Pourquoi appelle-t-on Voltaire « l'auteur de Candide » ?
Extrait du document
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Introduction :
a) La production littéraire de Voltaire ayant été considérable,
b) n'est-il pas étonnant qu'on le désigne souvent comme l'auteur d'un conte qu'il aurait peut-être désavoué lui-même comme tant d'autres de ses
romans ?
c) C'est pourtant un fait que Candide est aujourd'hui l'oeuvre de Voltaire la plus connue et la plus admirée.
Quelles en sont les raisons ?
I — « Candide » parmi les grandes oeuvres :
Que faut-il penser des « grandes oeuvres » de Voltaire ? Une partie de leur influence et de leur intérêt était due à l'actualité — par exemple le Traité
sur la Tolérance, inspiré par l'affaire Calas.
De plus, la partialité de Voltaire est peu compatible avec des oeuvres prétendues sérieuses.
Ses
tragédies nous paraissent froides et ses ouvrages historiques n'ont pas encore les qualités d'un historien impartial et scientifique.
Au contraire, Candide apparaît comme un ouvrage à la fois représentatif de ses idées et de sa manière, sans que jamais on y puisse faire grief à
Voltaire de ses faiblesses, puisque, dans ce conte, en apparence sans prétention, les défauts même de l'auteur (rire avant tout) le servent autant
que ses qualités.
II — Le fond :
Sans doute Voltaire n'a pas inventé le conte philosophique (voir Fénelon, Montesquieu, Swift et bien d'autres...) mais Candide est, malgré les
apparences une « somme philosophique » où Voltaire exprime :
a) des idées qui lui sont chères (protestations contre la guerre, l'inquisition, les erreurs de justice, les préjugés nobiliaires, l'intolérance religieuse...);
b) des problèmes permanents et de graves questions : faut-il être optimiste ? Que valent les systèmes devant les faits dont une véritable avalanche
prouve l'absurdité ? A quoi bon les grandeurs de ce monde (le Souper de Venise) — l'homme n'est-il pas sans cesse dupe de ses théories
(Pangloss), ou de ses illusions (Candide) ou de ses préjugés (le jésuite Baron) ?
c) une sorte d'idéal de sagesse modérée et prudente qui invite non à l'égoïsme mais à l'action et à la soumission lucide (Travaillons notre
jardin);
d) le résultat de toute une série d'expériences personnelles qui, malgré leur amertume, ne désespèrent pas entièrement — Voltaire y trace un sombre
tableau de la condition humaine : victimes d'eux-mêmes et de la vie, les personnages sont à la fin désenchantés, mais ils essayent de s'organiser
dans leur malheur même, en s'y résignant.
C'est ce que va faire Voltaire à Ferney.
III.
— La forme :
Elle caractérise à la fois l'art, la méthode et même les préoccupations morales de Voltaire :
a) sans doute il y a des pages un peu lestes, mais assez rares, et dans le goût du temps;
b) Voltaire a l'art de persuader; il laisse parler les faits sans avoir l'air d'intervenir, nous laissant libres de conclure;
c) il sait aussi amuser, par un mélange de fantaisie et de vérité qui, dans les cadres les plus variés, réels ou imaginaires (Eldorado) promène le
lecteur, sans le lasser, d'aventures en aventures, les unes fondées et précises, les autres invraisemblables;
d) caricaturiste de génie, en traits bien choisis il brosse des silhouettes incarnant des idées ou des sentiments (Pangloss);
e) il manie a la perfection la démonstration par l'absurde qui enchaîne une conséquence imprévue, mais convaincante, et surtout l'ironie qui crée
des effets plaisants, le tout dans un style à la fois clair, dépouillé et étincelant de verve.
Conclusion :
Tous ces effets sont d'une vie intense, et reflètent le parti pris de Voltaire de rire des choses les plus sérieuses, car s'attrister ne servirait à rien.
Voltaire est, dit-on, un « pessimiste gai ».
Où l'est-il mieux que dans Candide ?.
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