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Sseu-ma Ts'ien

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Sseu-ma Ts'ien 145-86 av. J.-C. C'est avec raison que l'historien Sseu-ma Ts'ien ( 145-86) a été appelé l'Hérodote de l'extrême-Orient. Il avait d'ailleurs de qui tenir. Son père, Sseu-ma T'an, avait eu le premier l'idée d'écrire une histoire générale de la Chine, et même avait commencé à en rassembler les matériaux. Sseu-ma Ts'ien était originaire de Long-men, près de Lo-yang, au Ho-nan, région qui était le cœur de la vieille Chine. Dès sa jeunesse, il voulut agrandir ses horizons. Comme chez Hérodote, l'historien, en lui, s'appuiera sur le géographe, le géographe sur l'expérience du voyageur. Ce fut au cours de ses voyages qu'il dut copier (et donc sauver pour nous) le texte des inscriptions rupestres que le "César chinois" Ts'in Che-houang-ti avait, cent ans plus tôt, fait graver aux quatre coins de l'Empire. En 111 av. J.-C., le maître de Sseu-ma Ts'ien, l'empereur Han Wou-ti — un des plus grands souverains et conquérants qu'ait comptés la Chine — venait de subjuguer les tribus barbares des confins du Sseu-tch'ouan et du Yun-nan. Sseu-ma Ts'ien fut chargé d'aller inspecter l'établissement de l'administration impériale dans ces régions. Nous savons qu'il poussa jusqu'à Kouon-ming, au Yun-nan. Il visita de même une autre province-frontière, le Kan-sou, tout récemment enlevée aux Huns par l'empereur Han Wou-ti. Dans ces marches extrêmes de la civilisation, Sseu-ma Ts'ien (nouveau trait de ressemblance avec Hérodote) faisait figure d'explorateur. Par-delà la "marche" du Kan-sou conquise, du vivant même de notre auteur, par les légions chinoises, s'étendaient les immensités du Gobi à travers lesquelles — grâce, précisément, à cette même conquête — la "Route de la Soie" allait bientôt mettre en contact la "Sérique" et le monde grec ; au-delà du Yun-nan, pays à cette époque purement allogène, comme au-delà de Canton, définitivement annexé par l'empereur Han Wou-ti, c'était l'Annam-Viêtnam, autre pays "barbare", mais que le grand empereur était en train de rattacher pour plus de dix siècles à l'orbis sinicus. La race chinoise préludait, ici encore, à sa prodigieuse expansion, et notre chroniqueur était là pour noter les prodromes de ce grand mouvement historique.