Devoir de Français

Photographier, c'est conférer de l'importance, écrit Susan Sontag dans sur la Photographie (1983). Susan Sontag a-t-elle raison aujourd'hui ?

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L'album de photos devient une solution de substitution, qui remplace l'expérience du monde par sa représentation informative. À tel point que la photographie est trafiquée à des fins politiques : rien n'empêche que l'on fasse disparaître d'un cliché tel ou tel personnage dont l'Histoire veut se débarrasser. Pensons à certains sinistres trucages des dictatures. L'on peut y ajouter les images subliminales qui stimulent le cerveau sans que l'oeil même s'en rende compte. Mais comme le disait Lewis Hine : «Ne méprisons pas l'appareil photographique, même si la photographie malhonnête existe. » On a effectivement voulu trop attendre de la photo, la considérer comme une fin en soi, comme un garant d'authenticité, s'attendre à ce qu'elle donne la clef des événements par un message absolu. Or, peu de photographies peuvent prétendre à cette qualité, et il faudrait avant tout reconsidérer la photo dans ce qu'elle a d'artistique, donc de subjectif. Rien n'empêche d'ailleurs la publicité de choisir des photos de qualité pour commercialiser un produit. Les Galeries Lafayette ont ainsi promu leur rayon lingerie au moyen de photographies de Jonvelle. L'originalité est sans doute un critère à retenir, pour éviter le énième coucher de soleil sur la mer et lui préférer tel rayon réfracté sur un corps mi-femme mi-rocher de L.

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