Devoir de Français

Sarah Bernhardt

Extrait du document

Il n'est pas de nom plus attaché au drame théâtral et à la tragédie classique que celui de Rosine Bernhardt, dite Sarah. Après s'être fait connaître à la Comédie-Française, elle excella au Boulevard, puis fonda son propre théâtre. En 1899, elle prit la direction de l'actuel Théâtre de la Ville et lui donna ses lettres de noblesse en montant l'Aiglon, d'Edmond Rostand, Tosca et La Dame aux camélias de Sardou. Ses interprétations de l'Aiglon, de la Dame aux camélias et de Phèdre sont restées légendaires. On peut la retrouver dans plusieurs documents cinématographiques, notamment La Tosca (1906), Adrienne Lecouvreur (1913) et La Voyante (1923). Tout juste emménagée dans le théâtre dangereusement vaste, qui porte encore son nom, et qu'en l'honneur des représentations imminentes de l' " Aiglon " elle décorait de blanc et tapissait de jaune, par son génie, ses fastes, son talent, son courage, ses erreurs, ses triomphes, ses choix, ses généreuses préférences, ses périples autour de la terre, son mépris de l'obstacle, son défi jeté à la nature, la gloire de son nom imposé jusque dans les paillotes, la cour d'amis, de parasites, de familiers aptes à toutes les besognes, et, se bousculant vers elle, les hommages venus des cinq parties du monde, Mme Sarah Bernhardt, de son Olympe bouton d'or, dominait la scène française.

« Sarah Bernhardt Il n'est pas de nom plus attaché au drame théâtral et à la tragédie classique que celui de Rosine Bernhardt, dite Sarah.

Après s'être fait connaître à la Comédie-Française, elle excella au Boulevard, puis fonda son propre théâtre. En 1899, elle prit la direction de l'actuel Théâtre de la Ville et lui donna ses lettres de noblesse en montant l'Aiglon, d'Edmond Rostand, Tosca et La Dame aux camélias de Sardou.

Ses interprétations de l'Aiglon, de la Dame aux camélias et de Phèdre sont restées légendaires.

On peut la retrouver dans plusieurs documents cinématographiques, notamment La Tosca (1906), Adrienne Lecouvreur (1913) et La Voyante (1923). Tout juste emménagée dans le théâtre dangereusement vaste, qui porte encore son nom, et qu'en l'honneur des représentations imminentes de l' " Aiglon " elle décorait de blanc et tapissait de jaune, par son génie, ses fastes, son talent, son courage, ses erreurs, ses triomphes, ses choix, ses généreuses préférences, ses périples autour de la terre, son mépris de l'obstacle, son défi jeté à la nature, la gloire de son nom imposé jusque dans les paillotes, la cour d'amis, de parasites, de familiers aptes à toutes les besognes, et, se bousculant vers elle, les hommages venus des cinq parties du monde, Mme Sarah Bernhardt, de son Olympe bouton d'or, dominait la scène française. Elle frôlait alors la soixantaine, mais les beautés qu'elle avait reçues à la naissance n'étaient point de celles que l'âge altère gravement. D'abord, vit-on jamais des yeux plus admirables que les siens ? Je ne puis le croire.

Non point immenses, bien au contraire, ni frangés de cils épais, mais au milieu de leur fente oblique, l'iris bleu sombre, large et tacheté de points d'or, montrait l'éclat insolite et profond qu'on ne voit qu'aux dures pierres précieuses. Un nez aquilin descendait pur et vigoureux sur la grande bouche.

Les dents étaient fortes, régulières Un menton bien formé donnait son équilibre au visage étroit et long ; la chevelure blonde, épaisse, animale, ombrait un petit front de bélier têtu De taille moyenne, se riant de la mode, tandis que nos élégantes étouffaient dans les corsets et les baleinages, elle escamotait son alourdissement sous des robes souples et droites.

Elle avait la main petite, hélas ! déjà renflée aux jointures, le pied vif, la jambe parfaite dans le maillot noir d'Hamlet ou la culotte blanche du Duc de Reichstadt.

Son abord était d'une grâce et d'une douceur que permet seule une effrayante indifférence alliée au goût de séduire. Elle nourrissait en effet l'une et l'autre de ces dispositions.

Néanmoins, il arrivait que soudain le visiteur, le familier, ou l'ami, lui causât de l'irritation.

Alors l'œil bleu dardait une courte flamme et la férocité naturelle de cette panthère apprivoisée se libérait en insolences dont la première, rituelle, consistait à écorcher de façon burlesque et insistante le nom de la victime interloquée. Je crains que cette description exacte ne serve à peu de chose, puisqu'elle ne livre aucunement le secret de la fascination que, même éteints les feux de la rampe, chacun subissait en approchant cette Majesté.

Pourtant, rien de chaud ni de charnel ne lui assurait ses captures.

Son prestige naissait d'une singularité éclatante : celle des œuvres d'art sans pareilles, des îles où croissent les fleurs étranges. Finalement, ses pouvoirs, ne les devait-elle pas simplement à la force de son caractère et de son génie ? A ceux non pas qu'elle aimait (hormis son fils, qui donc s'empara jamais de son cœur et de ses pensées ?), mais dont les talents ou le dévouement lui donnaient du plaisir, sa gentillesse prodiguait des égards et des générosités extrêmes.

Royale dans ses attitudes, l'on ne recevait d'elle aucune lettre décorée d'un timbre, mais des enveloppes remises par courrier en main propre.

Et cela non seulement de Paris, mais de Londres, de Vienne ou de Berlin. Tendrement lié à sa mère, ne laissant jamais passer un soir ou un matin sans la serrer dans ses bras, Maurice l'admirait, mais comprenait-il le chef-d'œuvre mortel que signifiait le passage sur la terre de cette demi-déesse ? Attachements éperdus, tendresses à jamais données, admirations fanatiques ne surprenaient guère la créature géniale qui les inspirait.

Sans doute les voyait-elle à peine, consacrée, telles les nonnes, au culte divin, à ce carré de planches où l'on dresse d'heure en heure de nouveaux palais et d'autres paysages. Là se déroulait sa vie véritable, et non point entre nos murs et sous nos plafonds monotones. Que penserions-nous d'elle aujourd'hui ? m'est-il souvent demandé, par irréflexion je pense, comme si la démesure ne s'imposait pas à quelque moment qu'elle apparaisse. Les dons qui nourrissaient son art possédaient un charme surprenant. Sa voix frappait par une tonalité singulièrement haute.

Particularité qui semblait toute extérieure alors qu'elle possédait une vertu unique : celle de vider l'existence de son poids quotidien de l'exhausser jusqu'à la poésie.

Mais, sur le plan hautain où cette souveraine installait le drame, la justesse de l'accent n'était jamais sacrifiée.

Alors que. »

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