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René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Les vaines tendresses) - L'amour maternel

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René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Les vaines tendresses) - L'amour maternel à Maurice Chevrier Fait d'héroïsme et de clémence, Présent toujours au moindre appel, Qui de nous peut dire où commence, Où finit l'amour maternel ? Il n'attend pas qu'on le mérite, Il plane en deuil sur les ingrats ; Lorsque le père déshérite, La mère laisse ouverts ses bras ; Son crédule dévoûment reste Quand les plus vrais nous ont menti, Si téméraire et si modeste Qu'il s'ignore et n'est pas senti. Pour nous suivre il monte ou s'abîme, A nos revers toujours égal, Ou si profond ou si sublime Que, sans maître, il est sans rival : Est-il de retraite plus douce Qu'un sein de mère, et quel abri Recueille avec moins de secousse Un coeur fragile endolori ? Quel est l'ami qui sans colère Se voit pour d'autres négligé ? Qu'on méconnaît sans lui déplaire, Si bon qu'il n'en soit affligé ? Quel ami dans un précipice Nous joint sans espoir de retour, Et ne sent quelque sacrifice Où la mère ne sent qu'amour ? Lequel n'espère un avantage Des échanges de l'amitié ? Que de fois la mère partage Et ne garde pas sa moitié ! Ô mère, unique Danaïde Dont le zèle soit sans déclin, Et qui, sans maudire le vide, Y penche un grand coeur toujours plein !

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