verse mon baiser ».

Rien ne peut préserver le poète de l’ennui, pas même le baiser de sa maîtresse.

Le mal est « incurable », il s’impose partout et ne laisse aucun répit au poète.

Ce mal qu’il s’agisse de l’ennui mallarméen ou du spleen baudelairien est intimement lié à l’angoisse de la mort. 2) La présence tentaculaire de la mort Dans le poème de Baudelaire, précédemment cité, la mort apparaît de façon symbolique à travers l’image des « longs corbillards sans tambours ni musique ».

Le chant lexical de la mort est présent dans le poème de Mallarmé, on peut citer « néant », les « morts », puis la « pierre » qui connote l’immobilité et peut rappeler les pierre tombale et enfin le « linceul » et la « peur de mourir ».

La mort apparaît comme la fin ultime, elle n’appelle aucun recours, elle est associée au néant et brise nette toutes les envolées de l’idéal.

Le poète ne chante pas la vie ou l’amour malgré la présence de la femme mais dévoile sa hantise de la mort et avoue son impuissance. Transition : Non seulement le thème du spleen apparaît dans notre poème sous la forme d’une angoisse dévorante mais cette angoisse est en quelque sorte incarnée par une femme à la fois maudite et charnellement désirable, une femme qui ressemble à celles qui parcourent les poèmes des fleurs du mal. II.

La femme sensuelle et maudite. »

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