Sappho
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Notre Sappho. La mal connue non inconnue parce que lesbienne. J'entends le mot à ses deux sens. Dans les deux sens aussi ils l'ont tirée, savants et saphistes. Une belle proie : "huitième Sage" et "dixième Muse", musicienne, danseuse, poète...
Poète, Catulle, Ovide, Théocrite la copient ; Belleau, Boileau la mettent en rythme et en vers ; Racine lui prend les cris de Phèdre. Baudelaire et Lamartine la reconnaissent. Ils ne l'arrachent pas au bras séculaire de l'érudition et du moralisme qui dressent entre elle et le public les murs du mot à mot et de la peur des mots.
Renée Vivien et les "amies" l'adorent : Notre-Dame de Lesbos toujours vierge !
Sappho brûlée en œuvres par l'Église, étranglée dans les rubans de qualité délicate, ravissante, charmeuse est défigurée, ou transfigurée. Courtisane au nom hué des comiques d'Athènes ? Hypostase d'Aphrodite ? Patronne mystique des pythagoriciens ? Suicidée pour l'amour d'un matelot ou pour celui d'Apollon ? ou simplement, sagement morte entre sa fille et ses amis ?