Pedro Calderón de la Barca
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Pedro Calderón de la Barca
Pedro Calderón de la Barca naquit à Madrid dans une famille de souche paysanne et castillane, dirigée
autoritairement par un père fonctionnaire.
Il utilisera dans certaines de ses pièces l'expérience de la pauvreté qu'il
connut dans son enfance.
En 1614, il entra à l'université d'Alcala et suivit l'année suivante des études d'art et de
droit à Salamanque.
Dès 1623, il écrivit ses premières pièces pour le roi Philippe IV, entamant une brillante carrière à
la cour.
Il devint rapidement l'écrivain le plus prisé du palais, excellant dans les " autos sacramentales ", drames
religieux inspirés de la vie des saints.
Ces pièces allégoriques de plus de mille vers étaient présentées le jour de la
Fête-Dieu dans les villes et les villages.
Ainsi, La vie est un songe illustrait l'importance de choisir le bon chemin,
entre la raison libératrice et les passions enchaînantes.
Dans cet auto, il présentait la vie comme un rêve.
Après la
mort du dramaturge Lope de Vega, Calderón devint la figure dominante du théâtre espagnol.
En 1636, il fut ordonné
chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Jacques et servit dans la cavalerie de 1640 à 1642 avant d'être réformé.
A
cinquante et un ans, il entra dans les ordres et fit le vœu de ne plus écrire pour la scène populaire.
Toutefois, il
continua à la demande du roi de composer des pièces pour le théâtre de cour, de petits opéras au répertoire musical
et dansant.
Nommé aumônier du roi en 1666, Calderón mourut à Madrid quinze ans plus tard.
Dans son panthéon de l'Escurial, Philippe II commence à peine à se décomposer, lorsque Pedro Calderón de la Barca
naît à Madrid avec le XVIIe siècle, d'une famille de vieux chrétiens originaire de la Montagne de Santander.
Lope de Vega est dans toute sa gloire.
Il touche à peine à la quarantaine, et sa grâce impertinente, sa pyrotechnie
verbale, sa monstrueuse fécondité et ses turbulentes amours défraient la chronique et drainent vers les théâtres
primitifs une foule enthousiaste et ébaubie.
Et cependant, le siècle de l'art baroque ne sera pas sous le signe de Lope, picaresque et frémissant.
Il sera dominé
par la haute et silencieuse figure de Calderón dont la plume réfléchie créera un monde de symboles qu'elle ornera de
fulgurantes images.
Pas d'anecdotes dans sa vie.
Une âme repliée sur elle-même qui a pesé avec dédain les gloires éphémères et entend
ne pas en être dupe.
L'homme est désabusé avant d'avoir vécu, mais sans amertume puisque aussi bien il n'attend
rien des vertus de l'enthousiasme qui lui sont déniées.
Moi, seigneur et roi de moi-même,
J'habite seul avec moi-même
Et suis heureux seul avec moi.
Il fait ses humanités chez les Jésuites de la capitale, cède à peine au romantisme des années juvéniles, devient
soldat, guerroie en Catalogne avec valeur mais sans panache, rentre dans le privé aussi discrètement qu'il en était
sorti.
Ses amours n'ont jamais défrayé la chronique.
On sait que, d'une intrigue passagère, il eut un enfant dont il
prit soin et qu'il appelait son neveu jusqu'au jour où, au plein de son âge, il entre dans les ordres et a le tranquille
courage de l'avouer comme son fils.
Ce méditatif ne fuit pas le monde mais ne se laisse pas entamer par lui.
Lope disparu, il devient le poète de la cour,
imagine pour elle des divertissements à grand spectacle, de somptueuses allégories.
Chapelain honoraire du roi
Philippe IV, il propose à l'admiration de ses contemporains les fresques chargées de couleurs et de symboles de ses "
actes sacramentels ".
Quand il meurt, en 1681, la muse du théâtre espagnol descend avec lui dans la tombe et y dormirait encore si, de
nos jours, le génie de Federico García Lorca ne l'avait fugitivement ressuscitée.
Son œuvre est relativement restreinte dans une époque de production intense : cent onze comedias (douze fois
moins que son grand rival), soixante-dix autos sacramentels, genre qu'il porte à sa perfection et dans lequel il est
inégalable.
Les thèmes qu'il développe dans son théâtre profane sont de plain-pied avec les sentiments de son temps :
exaltation de l'honneur personnel dont les épouses ont la garde intransigeante et sans faiblesse, attachement
aveugle au souverain, esprit chevaleresque, foi catholique que rien ne trouble ni n'entame c'est à coup sûr que
Calderón fait agir les ressorts spirituels et moraux de sa patrie et de son siècle.
S'il ne tente pas d'innover dans la comédie de mœurs, dite de capa y espada, il y apporte, comme malgré lui, des
éléments nouveaux, caractéristiques de la littérature baroque dont il est le meilleur tenant.
L'accumulation des
épisodes, le dualisme de l'action, l'invention spontanée, le mélange constant du lyrisme et du dramatisme se
trouvaient déjà dans Lope, et Calderón n'avait qu'à se souvenir.
Mais il y ajoute un dynamisme inconnu jusqu'alors,
une mobilité dans l'action et dans les personnages qui accentue encore cette frénésie lopesque qui semblait
insurpassable, un équilibre d'apparence instable mais jamais rompu.
Nul ne souligne mieux que lui le contraste entre les personnages et les actions qu'ils exécutent ; nul ne centre plus.
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