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Salvatore Quasimodo

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Salvatore Quasimodo 1901-1968 Lorsque, pendant la guerre, fut publié Ed è subito sera — recueil qui contient toute la production poétique de Quasimodo depuis ses débuts jusqu'à 1942 — le mouvement qui groupait certains poètes et critiques sous la bannière de “ l'hermétisme ” touchait à son terme. Il n'est certes pas facile d'indiquer brièvement — et il n'y a pas lieu de le faire ici — ce qu'a été l'hermétisme, qui s'apparente à certains égards au mouvement surréaliste européen. Beaucoup lui reprochèrent à l'époque l'obscurité excessive de ses tendances théoriques et de son programme ; aujourd'hui, on lui reproche surtout d'avoir systématiquement tenu la poésie à l'écart des exigences de la vie et de l'histoire. Il n'en demeure pas moins qu'autour de l'hermétisme ou dans son voisinage immédiat gravitèrent la plupart des poètes italiens les plus marquants du XXe siècle. Le rôle de Quasimodo dans ce mouvement est un rôle de tout premier plan, encore qu'il soit difficile de déterminer si le poète a véritablement fait oeuvre de pionnier ou si, au contraire, il a été l'un des premiers et plus efficaces interprètes et, pourrait-on dire, divulgateurs de l'hermétisme. En feuilletant les pages de Ed è subito sera, il arrive en effet au lecteur de glaner çà et là certaines réminiscences de poètes de la même époque que Quasimodo, ou à peine plus anciens, comme Ungaretti et Montale. Ces réminiscences toutefois sont plus sensibles sur le plan du fond que sur celui de la forme, où Quasimodo a incontestablement développé dès le début une ligne et une expérience strictement autonomes. C'est précisément dans le sens de la forme, du style et du “ goût ” poétique qu'il convient peut-être de chercher la personnalité la plus authentique de Quasimodo et les raisons de sa prodigieuse influence.

« Salvatore Quasimodo 1901-1968 Lorsque, pendant la guerre, fut publié Ed è subito sera — recueil qui contient toute la production poétique de Quasimodo depuis ses débuts jusqu'à 1942 — le mouvement qui groupait certains poètes et critiques sous la bannière de "l'hermétisme" touchait à son terme.

Il n'est certes pas facile d'indiquer brièvement — et il n'y a pas lieu de le faire ici — ce qu'a été l'hermétisme, qui s'apparente à certains égards au mouvement surréaliste européen. Beaucoup lui reprochèrent à l'époque l'obscurité excessive de ses tendances théoriques et de son programme ; aujourd'hui, on lui reproche surtout d'avoir systématiquement tenu la poésie à l'écart des exigences de la vie et de l'histoire.

Il n'en demeure pas moins qu'autour de l'hermétisme ou dans son voisinage immédiat gravitèrent la plupart des poètes italiens les plus marquants du XXe siècle.

Le rôle de Quasimodo dans ce mouvement est un rôle de tout premier plan, encore qu'il soit difficile de déterminer si le poète a véritablement fait oeuvre de pionnier ou si, au contraire, il a été l'un des premiers et plus efficaces interprètes et, pourrait-on dire, divulgateurs de l'hermétisme. En feuilletant les pages de Ed è subito sera, il arrive en effet au lecteur de glaner çà et là certaines réminiscences de poètes de la même époque que Quasimodo, ou à peine plus anciens, comme Ungaretti et Montale.

Ces réminiscences toutefois sont plus sensibles sur le plan du fond que sur celui de la forme, où Quasimodo a incontestablement développé dès le début une ligne et une expérience strictement autonomes.

C'est précisément dans le sens de la forme, du style et du "goût" poétique qu'il convient peut-être de chercher la personnalité la plus authentique de Quasimodo et les raisons de sa prodigieuse influence. A peu près à la même époque que Ed è subito sera, fut publiée l'édition définitive des traductions que Quasimodo avait faites des Lyriques grecs.

Il n'est pas exagéré d'affirmer que l'importance et l'autorité de cet ouvrage furent égales, sinon supérieures, à celles de Ed è subito sera : constatation qui viendrait à l'appui de la thèse énoncée plus haut.

Il faut ajouter, bien entendu, que la découverte par Quasimodo du langage "essentiel" des lyriques grecs, le fait qu'il ait su restituer en les faisant siens le rythme intérieur du fragment et la lumineuse simplicité de leurs accents expliquent à leur tour bien des aspects de l'activité directement créatrice de Quasimodo. Les recueils poétiques de Quasimodo parus après la guerre nous révèlent un Quasimodo en plein travail de rénovation, voire de réaction polémique contre la poésie italienne des années 1930-1940, et, partant, contre sa propre poésie.

Placée en contact étroit avec les grands thèmes de la douleur, des massacres, de la Résistance, la poésie de Quasimodo devient plus immédiate, plus dépouillée, plus expressive ; et, dans la composition même des oeuvres poétiques, les thèmes idéaux et les figures de la réalité prennent une intensité nouvelle, se font plus aisément reconnaissables.

Giorno dopo giorno (1947) renferme les poèmes les plus dramatiques et les plus typiques de cette nouvelle période de la poésie de Quasimodo et, à mon sens, quelques-unes des productions les plus valables et les plus sincères de son oeuvre tout entière.

Les recueils suivants comptent, eux aussi, nombre de poèmes dignes d'intérêt ; mais on a l'impression que l'ardeur poétique de Quasimodo s'est assagie, que son lyrisme communicatif a cédé le pas à l'exercice quelque peu abstrait d'une virtuosité stylistique toujours aussi étincelante, aussi prestigieuse.. »

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